Rhonda Fleming

Surnommée «la reine du technicolor» par sa chevelure de feu et ses prunelles de jade, l’actrice américaine Rhonda Fleming a fait chavirer plus d’un cœur, et pas seulement au cinéma. Née Marilyn Louis, elle naît le 10 août 1923, à Los Angeles en Californie. Sur les traces de sa mère, elle envisage d’embrasser une carrière artistique et débute dans un spectacle musical à Broadway. Elle fait ses premières armes au cinéma comme danseuse aux côtés de John Wayne dans le western de Albert S. Rogell «La ruée sanglante» (1943). Rebaptisée du nom plus hollywoodien de Rhonda Fleming par David O. Selznick, elle se révèle dans le film policier de Alfred Hitchcock, «La maison du docteur Edwardes» (1945), entourée de Gregory Peck et Ingrid Bergman, puis dans «La griffe du passé» (1947) de Jacques Tourneur, auprès de Robert Mitchum et Kirk Douglas. Sa carrière est lancée. Caracolant dans tous les genres, Rhonda Fleming enchaîne les tournages et les rôles de séductrice. Dans la comédie musicale de Tay Garnett, «Un yankee à la cour du roi Arthur» (1948), elle campe la nièce du roi dont Bing Crosby tombe amoureux. «L’aigle et le vautour» et «Le dernier bastion» (1950) de Lewis R. Foster, ou encore «La belle aux cheveux roux» (1950) de Leslie Fenton, sont autant de westerns qui la mettent en vedette.

Princesse égyptienne dans «La danse interdite» (1951) de Frédérick De Cordova, elle exécute une suggestive danse du ventre. L’actrice déploie son talent dans maints films d’aventure. Son réalisateur fétiche, Lewis R. Foster, la dirige dans «L’or de la Nouvelle Guinée» (1951) avec John Payne, puis dans «Hong Kong» (1951) et «Sous les tropiques» (1952) aux côtés de Ronald Reagan. Capitaine Rouge dans «Le faucon d’or» (1952) de Sidney Salkow, Rhonda Fleming renonce à sa flamboyante chevelure pour incarner une sensuelle Cléopâtre dans le péplum de William Castle «Le serpent du Nil» (1953), face à Raymond Burr en Marc Antoine. Puis se pare des atours de la légendaire reine Sémiramis dans «La courtisane de Babylone» (1954) de Carlo Ludovico Bragaglia. Fritz Lang la met aux prises avec un tueur en série dans son film noir «La cinquième victime» (1956), avec pour partenaires Dana Andrews et George Sanders. Et point d’orgue de sa féconde carrière, l’actrice irradie entre Kirk Douglas et Burt Lancaster dans le western mythique de John Sturges «Règlements de comptes à O.K. Corral» (1957).

Le passage du noir et blanc à la couleur propulse Rhonda Fleming dans un tourbillon de tournages. « Tout à coup, mes yeux verts étaient verts, mes cheveux roux étaient roux, ma peau était porcelaine. L’attention s’est soudainement portée sur mon physique et non plus sur ma façon de jouer», dira-t-elle avec un brin d’amertume. Car, en dépit d’une filmographie des plus enviables jusqu’à la fin des années 1950, Rhonda Fleming n’a pas la notoriété de rivales nommées Ava Gardner, Rita Hayworth ou Lana Turner. Le cinéma se déprend peu à peu de son égérie que la télévision courtise à son tour. Si elle tourne avec Mervyn LeRoy pour «Retour avant la nuit» (1958) et si le péplum de Nunzio Malasomma «La révolte des esclaves» (1960) la nimbe encore en jeune chrétienne dans la Rome antique, elle se fait ensuite plus rare et met fin à sa carrière avec une parodie de James Bond «Le plus secret des agents secrets» (1980) de Clive Donner. Croqueuse d’hommes, Rhonda Fleming a eu six maris, dont le premier lui a donné un fils. Elle décède à l’âge de 97 ans le 14 octobre 2020. Après s’être investie ardemment dans des fondations humanitaires. Et avoir vécu elle-même «une histoire rare et merveilleuse de Cendrillon».

© Isabelle MICHEL