1937 Drôle de drame – de Marcel Carné avec Michel Simon, Françoise Rosay & Jean-Pierre Aumont | 1938 Entrée des artistes – de Marc Allégret avec Odette Joyeux, Janine Darcey & Bernard Blier | 1947 Quai de Orfèvres – de Henri-Georges Clouzot avec Simone Renant, Suzy Delair & Bernard Blier | 1950 Knock – de Guy Lefranc avec Jean Brochard, Pierre Renoir, Jane Marken, Yves Deniaud & Marguerite Pierry | ||
Jules Eugène Louis Jouvet naît le 24 décembre 1887, dans le petit village finistérien de Crozon. Le père, originaire de Brive, travaille dans une entreprise de travaux publics. Devenue veuve Madame Jouvet s’installe chez son frère pharmacien à Rethel (Ardennes). Animée d’une foi profonde qu’elle transmettra à ses enfants, elle les inscrit au collège catholique de la ville. C’est là que le futur Louis Jouvet découvre le théâtre d’amateur. La famille veut le voir apothicaire, il étudie à la faculté à Paris tout en hantant les théâtres et les cours d’art dramatique. Il se marie, en 1912, avec une jeune danoise Else Collin, dont il aura trois enfants. Docteur en pharmacie l’année suivante, il se fait embaucher par Jacques Copeau directeur du Vieux Colombier. Il y est à la fois comédien et homme à tout faire. Il sert comme brancardier pendant la Première Guerre mondiale. Il devient après guerre directeur du théâtre des Champs-Élysées, puis de l’Athénée. Il ne va désormais plus vivre que pour et par le théâtre.
S’il fait une petite apparition dans un court métrage, en 1913, aux côtés de Harry Baur, ce n’est qu’à partir de 1932, qu’il fait vraiment du cinéma en entrant directement dans la cour des grands pour jouer «Topaze» de Louis J. Garnier, d’après Marcel Pagnol. L’année suivante, il se dirige dans «Knock, ou le triomphe de la médecine» avec Robert Le Vigan, d’après la pièce de Jules Romains. Une trentaine d’autres films vont se succéder pendant vingt ans: tous des chefs-d’œuvre. En 1935, il est un pittoresque aumônier castillan dans «La Kermesse héroïque», véritable reconstitution des Flandres espagnoles dans un soucis d’esthétisme que seul le noir et blanc peut donner. Françoise Rosay y est royale en femme de bourgmestre accueillant Jean Murat et ses «Tercios» qui défilent au son des grands tambours de guerre. Le film de Jacques Feyder renverse les valeurs. Il montre des femmes décidées, des troupes étrangères généreuses et des hommes du cru lâches et pusillanimes. Quel cinéma !
En 1936, Louis Jouvet et Jean Gabin fréquentent «Les bas-fonds». En 1937, c’est «L’alibi» avec l’immense Erich von Stroheim, puis «Drôle de drame» avec Michel Simon, «vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre», ainsi que «Forfaiture» avec Sessue Hayakawa. L’année 1938 produit «Hôtel du Nord» avec Arletty et sa gueule d’atmosphère mais aussi «L’éducation de prince» avec la Roumaine Elvire Popesco. En 1938, les acteurs vieillissants se retrouvent dans la maison de retraire de «La fin du jour», dirigée par Julien Duvivier. Pendant la drôle de guerre, c’est «Untel père et fils» avec Raimu puis, en 1941, «Volpone» avec Harry Baur. Mais Jouvet, du fait de l’occupation allemande, ne peut gérer son théâtre comme il l’entend. Il décide de gagner avec sa troupe l’Amérique latine. Il y présente le répertoire classique en français (Brésil, Argentine, Uruguay, Chili, Pérou, Colombie, Venezuela, Mexique, Cuba et Haïti). Partie pour une saison, la troupe ne retourne en France, via un navire de la marine nationale, qu’en 1945. Jouvet retrouve son théâtre et encore des films d’exception comme «Copie conforme» (1946) de Jean Dréville et «Quai des Orfèvres» (1947) de Henri-Georges Clouzot.
Puis malade du cœur, très fatigué, tel Molière, son compagnon et illustre modèle de toujours, Louis Jouvet décède dans sa loge de l’Athénée le 17 août 1951, des suites d’un infarctus, à l’heure où retentissent les traditionnels trois coups.
© Caroline HANOTTE
1913 | CM Shylock, le marchand de Venise – de Louis Mercanton & Henri Desfontaines avec Harry Baur |
1932 | Topaze – de Louis J. Gasnier avec Edwige Feuillère |
1933 | Knock, ou le triomphe de la médecine / Dr. Knock / Knock – de Louis Jouvet & Roger Goupillières avec Robert Le Vigan |
1935 | La kermesse héroïque – de Jacques Feyder avec Françoise Rosay |
1936 | Mister Flow / Les amants traqués – de Robert Siodmak
avec Vladimir Sokoloff
Mademoiselle Docteur / Salonique nid d’espions – de Georg Wilhelm Pabst avec Dita Parlo Les bas-fonds – de Jean Renoir avec Jean Gabin |
1937 | Drôle de drame / Drôle de drame ou l’étrange aventure du docteur Moulyneux – de
Marcel Carné avec Michel Simon
L’alibi – de Pierre Chenal avec Erich von Stroheim Un carnet de bal – de Julien Duvivier avec Marie Bell Ramuntcho – de René Barberis avec Line Noro Forfaiture – de Marcel L’Herbier avec Sessue Hayakawa La Marseillaise – de Jean Renoir avec Lise Delamare |
1938 | Entrée des artistes – de Marc Allégret
avec Odette Joyeux
Le drame de Shanghaï – de Georg Wilhelm Pabst avec Gabrielle Dorziat Hôtel du Nord – de Marcel Carné avec Arletty Éducation de prince – de Alexander Esway avec Josette Day La maison du Maltais – de Pierre Chenal avec Jany Holt La fin du jour – de Julien Duvivier avec Victor Francen |
1939 | La charrette fantôme – de Julien Duvivier
avec Pierre Fresnay
Sérénade – de Jean Boyer avec Lilian Harvey |
1940 | Untel père et fils – de Julien Duvivier
avec Raimu
L’école des femmes – de Max Ophüls avec Madeleine Ozeray Inachevé |
1941 | Volpone – de Maurice Tourneur avec Harry Baur |
1946 | Un revenant / Le revenant – de Christian-Jaque
avec Gaby Morlay
Copie conforme – de Jean Dréville avec Suzy Delair |
1947 | Quai de Orfèvres – de Henri-Georges Clouzot
avec Simone Renant
Les amoureux sont seuls au monde – de Henri Decoin avec Renée Devillers |
1948 | Entre onze heures et minuit – de Henri Decoin avec Madeleine Robinson |
1949 | Retour à la vie – de Henri-Georges Clouzot, André Cayatte, Jean Dréville & Georges Lampin
avec Monette Dinay
Segment « Le retour de Jean » de Henri-Georges Clouzot Lady Paname – de Henri Jeanson avec Jane Marken Miquette et sa mère / Miquette – de Henri-Georges Clouzot avec Danièle Delorme |
1950 | Knock / Dr. Knock – de Guy Lefranc avec Marguerite Pierry |
1951 | Une histoire d’amour – de Guy Lefranc avec Dany Robin |