![]() 1952 Il importe d’être constant (the importance of being earnest) de Anthony Asquith avec Michael Redgrave | ![]() 1961 Le train de 16 heures 50 (murder, she said) de George Pollock avec Arthur Kennedy & James Robertson Justice | ![]() 1963 Meurtre au gallop (murder at the gallop) de George Pollock avec Stringer Davis, Robert Morley & Flora Robson | ![]() 1964 Lady détective entre en scène (murder most foul) de George Pollock avec Lee Richardson & Ron Moody | ||
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Ce qui fait la renommée de certaines actrices, c’est la beauté. Ce n’est pas le cas de Margaret Rutherford. Son atout à elle, c’est plutôt la laideur. Mais une laideur sympathique. Avec ses grimaces et ses mimiques, ne dirait-on pas qu’elle a le visage d’un vieux bébé? Car, pour prendre pleinement la mesure de cette savoureuse vieille dame, il faut la voir en action. D’une vitalité surprenante, elle bouge sans cesse dans ses films et se sert de l’étonnante plasticité de son visage pour y imprimer toute une palette d’émotions. Ce n’est pas pour rien que l’auteur d’une biographie, parue en 2009, a gratifié cette hyperactive du surnom évocateur de «dreadnought» (cuirassier).
Pour les spectateurs français, Margaret Rutherford, née le 11 mai 1892, c’est avant tout Miss Marple, la célèbre détective imaginée par Agatha Christie. Bien que l’image que donne la comédienne de cette vieille campagnarde fouineuse, réduisant tout l’univers à son petit village, ne corresponde guère à l’original, la Miss Marple de Margaret Rutherford est restée la plus célèbre. Coiffée d’un bibi informe et enveloppée dans ses grandes capes, elle lui donne vie dans cinq films très populaires, dont «Meurtre au galop» (1963), «Lady détective entre en scène» (1964) ou «Passage à tabac» (1964), tous signés par George Pollock. Margaret Rutherford a débuté un quart de siècle plus tôt, en apparaissant dans des films policiers comme «Attention aux faux monnayeurs!» (1936), de Bernard Vorhaus ou «La voix de satan» (1936), de Carol Reed. Mais sa marque de fabrique, dès le départ, c’est la comédie. C’est là que les dons comiques de ce clown en jupons trouvent le mieux à s’exprimer. Elle participe ainsi à certaines des fameuses comédies produites, après guerre, par les studios Ealing. Dans l’une des plus célèbres, «Passeport pour Pimlico» (1949), de Henry Cornelius, elle incarne une savante farfelue, qui confirme le droit qu’ont les habitants du quartier londonien de Pimlico de se déclarer indépendants. Il faut la voir, chapeau bohème sur la tête et lorgnons en main, émerger d’un vieux coffret et affirmer devant le tribunal, à grand renfort de mimiques, le droit des requérants. Moins connu, son personnage de médium dans «L’esprit s’amuse» (1945), de David Lean, d’après une pièce de Noel Coward, est tout aussi savoureux. Plus grimaçante que jamais, elle minaude avec le fantôme facétieux qui la chatouille durant la séance de spiritisme. Arborant une coiffe qui, une fois de plus, lui donne des airs de vieux poupon, elle campe également l’infirmière qui prend soin d’une sirène déguisée en invalide dans deux grands succès populaires, «Miranda» (1948), de Ken Annakin, et sa suite, «Folle des hommes» (1954), de Ralph Thomas.
Musicienne avertie, et professeur de piano durant quelques années, Dame Margaret Rutherford intègre, dans les années 20, le prestigieux Old Vic, célèbre école de théâtre et lieu d’élection du répertoire shakespearien. Car, elle le dit dans ses mémoires, elle n’avait pas du tout l’intention de faire rire en montant sur scène. Mais son génie comique en décida autrement. Si elle se fait remarquer dans un registre sérieux, celui d’Ibsen par exemple, c’est son rôle de Miss Prism, la gouvernante de la jeune héritière Cecily Cardew, dans la pièce d’Oscar Wilde, «Il importe d’être constant», qui lui vaut toute l’attention de la critique. Elle retrouve d’ailleurs ce rôle fétiche dans le film de Anthony Asquith (1952), qui reprend le titre de la pièce. En 1963, il lui donne aussi, dans «Hôtel international», le rôle de la duchesse de Brighton, avec lequel elle décroche un Oscar. Dame Margaret nous a quittés le 22 mai 1972.
