André Claveau

Chanteur à la voix de baryton, animateur d’émissions de radios populaires et acteur, André Claveau est, pendant les décennies quarante et cinquante, l’une des vedettes les plus appréciées du public (surtout féminin), un très grand vendeur de disques et le principal rival de Tino Rossi dans le répertoire des ballades et des chansons d’amour romantique.

André Claveau nait le 29 décembre 1911, à Paris, dans le XVème arrondissement. Elève moyen, il se résout à devenir tapissier-décorateur comme son père et fait l’école Boulle en 1926. il travaille comme graphiste et dessinateur de bijoux, il réalise aussi des décors de théâtre et des affiches de spectacles. Sa carrière de chanteur débute en 1936 après avoir remporté un concours amateur organisé par la station de radio «Le Poste Parisien». La même année, il enregistre son premier disque. En 1938, il participe en tant que «boy» à une revue avec Mistinguett. Il tourne également son premier film sous la direction de Willy Rozier «Champion de France» en tant que chanteur et dans un petit rôle aux côtés de Camille Bert et Milly Mathis. Sous l’occupation, il devient l’animateur d’une émission très populaire sur «Radio Paris» intitulée «Cette heure est à vous» qui conquiert l’auditoire féminin. Il se produit à maintes reprises en vedette dans les music-halls parisiens (l’Européen, Bobino, l’ABC, l’Alhambra) et fréquente Edith Piaf et Charles Trénet qui lui confie la création de sa chanson «Douce France». En 1939, il se produit dans l’opérette «Billie et son équipe», de Michel Emer et Jean Sautreuil, au Théâtre Mogador.

En 1944, on accuse André Claveau d’être un collaborateur du fait de sa présence sur «Radio Paris» ainsi que pour avoir chanté pour les prisonniers. Il est condamné par le Comité d’Epuration Nationale à l’interdiction de chanter du 15 septembre 1944 au 22 janvier 1945 mais ses milliers d’admiratrices ne l’ont pas oublié. Dès 1946, il triomphe aux côtés de Bourvil dans «La bonne hôtesse», opérette de Jean-Jacques Vital et Serge Veber, sur une musique de Bruno Coquatrix et dans une mise en scène de Fred Pasquali, au Théâtre de l’Alhambra. En 1947, il obtient le premier rôle dans le film «Le destin s’amuse» réalisé par Emil Edwin Reinert. Il y interprète un gangster sympathique qui séduit Dany Robin. Noël Roquevert, Robert Murzeau et Jean-Roger Caussimon complètent la distribution.

Les années 50 marquent l’apogée de sa carrière. André Claveau partage son temps entre les émissions de radio et de nombreux succès. («Domino», «Cerisier rose et pommier blanc»). En 1958, il remporte le grand prix lors de la troisième édition du Concours Eurovision de la chanson, avec «Dors mon amour» écrite par Pierre Delanoë et mise en musique par Hubert Giraud. Il participe à un certain nombre de longs métrages, la plupart du temps en tant que chanteur interprétant la chanson du film. Dans des productions comme «Cœur-sur-Mer» (1950) de Jacques-Daniel Norman, «Pas de vacances pour monsieur le Maire» (1951) de Maurice Labro, «La route du bonheur» (1953) de Maurice Labro et Giorgio Simonelli et «French Cancan» (1955) de Jean Renoir, il ne trouve pas de rôle plus intéressant que celui de chanteur de charme. La vague du «yé-yé» au début des années 60 marque le déclin de sa carrière. Il meurt à Agen le 4 juillet 2003. André Claveau aura été un artiste intéressant de l’époque, en dépit de son aveuglement durant l’occupation, grace à son charisme naturel et la qualité de ses chansons.

© Daniel CHOCRON