1959 L’avventura – de Michelangelo Antonioni avec Gabriele Ferzetti, Renzo Ricci & Lea Massari | 1960 La nuit (la notte) de Michelangelo Antonioni avec Jeanne Moreau, Marcello Mastroianni & Bernhard Wicki | 1965 Modesty Blaise – de Joseph Losey avec Terence Stamp, Dirk Bogarde, Harry Andrews & Michael Craig | 1975 Le canard à l’orange (l’anatra all’arancia) de Luciano Salce avec Ugo Tognazzi & John Richardson | ||
Surnommée la «Reine du cinéma italien», Maria Louisa Ceciarelli, alias Monica Vitti, naît à Rome le 3 novembre 1931, dans une famille bourgeoise d’origine sicilienne. Après avoir passé son enfance à Messine, elle commence des études de secrétariat pour complaire à sa famille, mais s’en détourne rapidement pour entrer à l’Académie nationale d’art dramatique de Rome. De tempérament oscillant entre légèreté et morbidité, elle se réfugie dans le jeu et s’ingénie à faire «semblant d’être une autre». Sa vocation est née. Le théâtre lui ouvre les portes du cinéma avec une comédie italienne de Edoardo Anton «Ridere! Ridere! Ridere!» (1954). Le réalisateur Michelangelo Antonioni la repère et lui demande de doubler la comédienne Dorian Gray pour son film «Le cri» (1957). Voix rauque, regard fascinant, chevelure blonde et dense, charme nonchalant elle le séduit de son physique atypique. Elle devient sa compagne et sa muse. «J’ai eu la chance de commencer ma carrière avec un homme de talent, spirituel et plein de vie», témoignera-t-elle. Une rencontre déterminante qui porte aussitôt l’actrice au zénith avec des films du cinéaste aussi notoires que sa trilogie sur l’incommunicabilité entre les êtres. Dans «L’avventura» (1959), «La nuit» (1960), «L’éclipse» (1961), auprès de Alain Delon, elle incarne avec maestria des femmes tourmentées en plein désarroi amoureux, et «Le désert rouge» (1964) la dépeint en épouse neurasthénique.
Aspirant à gommer son image d’intellectuelle et à s’affranchir des personnages névrosés du répertoire de son génial pygmalion, qu’elle ne retrouve qu’en 1980 pour interpréter la reine de son film historique «Le mystère Oberwald», Monica Vitti se tourne vers d’autres grands cinéastes. Sous la direction de Joseph Losey, elle campe une séduisante aventurière caméléon, recrutée par les services secrets britanniques, dans une parodie des films d’espionnage «Modesty Blaise» (1965). Pour Ettore Scola et son «Drame de la jalousie» (1969), elle est Adélaïde, jeune fleuriste victime de l’amour que lui portent deux hommes, dont Oreste joué par Marcello Mastroianni. Mais celle dont Antonioni disait qu’elle avait «le visage de l’angoisse» veut égayer de son naturel enjoué et de son goût du comique des films plus facétieux, rivalisant avec d’inénarrables partenaires, nommés Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman ou Nino Manfredi. Dans «Les poupées» (1965), film satirique de Dino Risi, Monica Vitti tente vainement de se débarrasser de son vieux mari. Fantasque et avide de vengeance, elle se surpasse dans «La fille au pistolet» (1968) de Mario Monicelli. Dans «Nini Tire-Bouchon» (1970) de Marcello Fondato, elle est une provocante danseuse de variétés dans l’Italie de la fin du XIXème siècle. Virevoltant d’une violoniste et d’une religieuse à une motarde acrobate et une hôtesse de l’air, dans la comédie en douze séquences de Dino Risi «Moi la femme» (1971), l’actrice déploie ses dons virtuoses. Luis Buñuel lui fait jouer une mère de famille coincée dans son film «Le fantôme de la liberté» (1974) et la savoureuse comédie de Luciano Salce, «Le canard à l’orange» (1975), consacre une comédienne désopilante.
