Jean Renoir

Jean Renoir naît le 15 septembre 1894, rue Girardon, tout en haut de la butte Montmartre à Paris. Son père Pierre Auguste Renoir a dépassé la cinquantaine. Sa mère Aline Charigot, modèle puis épouse du peintre impressionniste, est âgé de trente-deux ans. Le couple a déjà un enfant, Pierre, né neuf ans plus tôt. Un troisième garçon, Claude viendra compléter la famille en 1901. Jean passe son enfance à Paris et à Essoyes en Champagne, village natale de Madame Renoir. Il sert souvent, à son tour, de modèle à son illustre père. Après ses études secondaires et son baccalauréat Jean prépare une école d’officier. La guerre de 1914-1918 lui fait découvrir les plus terribles aspects du métier des armes. D’abord chasseur à pied, il est ensuite muté dans une formation équipée d’aéronefs. Blessé, il passe son congé de convalescence à Cagnes, sur la côte d’Azur, où il fait la connaissance d’Andrée Heuschling qui pose à l’occasion pour Renoir père. Jean épouse la jeune fille en 1920. Elle lui donne un petit garçon Alain, un an plus tard.

Après la guerre, Jean et son frère cadet Claude s’adonnent à la céramique. Puis Jean Renoir décide de faire du cinéma. D’abord assistant de Albert Dieudonné pour «Catherine» (1924) où il met en scène et donne la réplique à Catherine Hessling, nom de scène de son épouse, il interprète ensuite, réalise voire produit et imagine la décoration d’une dizaine de films muets au sujets très variés. Dans les années trente il filme des œuvres exceptionnelles dont l’esthétisme va le plus souvent de paire avec un engagement social et politique. Quel dommage de ne pouvoir citer tous les chefs d’œuvre de cette époque! Michel Simon est l’un de ses acteurs fétiches dans «La chienne» (1931) et «Boudu sauvé des eaux» (1932) où il campe un clochard iconoclaste. Mais Jean filme aussi son frère Pierre Renoir en Commissaire Maigret dans «Le crime de monsieur Lange» (1935) avec Jules Berry. Pour «La vie est à nous» (1935) le cinéaste se fait le précurseur du «Front Populaire». Et puis en 1936, il y a la très jolie «Partie de campagne» et «Les bas-fonds» avec Louis Jouvet et Jean Gabin. Ce dernier est le lieutenant Maréchal, face à l’aristocratique Pierre Fresnay et son alter ego prussien Erich von Stroheim, mais également Marcel Dalio, dans l’un des plus beaux films jamais réalisé sur la guerre «La grande illusion» (1937). L’œuvre pourtant particulièrement pacifiste est primée par l’Italie de Mussolini, tant les valeurs qu’elle représente sont universelles. Quel cinéma!

À la veille de l’invasion allemande Jean Renoir commence le tournage en Italie de «Tosca» avec Imperio Argentina et Michel Simon. Puis en novembre 1940, il juge qu’il ne peut rester en France et s’embarque pour les USA avec sa nouvelle compagne Dido Freire qu’il épouse en 1944. La même année, il est naturalisé nord-américain tandis que son fils Alain qui a fait la guerre sous l’uniforme de l’US Army, s’installe définitivement Outre-Atlantique. Pendant sa période hollywoodienne, il tourne notamment «Vivre libre » (1943) avec Charles Laughton et «Une femme sur la plage» (1947) avec Joan Bennett.

Jean Renoir retrouve l’Europe au début des années cinquante pour «Le carrosse d’or» (1952) tourné à Cinecittà avec Anna Magnani. Dans son dernier long métrage, il reprend un thème qui lui est cher: les prisonniers de guerre du «Caporal épinglé» (1962). Puis il écrit ses mémoires. Il s’éteint le 12 février 1979 aux États-Unis mais ses restes reposent en France, dans le caveau familial d’Essoyes.

© Caroline HANOTTE