© Jean-Pascal LHARDY

1936 | Troubled waters – de Albert Parker
avec James Mason
Attention faux monnayeurs! / Escapade dans les Alpes ( dusty ermine / hideout in the Alps ) de Bernard Vorhaus avec Anthony Bushell L’homme aux cent voix / La voix de satan ( talk to the devil ) de Carol Reed avec Ricardo Cortez Beauty and the barge – de Henry Edwards avec Jack Hawkins |
1937 | Big fella – de James Elder Wills
avec Paul Robeson
Catch as catch can / Atlantic episode – de Roy Kellino avec James Mason Missing, believed married – de John Paddy Carstairs avec Peter Coke |
1940 | Mariage sans histoire ( quiet wedding ) de Anthony Asquith
avec Derek Farr
Spring meeting / Three wise brides – de Walter C. Mycroft avec Michael Wilding |
1943 | The yellow canary – de Herbert Wilcox
avec Richard Greene
L’étranger ( the demi-paradise / adventure for two ) de Anthony Asquith avec Laurence Olivier |
1944 | En français, Messieurs ( english without tears / her man Gilbey ) de Harold French avec Claude Dauphin |
1945 | L’esprit s’amuse ( blithe spirit ) de David Lean avec Rex Harrison |
1946 | Le tueur ( meet me at dawn / the gay duellist ) de Thornton Freeland & Peter Creswell
avec Wilfrid Hyde-White
Erreurs amoureuses ( while the sun shines ) de Anthony Asquith avec Barbara White |
1948 | Miranda la sirène ( Miranda ) de Ken Annakin avec Glynis Johns |
1949 | Passeport pour Pimlico ( passport to Pimlico ) de Henry Cornelius
avec Stanley Holloway
Cette sacrée jeunesse ( the happiest days of your life ) de Frank Launder avec Alastair Sim Héros et brigands ( quel bandito sono io / mad about the opera / her favorite husband ) de Mario Soldati avec Robert Beatty |
1951 | La boite magique ( the magic box ) de Roy Boulting
avec Robert Donat
Castle in the air – de Henry Cass avec David Tomlinson |
1952 | Curtain up – de Ralph Smart
avec Robert Morley
Il importe d’être constant ( the importance of being earnest ) de Anthony Asquith avec Michael Redgrave Miss Robin Hood – de John Guillermin avec James Robertson Justice |
1953 | Week-end à Paris ( innocents in Paris ) de Gordon Paris
avec Laurence Harvey
Le roi de la pagaille ( trouble in store ) de John Paddy Carstairs avec Norman Wisdom The runaway bus – de Val Guest avec George Coulouris |
1954 | Folle des hommes ( mad about men ) de Ralph Thomas
avec Donald Sinden
Aunt Clara – de Anthony Kimmins avec Ronald Shiner |
1955 | Un alligator nommé Daisy ( an alligator named Daisy ) de Jack Lee Thompson avec Stephen Boyd |
1956 | Mon bijou / Sous le plus petit chapiteau du monde ( the smallest show on earth / big time operators ) de Basil Dearden avec Peter Sellers |
1957 | C’est bien ma veine ! ( just my luck ) de John Paddy Carstairs avec Norman Windsom |
1958 | Après moi le déluge ( I’m all right Jack ) de John Boulting avec Terry-Thomas |
1960 | La doublure du général ( on the double ) de Melville Shavelson avec Danny Kaye |
1961 | Le train de 16 heures 50 ( murder, she said / meet Miss Marple ) de George Pollock avec Arthur Kennedy |
1962 | Une souris sur la lune / La souris sur la lune ( the mouse on the moon ) de Richard Lester avec Ron Moody |
1963 | Hôtel International ( the V.I.P’s / International Hotel ) de Anthony Asquith
avec Louis Jourdan
Oscar du meilleur second rôle féminin, USA Golden Globe du meilleur second rôle féminin de cinéma, USA Laurel d’Or du meilleur second rôle féminin, USA Prix NBR du meilleur second rôle féminin par la National Board of Review, USA Meurtre au gallop / Lady détective ( murder at the gallop ) de George Pollock avec Stringer Davis |
1964 | Lady détective entre en scène ( murder most foul / Agatha Christie’s murder most foul ) de
George Pollock avec Lee Richardson
Passage à tabac / Lady détective dans la marine ( murder ahoy ) de George Pollock avec Lionel Jeffries |
1965 | A.B.C. contre Hercule Poirot ( the alphabet murders / the ABC murders ) de Frank Tashlin
avec Tony Randall
Falstaff ( campanadas a medianoche / chimes at midnight ) de Orson Welles avec John Gielgud |
1966 | La comtesse de Hong Kong ( a countess from Hong Kong ) de Charles Chaplin
avec Marlon Brando
DA The wacky world of Mother Goose – de Jules Bass Seulement voix |
1967 | Arabella ( ragazza del Charleston ) de Mauro Bolognini avec Virna Lisi |