Akim Tamiroff

D’ascendance Arménienne, Akim Tamiroff voit le jour le 29 octobre 1899, à Tiflis (ou Tbilissi) dans l’Empire Russe. À 19 ans, il étudie l’art dramatique auprès du grand Constantin Stanislavski et commence sa carrière au Théâtre d’Art de Moscou. Peu de temps après la révolution Russe, il part en tournée avec la troupe de théâtre Nikita Balief, spécialisée dans le répertoire des grands écrivains russes: Tolstoï, Tchekhov, Tourgueniev et Gorky. En 1923, la troupe se rend aux États-Unis, joue à Broadway, notamment au prestigieux Guild Theatre. En 1927, lors d’une dernière tournée théâtrale, Akim décide de rester en Amérique, où en dépit d’un accent anglais exécrable il apparaît dans plusieurs productions jouant des personnages cosmopolites.

Du théâtre au cinéma il n’y a qu’un pas qu’il franchit en 1932. Akim Tamiroff se fait remarquer dans le rôle de Pedro, le serviteur de John Gilbert, dans «La Reine Christine» (1933) de Rouben Mamoulian, avec Greta Garbo dans le rôle titre, et celui de l’émir Gopal dans «Les trois lanciers du Bengale» (1934) de Henry Hathaway avec Gary Cooper, Franchot Tone et Richard Cromwell. Par la suite, il est employé dans une galerie de personnages exotiques, où son coté slave au physique adipeux, le vouent pendant plus de vingt ans à interpréter des rôles de: Mexicains, Italiens, Egyptiens, Arabes, Turcs, Siciliens, Tziganes, Russes, même Asiatiques comme l’infâme général chinois GenYang dans «Le général est mort à l’aube» (1936) de Lewis Milestone. Pour ce rôle, il est nominé pour un Oscar mais c’est Walter Brennan qui remporte la statuette pour sa prestation dans «Le vandale» de William Wyler.

Sa nomination aux Oscars lui permet d’accéder à de plus grandes compositions. Akim Tamiroff incarne un politicien véreux dans «Gouverneur malgré lui» (1940), un infâme trappeur canadien dans «Les tuniques écarlates» (1940), le Baron Colonna dans «Les frères Corses» (1941) de Gregory Ratoff, le farouche chef républicain espagnol Pablo dans le sublime film de Sam Wood «Pour qui sonne le glas» (1943), qui lui rapporte le Golden Globe du meilleur second rôle masculin, le chinois Wu Lien dans «Les fils du dragon» (1944) de Harold S. Bucquet, le gitan Gitano dans «Cagliostro» (1949) de Gregory Ratoff avec Orson Welles. Cinéaste qu’il retrouve et qui le dirige dans «Monsieur Arkadin» (1955) ainsi que dans «La soif du mal» (1958) où il campe le terrifiant oncle Joe Grandi, auprès de Charlton Heston et Janet Leigh. Parmi les autres ethnies de sa galerie on peut relever son personnage de Spyros Acebos le cerveau grec dans «L’inconnu de Las Vegas» (1960) de Lewis Milestone avec Frank Sinatra et son «Rat Pack», Gerven le Grec aux cotés de Melina Mercouri, Peter Ustinov et Maximilian Schell dans «Topkapi» (1963) de Jules Dassin. Sa carrière internationale le mene aussi en France. Pour Christian-Jaque il est le marquis de Vigogne dans «La tulipe noire» (1963), pour Jean Luc Godard l’agent secret Dickson dans «Alphaville» (1965) et pour Claude Chabrol, le sinistre Dr Kha dans «Marie-Chantal contre Dr Kha» (1965).

Après une carrière bien remplie, ce génial cabotin qui parlait anglais, italien, français et russe, termine sa filmographie, en 1969, avec «Mort d’un juif» où il incarne un vieil inspecteur arabe. Retiré dans sa propriété de Palm Springs avec son épouse, l’actrice d’origine russe Tamara Shayne, épousée en 1932, Akim Tamiroff y décède des suites d’un cancer le 17 septembre 1972.

© Gary RICHARDSON