![]() 1963 Les bandits (llanto por un bandido) de Carlos Saura avec Lino Ventura, Francisco Rabal & Philippe Leroy | ![]() 1970 Le souffle au cœur – de Louis Malle avec Benoît Ferreux, Daniel Gélin, Yvon Lec & Michael Lonsdale | ![]() 1973 La main à couper – de Etienne Périer avec Bernard Blier, Michel Bouquet, Dora Doll & Michel Serrault | ![]() 1980 La flambeuse – de Rachel Weinberg avec Laurent Terzieff, Gérard Blain & Evelyne Dress | ||
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Lea Massari, de son vrai nom Anna Maria Massatani, voit le jour à Rome le 30 juin 1933. Fille d’un architecte, elle grandit dans une famille cultivée et aisée, où l’art, la littérature et l’architecture occupent une place centrale. Adolescente brillante, elle s’oriente d’abord vers des études d’architecture en Suisse, à Lausanne, avant qu’un événement tragique ne modifie le cours de son destin: la mort prématurée de son fiancé, Léo. En hommage à ce dernier, elle adopte le prénom «Lea», qu’elle conservera comme nom de scène tout au long de sa carrière.
Son entrée dans le monde du cinéma se fait de manière presque fortuite, au tournant des années 1950. Elle débute en 1954 dans le film «Du sang dans le soleil» de Mario Monicelli, où elle attire l’attention par sa présence magnétique et son regard à la fois doux et troublant. Rapidement, elle s’impose comme une figure montante du cinéma italien, mais c’est à l’international qu’elle trouve véritablement sa place. Le rôle qui lui vaut une reconnaissance mondiale survient en 1959 avec «L’avventura» de Michelangelo Antonioni. Elle y incarne Anna, la femme disparue qui hante tout le film. Paradoxalement, c’est l’absence de son personnage qui donne sa puissance dramatique à l’œuvre. Lea Massari y impose un mystère et une élégance singulière, devenant une icône du cinéma d’auteur. Ce rôle marque une étape décisive: elle devient dès lors l’un des visages féminins incontournables du cinéma européen des années 1960 et 1970.
S’ensuit une série de collaborations prestigieuses. En 1961, Lea Massari joue dans «Une vie difficile» de Dino Risi, avant de rejoindre Claude Sautet dans «Les choses de la vie» (1969), aux côtés de Michel Piccoli et Romy Schneider. Elle y campe Catherine, une femme forte et fragile à la fois, dans un rôle marquant de la Nouvelle Vague française. Sa prestation subtile renforce sa réputation de comédienne intense, capable de retranscrire les émotions les plus complexes avec une économie de gestes rare. Elle travaille aussi avec Carlos Saura pour «Les bandits» (1963), Alain Cavalier pour «L’insoumis» (1964), Mario Camus pour «Grazie, amore mio» (1967). Tout au long des années 1970, Lea Massari alterne entre productions italiennes et françaises. Elle tourne «Le souffle au cœur» (1970) de Louis Malle, où elle incarne une mère dans un rôle audacieux et controversé, salué par la critique. Elle donne également la réplique à Yves Montand dans «I… comme Icare» (1979) de Henri Verneuil, thriller politique où elle campe une femme de pouvoir, symbole de son refus de se cantonner aux rôles traditionnels féminins. Elle partage également l’affiche avec Michel Serrault, Bernard Blier et Michel Bouquet dans «...la main à couper» (1973), un thriller à la sauce Claude Chabrol.
Loin de chercher la lumière à tout prix, Lea Massari fait le choix de la discrétion. Elle privilégie des rôles exigeants, fuyant les paillettes pour se consacrer à un art profond du jeu. Dans les années 1980, elle réduit progressivement ses apparitions à l’écran. Elle tourne encore dans quelques films, notamment pour la télévision, avant de se retirer presque complètement du monde du cinéma dans les années 1990. Son élégance, son mystère et son intelligence artistique laissent une empreinte durable dans l’histoire du cinéma européen. Loin des stéréotypes de l’actrice glamour, elle incarne une féminité libre, parfois dérangeante, toujours sincère. Elle est morte à Rome, le lundi 23 juin 2025, à l’âge de 91 ans.