Avec «Flirt» (1982) de Roberto Russo, dont elle coécrit le scénario d’un couple en crise, et «Scandale secret», seul film qu’elle réalise, mais sans lauriers, Monica Vitti, devenue une immense star populaire, achève une carrière couronnée de nombreux trophées. Mariée au réalisateur Roberto Russo, elle décède le 2 février 2022, à l’âge de 90 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Jouer à être une autre a été sa façon d’exister. Pour constamment se réincarner...
© Isabelle MICHEL
1954 | Ridere ! Ridere ! Ridere ! – de Edoardo Anton
avec Ugo Tognazzi
Una pelliccia di visone – de Glauco Pellegrini avec Franco Fabrizi |
1955 | Adrienne Lecouvreur ( Adriana Lecouvreur ) de Guido Salvini avec Gabriele Ferzetti |
1957 | Le cri ( il grido ) de Michelangelo Antonioni
avec Steve Cochran
Seulement voix – Non créditée |
1958 | Le dritte – de Mario Amendola avec Paolo Panelli |
1959 | L’avventura – de Michelangelo Antonioni
avec Gabriele Ferzetti
Etoile de Cristal de la meilleure actrice étrangère aux prix de l’Académie du cinéma Français, France |
1960 | La nuit ( la notte ) de Michelangelo Antonioni
avec Bernhard Wicki
Ruban d’Argent du meilleur second rôle féminin par le syndicat italien des journalistes de cinéma, Italie |
1961 | Accattone – de Pier Paolo Pasolini
avec Franco Citti
Seulement voix – Non créditée L’éclipse ( l’elisse ) de Michelangelo Antonioni avec Alain Delon |
1962 | Les quatre vérités ( las cuatro verdades / le quattro verità / three fables of love ) de Alessandro
Blasetti, René Clair, Luis García Berlanga & Hervé Bromberger
avec Rossano Brazzi
Follie d’estate – de Edoardo Anton & Carlo Infascelli avec Walter Chiari |
1963 | Dragées au poivre – de Jacques Baratier
avec Guy Bedos
Château en Suède – de Roger Vadim avec Curd Jürgens Haute infidélité ( alta infidelità ) de Luciano Salce, Elio Petri, Mario Monicelli & Franco Rossi avec Sergio Fantoni Segment « La Sospirosa » de Luciano Salce |
1964 | Le désert rouge ( il deserto rosso / red desert ) de Michelangelo Antonioni
avec Richard Harris
Il disco volante – de Tinto Brass avec Alberto Sordi |
1965 | Les poupées ( le bambole ) de Dino Risi, Franco Rossi, Mauro Bolognini & Luigi Comencini
avec Gina Lollobrigida
Modesty Blaise – de Joseph Losey avec Terence Stamp |
1966 | Les ogresses ( le fate ) de Mauro Bolognini, Antonio Pietrangeli, Luciano Salce & Mario
Monicelli avec Enrico Maria Salerno
Segment « Fata Sabina » de Luciano Salce Tue-moi vite, j’ai froid ( fai in fretta ad uccidermi... ho freddo ! ) de Francesco Maselli avec Jean Sorel |
1967 | Ti ho sposato per allegria – de Luciano Salce
avec Michel Bardinet
La femme écarlate – de Jean Valère avec Maurice Ronet La ceinture de chasteté ( la cintura di castità ) de Pasquale Festa Campanile avec Tony Curtis |
1968 | La fille au pistolet ( la ragazza con la pistola ) de Mario Monicelli
avec Stanley Baker
David de la meilleure actrice, Italie Ruban d’Argent de la meilleure actrice par le syndicat national italien des journalistes de cinéma, Italie Prix de la meilleure actrice au festival international du film de San Sebastián, Espagne |
1969 | Amore mio aiutami – de Alberto Sordi
avec Ugo Gregoretti
Drame de la jalousie ( dramma della gelosia, tutti i particolari in cronaca ) de Ettore Scola avec Marcello Mastroianni |
