Denys de La Patellière

Issu d’une famille d’aristocrates anoblis pendant la Restauration sous le règne de Louis XVIII, Denys de La Patellière est né le 8 mars 1921 à Nantes sous le nom de Denis Marie Joseph Dubois de la Patellière. Alors qu’il suit une formation de sous-officiers à l’école de l’Armée de Terre de Saint-Cyr, la Seconde Guerre Mondiale éclate. Après la défaite française, il s’engage dans l’Armée de Libération. Après le conflit, il est employé dans un laboratoire de cinéma où il est repéré par le cinéaste Maurice Labro qui lui propose d’être son assistant sur «L’héroïque monsieur Boniface» (1949) avec Fernandel en vedette.

En 1953, Denys de La Patellière collabore au script du drame «Le défroqué» de Léo Joannon avec Pierre Fresnay. L’équipe se reconstitue pour «Les aristocrates» (1955) qui évoque la déchéance de l’aristocratie dans une époque de crise. Mais en désaccord sur le scénario avec Léo Joannon, il se voit confier la mise en scène de ce film. Il retrouve Pierre Fresnay pour «Les œufs de l’autruche» (1956) adaptation d’une pièce de boulevard de André Roussin. Reconnu par ses pairs, il dirige deux vedettes confirmées: Michèle Morgan dans «Retour de manivelle» (1957) ou Danielle Darrieux dans «Les yeux de l’amour» (1959) qui bénéficient de la collaboration de Michel Audiard.

En 1958, Denys de La Patellière adapte avec Michel Audiard l’œuvre de Maurice Druon «Les grandes familles» avec Jean Gabin qui n’est pas sans rappeler ses origines familiales. Jean Gabin lui accorde sa confiance, il devient alors un des réalisateurs privilégiés de l’acteur. Ensemble, ils se retrouvent pour des comédies dramatiques «Rue des prairies» (1959) et «Le tonnerre de Dieu» (1965), des policiers «Du rififi à Paname» (1965) et «Le tueur» (1972) ou la comédie «Le tatoué» (1968) tous couronnés de succès. Entre-temps, il réalise ce qui demeure un de ses films majeurs «Un taxi pour Tobrouk» (1960) dont les dialogues de Audiard marquent l’histoire du cinéma. Les aventures de soldats français dans le désert pendant la guerre, Lino Ventura, Charles Aznavour, Maurice Biraud, et de leur prisonnier allemand, Hardy Kruger. En 1961, il retrouve Lino Ventura pour «La bateau d’Emile».

Avec l’arrivée de la «Nouvelle Vague», les qualités de cinéaste de Denys de La Patellière sont marginalisées. Néanmoins, il poursuit sa carrière de cinéaste de films de série B dans différents genres sans rencontrer l’audience espérée. Des comédies avec Charles Aznavour «Tempo di Roma» et «Pourquoi Paris?» (1962) ou des films d’aventures «La fabuleuse histoire de Marco Polo» (1963) avec Horst Buchholz et «Soleil noir» (1966) avec Michèle Mercier. Pour son dernier film «Prêtres interdits» (1973), il évoque un sujet délicat le célibat d’un homme d’église incarné par Robert Hossein. À partir des années soixante-dix, il se tourne définitivement vers la télévision. Il réalise des séries à succès «Un juge, un flic» (1976) avec Michel Duchaussoy et Pierre Santini, «Le comte de Monte-Cristo» (1979) avec Jacques Weber ou «Bonjour Maître» (1986) avec Danielle Darrieux. Pour ses deux dernières mises en scène «Cécile est morte» et «L’affaire Saint-Fiacre», il dirige Bruno Cremer dans la collection «Maigret» de Georges Simenon. À la fin de sa vie, Denys de La Patellière s’installe à Dinard où il décède le 20 juillet 2013. Ses fils poursuivent la tradition familiale. Alexandre de La Patellière est l’auteur avec Matthieu Delaporte de la pièce «Le prénom», avec Patrick Bruel, et Fabrice de la Patellière directeur de la fiction à Canal +.

© Olivier SINQSOUS