Joseph L. Mankiewicz

Issu d’une famille d’origine polonaise, Joseph Leo Mankiewicz naît le 11 février 1909, à Wilkes-Barre en Pennsylvanie. En 1928, après de brillantes études de lettres à l’Université de Colombia, le jeune homme part pour Berlin où il devient journaliste et correspondant du «Chicago Tribune», puis rédacteur des sous-titres anglais des productions de la UFA.

À la fin des années vingt, après un bref passage à Paris, son frère Herman Mankiewicz, lui propose un travail de scénariste, à Hollywood, au sein de la Paramount. Il participe alors à l’écriture des intertitres ou des dialogues d’une trentaine de films, parmi lesquels: «Skippy» (1931) avec Jackie Cooper et «Si j’avais un million» (1932) une œuvre composée de plusieurs sketches. En 1934, Joseph L. Mankiewicz passe à la MGM et scénarise entre autres «Ennemi public n° 1» (1934) avec Clark Gable et «Vivre sa vie» (1935) avec Joan Crawford. Dès 1935, il oriente sa carrière vers la production, d’abord pour la Paramount, ensuite pour la Twentieth Century Fox. Mankiewicz produit alors les films de Fritz Lang, George Cukor, Frank Borzage et George Stevens.

En 1945, connaissant toutes les ficelles du cinéma, Joseph L. Mankiewicz se lance enfin dans la réalisation en remplaçant Ernst Lubitsch souffrant, sur le tournage de «Le château du dragon», un drame romantique et fantastique, interprété par Gene Tierney et Walter Huston. Il remporte enfin son premier grand succès personnel, en 1948, avec «Chaînes conjugales» interprété par une pléiade de stars. Son talent est récompensé par deux Oscars, celui du meilleur scénario et celui du meilleur réalisateur.

En 1950, Joseph L. Mankiewicz réalise deux pièces maîtresses de sa prestigieuse filmographie. La première, «On murmure dans la ville», une comédie avec Cary Grant puis surtout «Eve», un drame où Mankiewicz décrit un monde qu’il connaît bien et qui l’a toujours fasciné, le théâtre, à travers deux héroïnes principales: une comédienne célèbre et vieillissante, interprétée par Bette Davis, et une jeune débutante ambitieuse et, calculatrice, incarnée par Anne Baxter. Le film lui rapporte encore deux Oscars et une kyrielle de prix. C’est la consécration, il est alors qualifié d’artiste intellectuel sophistiqué, se consacre essentiellement aux projets qui lui tiennent à cœur: «L’affaire Cicéron» (1951) avec Danielle Darrieux, «Jules César» (1953) avec Marlon Brando, «La comtesse aux pieds nus» (1954) avec Ava Gardner et «Soudain l’été dernier» avec Katharine Hepburn, Montgomery Clift et Elizabeth Taylor.

Au début des années soixante, Joseph L. Mankiewicz reprend le tournage de «Cléopâtre», film abandonné par Rouben Mamoulian, interprété par une Elizabeth Taylor capricieuse. Malgré une mise en scène éprouvante, il termine et signe le film en 1962, mais c’est un échec retentissant. Le reste de sa carrière, il dirige encore un film pour la télévision et trois pour le grand écran: «Guêpier pour trois abeilles» (1966) avec Rex Harrison, «Le reptile» (1969) avec Henry Fonda et Kirk Douglas et «Le limier» (1972) avec Laurence Olivier et Michael Caine. Après une carrière couronnée de triomphes et de récompenses, il se retire dans sa propriété de Bedford, non loin de New York. Il y meurt le 5 février 1993, victime d’une crise cardiaque.

© Philippe PELLETIER