Charles Laughton

Charles Laughton voit le jour le 1er juillet 1899, dans le petit port de Scarborough, dans le Yorkshire Nord. Ses parents, Robert Laughton et Eliza (née Conlon), sont hôteliers. Sa mère, fervente catholique d’origine irlandaise, lui fait suivre sa scolarité au Scarborough College, avant l’envoyer au Stonyhurst College, une école jésuite anglaise. Pendant la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il est gazé, il sert d'abord dans le bataillon cycliste de Huntingdonshire, puis dans le régiment d’infanterie du Northamptonshire. Dans les années vingt, le jeune homme étudie l’Art dramatique à l’Académie Royale et devient rapidement tête d’affiche dans les théâtres du West End de Londres.

En 1928, Charles Laughton tourne un premier film «Blue bottle» avec celle qui va devenir la seule femme de sa vie: Elsa Lanchester. Notons que sa bisexualité a été corroborée par plusieurs de ses contemporains. Il enchaîne avec des productions britanniques mineures. En 1931, il part pour les Etats-Unis et triomphe sur les scènes de Broadway. Dans la foulée, le comédien signe un contrat avec la Paramount. Ses débuts à Hollywood s’avèrent discrets mais il est rapidement remarqué par Cecil B. DeMille, qui lui offre le rôle de l’Empereur Néron dans «Le signe de la croix» (1932) auprès de Claudette Colbert et Elissa Landi. Le film est un immense succès et Charles Laughton devient la star incontournable des films historiques des années trente. L’année suivante, il obtient un Oscar pour «La vie privée d’Henry VIII» de Alexander Korda. En 1935, la critique new-yorkaise lui décerne un double prix pour «L’extravagant Monsieur Ruggles» de Leo McCarey et «Les révoltés du Bounty» de Frank Lloyd. En 1937, il est choisi par le cinéaste Josef von Sternberg pour incarner l’Empereur Claude dans «I, Claudius». Hélas, pour des raisons de production trop coûteuses, le film reste inachevé.

Dans les années quarante, Charles Laughton interprète quelques rôles dans des films commerciaux, en alternance avec le théâtre. Les meilleurs films à retenir de cette période sont: «La taverne de la Jamaïque» en 1939 avec Maureen O’Hara et «Le procès Paradine» en 1947 avec Alida Valli, tous les deux signés Alfred Hitchcock, «Quasimodo» (1939) de William Dieterle, «Six destins» (1942) de Julien Duvivier, «Vivre libre» (1943) de Jean Renoir et «La grande horloge» (1948) de John Farrow. En 1955, l’acteur s’attèle à la réalisation de «La nuit du chasseur», chef d’œuvre du film noir. On y trouve un Robert Mitchum diabolique en tueur fou, aux côtés de Lillian Gish et de Shelley Winters. Ce film demeure son unique réalisation. Cependant, épuisé par son travail de réalisateur, il reste plusieurs années sans travailler pour le cinéma. Il offre alors son talent à quelques salles de spectacle en jouant des classiques, en déclamant des poèmes ou en récitant des passages de la Bible, et ce, toujours à guichets fermés!

Au début des années soixante, l’immense acteur revient devant les caméras pour y interpréter trois grands rôles dans des superproductions: l’Amiral Russell dans «Sous dix drapeaux» (1959) de Duilio Coletti, Sempronius Gracchus dans «Spartacus» (1960) de Stanley Kubrick et le Sénateur Cooley dans «Tempête à Washington» (1962) de Otto Preminger. Peu de temps après le tournage, le 15 décembre 1962, Charles Laughton, monstre sacré du septième art, meurt à son domicile d’Hollywood, emporté par deux cancers, un de la moelle épinière et l’autre de la vessie.

© Philippe PELLETIER