Fritz Lang

Enfant d’une grande famille bourgeoise juive, Friedrich Christian Anton Lang voit le jour le 5 décembre 1890, à Vienne, sous le règne de François-Joseph 1er. Après des études de peinture et d’architecture, il découvre le monde au cours d’un long voyage initiatique. En 1914, le jeune Fritz est mobilisé et combat vaillamment pendant la Première Guerre mondiale. Blessé, il perd un œil, et profite de sa convalescence pour écrire ses premiers scénarii.

En 1917, Fritz Lang joue dans deux films de Joe May, dont il a écrit le scénario. Deux ans plus tard, la qualité de ses écrits, son immense culture et ses qualités artistiques incitent le producteur Erich Pommer à lui confier ses premières réalisations. Il partage sa passion pour l’écriture avec sa femme Thea von Harbou, épousée en 1922, et réalise quelques uns des plus grands films expressionnistes de la période du cinéma muet allemand. Parmi ses œuvres majeures nous pouvons citer: «Les trois lumières» (1921) avec Bernhardt Goetzke; «Le docteur Mabuse» (1922) avec Lil Dagover; «les Nibelungen» (1924) avec Paul Richer. Mais surtout le magnifique conte fantastique «Metropolis» (1926) avec Brigitte Helm, pièce maîtresse de son œuvre.

En 1930, Lang réalise le cultissime «M. le maudit» avec Peter Lorre dans un rôle d’odieux criminel. Cette réalisation est un portrait très réaliste de l’Allemagne pré-nazie. En 1932, Joseph Goebbels lui propose de devenir le réalisateur officiel du régime National Socialiste. Fritz refuse, se sépare de Thea von Harbou et s’enfuit vers la France. Il y réalise «Liliom» avec Charles Boyer, puis, devant la menace hitlérienne, il rejoint les Etats-Unis. Dès 1934, il commence sa carrière Hollywoodienne. Les plus grandes réalisations de cette période sont: «Furie» (1936) avec Spencer Tracy, où il aborde le lourd sujet du lynchage; «J’ai le droit de vivre» (1936), l’histoire d’un condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis avec Henry Fonda et Sylvia Sidney; «Les bourreaux meurent aussi» (1943), chef d’œuvre sur la résistance tchèque pendant la guerre avec Brian Donlevy.

Après la Seconde Guerre mondiale, Fritz Lang connaît un passage à vide et tourne des films de commande, faciles et commerciaux. Sa créativité est cependant bridée par la pression des studios. Malgré tout, il tire son épingle du jeu et confirme son génie créateur dans ses réalisations des années cinquante, notamment avec «L’ange des maudits» (1951), un western interprété par Marlene Dietrich; «Le démon s’éveille la nuit» (1952), un film noir avec Barbara Stanwyck; «Règlement de comptes» (1953), un thriller avec Glenn Ford et «Les contrebandiers de Moonfleet » (1955), film d’aventures avec Stewart Granger.

De retour en Allemagne, en 1958, Fritz Lang réalise de nouvelles versions de ses anciens succès du cinéma muet. Il s’attaque tout d’abord aux deux volets du «Tombeau hindou», en 1958 ; puis, en 1960 : «Les mille yeux du docteur Mabuse» avec Peter van Eyck. Ce sera son film testament. En 1963, le cinéma germanique l’honore pour l’ensemble de sa carrière. L’année suivante, il apparaît aux cotés de Brigitte Bardot dans «Le mépris» de Jean-Luc Godard, puis disparaît de la vie publique. Le 2 août 1976, Fritz Lang meurt à Beverly Hills des suites d’une longue maladie.

© Philippe PELLETIER