Yves Boisset

Ainé d’une fratrie de quatre enfants, Yves Boisset est né le 14 mars 1939 à Paris. Il est le fils de professeurs, son père enseigne le français, le grec, le latin, sa mère, l’allemand. Il est au lycée quand il est choisi par Claude Autant-Lara pour donner la réplique à Edwige Feuillère dans «Le blé en herbe», malheureusement suite au refus catégorique de son père, il rate ce premier rendez-vous avec le cinéma. Brillant élève, il est programmé pour suivre les traces de ses parents. À dix-sept ans, suite à un nouveau refus de son père pour jouer dans «Les tricheurs» de Marcel Carné, il abandonne le domicile familial et trouve un emploi de pigiste pour la rubrique des faits divers du journal «Paris Jour» tout en poursuivant ses études littéraires au Lycée Louis le Grand. Passionné par le cinéma, il entre ensuite à l’Institut des hautes études cinématographiques et collabore à de nombreuses revues sur le Septième Art.

En 1958, Yves Boisset quitte l’IDHEC pour travailler à la recherche de documentation pour Yves Ciampi. Le cinéaste l’engage aussi comme assistant-réalisateur. Au cours des années soixante, le jeune Boisset assiste, entre autres, Sergio Leone, Jean-Pierre Melville, Claude Sautet, René Clément et Vittorio De Sica, avant de passer à la réalisation en 1967 avec une adaptation d’un roman de Paul Kenny «Coplan sauve sa peau», un film d’espionnage tourné en Turquie avec Claudio Brook dans le rôle de l’agent secret. Il connaît son premier grand succès avec «Un condé» (1970) un film noir qui trace le portrait d’un flic sans état d’âme remarquablement incarné par Michel Bouquet. Le Ministre de l’Intérieur de l’époque tente d’interdire la sortie du film. Yves Boisset gagne alors ses galons de cinéaste engagé et mettra un point d’honneur à garder ce titre tout au long de sa carrière.

Par la suite, Yves Boisset s’inspire de l’affaire Ben Barka pour «L’attentat» (1971) un thriller politique où il dirige une pléiade d’acteurs internationaux dont Jean Seberg, Jean-Louis Trintignant, Gian Maria Volonté et Roy Scheider. Il réalise «R.A.S.» (1972) une des toutes premières fictions sur la Guerre d’Algérie; il s’attaque au racisme des petites gens dans «Dupont-Lajoie» (1974) avec Jean Carmet en violeur de Isabelle Huppert. Il adapte sa propre vision de l’assassinat du Juge Renaud pour «Le juge Fayard dit Le Shérif» (1976) avec Patrick Dewaere; il transpose le livre antimilitariste de Yves Gibeau «Allons z’enfants» (1980) avec Lucas Belvaux, Jean Carmet et Jean-Pierre Aumont; puis un pamphlet sur la téléréalité «Le prix du danger» avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli.

Après l’échec des ses dernières productions cinématographiques, Yves Boisset s’oriente vers la télévision où il continue à réaliser des œuvres polémiques comme: «L’affaire Seznec» (1992) avec Christophe Malavoy, «L’affaire Dreyfus» (1994) avec Thierry Frémont dans le rôle-titre et Pierre Arditi dans celui du Colonel Estherazy, «Le pantalon» (1997) l’histoire d’un fusillé pour l’exemple pendant la Grande Guerre interprété par Wadeck Stanczak, «Jean Moulin» (2002) avec Charles Berling, «L’affaire Salengro» (2008) avec Bernard-Pierre Donnadieu ou «Douze balles dans la peau pour Pierre Laval» (2009), avec Christophe Malavoy, sa dernière réalisation. En 2011, il publie son autobiographie «La vie est un choix» aux éditions Plon. Il apparaît ensuite dans de nombreuse émissions télévisées sur le cinéma avant de s’éteindre ……..

© Pascal DONALD