1970 | Drôles de couples ( le coppie ) de Mario Monicelli, Alberto Sordi & Vittorio De Sica
avec Alberto Sordi
La pacifista / Smetti di piovere – de Miklós Janscó avec Pierre Clémenti Nini Tire-Bouchon ( Nini Tirabusciò : La donna che inventò la mossa ) de Marcello Fondato avec Claude Rich David de la meilleure actrice, Italie |
1971 | Super témoin ( la supertestimone ) de Franco Giraldi
avec Ugo Tognazzi
Moi la femme ! ( noi donne siamo fatte cosi ) de Dino Risi avec Ettore Manni |
1972 | Teresa la voleuse / Thérèse la voleuse ( Teresa la ladra ) de Carlo Di Palma
avec Michele Placido
Les ordres sont les ordres ( gli ordini sono ordini ) de Franco Giraldi avec Claudine Auger |
1973 | Poussière d’étoile ( polvere di stelle ) de Alberto Sordi
avec John Phillip Law
David de la meilleure actrice, Italie Une Tosca pas comme les autres ( la Tosca ) de Luigi Magni avec Aldo Fabrizi |
1974 | Le fantôme de la liberté – de Luis Buñuel
avec Jean-Claude Brialy
Histoire d’aimer ( a mezzanotte va la ronda del piacere ) de Marcello Fondato avec Vittorio Gassman |
1975 | Ici commence l’aventure ( qui comincia l’avventura ) de Carlo Di Palma
avec Claudia Cardinale
Le canard à l’orange ( l’anatra all’arancia ) de Luciano Salce avec John Richardson David de la meilleure actrice, Italie Ruban d’Argent de la meilleure actrice par le syndicat national italien des journalistes de cinéma, Italie Gardez le pour vous ! ( basta che non si sappia in giro !… ) de Luigi Magni, Luigi Comencini & Nanni Loy avec Nino Manfredi |
1976 | Mimì Bluette ... fiore del mio giardino – de Carlo Di Palma
avec Shelley Winters
L’altra metà del cielo – de Franco Rossi avec Adrianno Celantano |
1977 | La raison d’état – de André Cayatte
avec Jean Yanne
Per vivere meglio, divertitevi con noi – de Flavio Mogherini avec Ferruccio Brembilla Segment «Un incontro molto ravvicinato» |
1978 | Un scandale presque parfait ( an almost perfect affair ) de Michael Ritchie
avec Raf Vallone
Amori miei – de Steno avec Enrico Maria Salerno David de la meilleure actrice, Italie |
1979 | Les monstresses ( letti selvaggi ) de Luigi Zampa
avec Ursula Andress
Il tango della gelosia – de Steno avec Philippe Leroy |
1980 | Non ti conosco più amore – de Sergio Corbucci
avec Johnny Dorelli
Le mystère Oberwald ( il misterio di Oberwald ) de Michelangelo Antonioni avec Franco Branciaroli |
1981 | Chambre d’hôtel ( camera d’albergo ) de Mario Monicelli
avec Roger Pierre
Je sais que tu sais… ( io so che tu sai che io so ) de Alberto Sordi avec Claudio Gora |
1982 | Scusa se è poco – de Marco Vicario
avec Ugo Tognazzi
Flirt – de Roberto Russo avec Jean-Luc Bideau + scénario Ours d’Argent de la meilleure contribution artistique au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Flirt – de Roberto Russo |
1985 | Francesca è mia – de Roberto Russo
avec Pierre Malet
+ scénario & production |
1988 | Scandale secret ( scandalo segreto ) de Monica Vitti
avec Elliott Gould
+ scénario |
1996 | DO Gianni Di Venanzo, un grande autore della fotografia – de Alan Bacchelli
avec Gianni Di Venanzo
Seulement apparition |
AUTRES PRIX : | |
Plaque d’Or aux prix David di Donatello, Italie ( 1963 ) Plaque Spéciale aux Prix David di Donatello, Italie ( 1984 ) Prix Alitalia aux David di Donatello, Italie ( 1989 ) Lion d’Or pour sa carrière au festival du cinéma de Venise, Italie (1995 ) |