Otto Preminger

Fils d’un Procureur Général de l’Empereur François-Joseph 1er, Otto Ludwig Preminger naît le 5 décembre 1905 à Vienne, capitale Austro-Hongroise. À dix-sept ans, après des études de droit et de philosophie, il décide de devenir acteur et intègre la prestigieuse troupe de Max Reinhardt. Il interprète plusieurs pièces à Salzbourg, à Vienne, Zurich et à Prague puis, signe sa première mise en scène en 1925.

Au début des années trente, Otto Preminger participe à la création des deux théâtres viennois, le Komödie et le Schauspielhaus, tout en continuant sa collaboration avec Reinhardt. Figure importante de la vie culturelle autrichienne, Preminger réalise un premier film en 1931: «Die Große liebe» avec Betty Bird et Attila Hörbiger, seule expérience cinématographique de sa carrière en Autriche. De 1933 à 1935, il administre le Josefstadt où il met en scène une douzaine de productions. En 1935, il est invité à New York, par le producteur Gilbert Miller pour monter une pièce. Dès son arrivée aux USA, il signe aussi un contrat avec la Twentieth Century Fox. L’année suivante, il réalise «Under your spell», une comédie musicale avec Madge Bellamy, puis en 1937, «Charmante famille» avec Ann Sothern. Un different artistique avec le patron de la Fox, Darryl F. Zanuck, sur le tournage de «Le proscrit» en 1938, met fin à son contrat. Otto repart pour Broadway et travaille sur plusieurs pièces jusqu’en 1941.

Les triomphes de ses productions théâtrales, et particulièrement de «Margin for error», dont il est également l’un des acteurs principaux, incite Zanuck à lui proposer le rôle dans l’adaptation au cinéma. Otto Preminger accepte, à la seule condition qu’il en soit aussi le réalisateur. Le succès du film se traduit par un nouveau contrat. En 1944, il reprend le tournage de «Laura», abandonné par Rouben Mamoulian, et signe un chef-d’œuvre du film noir, interprété magistralement par Gene Tierney et Dana Andrews. Sa nomination à l’Oscar le place en tête des réalisateurs les plus en vue de la capitale du cinéma. En 1945, il remplace Ernst Lubitsch pour «Scandale à la cour», puis, la même année, il retrouve Dana Andrews pour «Anges déchus», un thriller également interprété par Linda Darnell. Cette dernière se retrouve en tête d’affiche des deux productions suivantes de Preminger: «Quadrille d’amour» (1946) et «Ambre» (1947), deux films en Technicolor au succès mitigé.

Par la suite, Otto Preminger retrouve la tête du box-office avec des films noirs de grande qualité : «Le mystérieux docteur Korvo» (1949), «Mark Dixon détective» (1950) et «Un si doux visage» (1952). En 1952, il interprète le commandant du camp de prisonniers dans «Stalag 17» de Billy Wilder, puis il travaille avec les plus grandes stars, parmi lesquelles: Marilyn Monroe et Robert Mitchum pour «Rivière sans retour» (1954); Dorothy Dandridge (qui est alors sa maîtresse) pour «Carmen Jones» (1954) et «Porgy & Bess» (1958); Gary Cooper pour «Condamné au silence» (1955); Kim Novak et Frank Sinatra pour «L’homme au bras d’or» (1955); Jean Seberg pour «Sainte Jeanne» (1956) et «Bonjour tristesse» (1957), James Stewart pour «Autopsie d’un meurtre» (1959) et Paul Newman pour «Exodus» (1960). Il tourne encore une dizaine de productions jusqu’à la fin des années soixante-dix, mais ne retrouve pas le prestige de sa grande époque du film noir. Cinéaste de grand talent, Otto Preminger s’éteint le 23 avril 1986, à New York, emporté par un cancer.

© Philippe PELLETIER