© Philippe PELLETIER

1954 | Du sang dans le soleil ( proibito ) de Mario Monicelli avec Mel Ferrer |
1957 | Rien que nous deux ( i sogni nelle cassetto ) de Renato Castellani avec Enrico Pagano |
1958 | Résurrection ( aufertehung / resurrezione ) de Rolf Hansen avec Horst Buchholz |
1959 | L’avventura – de Michelangelo Antonioni avec Gabriele Ferzetti |
1960 | Le colosse de Rhodes ( il colosso di Rodi ) de Sergio Leone
avec Rory Calhoun
Ça c’est passé à Rome ( la giornata balorda ) de Mauro Bolognini avec Jean Sorel |
1961 | I sogni muoiono all’alba – de Mario Craveri & Enrico Gras
avec Renzo Montagnani
Gobelet d’Or de la meilleure actrice à la cérémonie des Gobelets d’Or, Italie Une vie difficile ( una vita difficile ) de Dino Risi avec Alberto Sordi David Spécial pour sa performance aux prix David di Donatello, Italie Mort d’un bandit ( morte di un bandito ) de Giuseppe Amato avec Francisco Rabal Le monte-charge – de Marcel Bluwal avec Robert Hossein |
1962 | La bataille de Naples ( le quattro giornate di Napoli ) de Nanni Loy
avec Gian Maria Volonté
Laceno d’Or de la meilleure actrice au festival du cinéma néoréaliste d’Avellino, Italie L’arsenal de la peur ( the captive city / la città prigioniera / conquered city ) de Joseph Anthony avec David Niven |
1963 | Gli imbroglioni – de Lucio Fulci
avec Fanfulla
Seulement chansons Les bandits / La charge des rebelles ( llanto por un bandido / cavalieri della vendetta ) de Carlos Saura avec Philippe Leroy |
1964 | L’insoumis – de Alain Cavalier
avec Georges Géret
La coda del diavolo – de Moraldo Rossi avec Gil Vidal Des filles pour l’armée ( le soldatesse ) de Valerio Zurlini avec Tomas Milian |
1965 | Made in Italy – de Nanni Loy
avec Walter Chiari
Segment « Usi e costumi » épisode 3 |
1966 | Le jardin des délices ( il giardino delle delizie ) de Silvano Agosti avec Maurice Ronet |
1967 | Grazie, amore mio ( volver a vivir ) de Mario Camus avec Raf Vallone |
1968 | Clayton l’implacable ( lo voglio morto / lo quiero muerto ) de Paolo Bianchini avec Craig Hill |
1969 | Les choses de la vie – de Claude Sautet
avec Michel Piccoli
La machination ( senza via d’uscita / las fotos de una mujer decente ) de Piero Sciumè avec Roger Hanin Paul et Françoise ( Paolo e Francesca ) de Gianni Vernuccio avec Gérard Blain |
1970 | Mio padre Monsignore – de Antonio Raccioppi
avec Gastone Moschin
Seulement chansons Céleste – de Michel Gast avec Jean Rochefort Le souffle au cœur – de Louis Malle avec Daniel Gélin Gobelet d’Or de la meilleure actrice à la cérémonie des Gobelets d’Or, Italie |
1971 | Le professeur ( la prima notte di quiete ) de Valerio Zurlini
avec Alain Delon
Ruban d’Argent du meilleur second rôle féminin par le syndicat italien des journalistes de cinéma, Italie La course du lièvre à travers les champs – de René Clément avec Robert Ryan |
1972 | La femme en bleu – de Michel Deville
avec Michel Aumont
Le silencieux – de Claude Pinoteau avec Lino Ventura Le fils – de Pierre Granier-Deferre avec Yves Montand |
1973 | Allonsanfan – de Paolo Taviani & Vittorio Taviani
avec Marcello Mastroianni
L’impossible objet ( story of a love story / impossible object ) de John Frankenheimer avec Alan Bates La main à couper – de Etienne Périer avec Bernard Blier |
1974 | La ligne du fleuve ( la linea del fiume ) de Aldo Scavarda
avec John Hurt
Peur sur la ville – de Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo Chi dice donna, dice donna – de Tonino Cervi avec Luigi Proietti |
1975 | L’ordinateur des pompes funèbres – de Gérard Pirès avec Claude Piéplu |
1976 | Antonio Gramsci ( Antonio Gramsci: I giorni del carcere ) de Lino Del Fra
avec Raymond Pellegrin
Vengeance / Les crocs du diable ( el perro / the dog ) de Antonio Isasi-Isasmendi avec Jason Miller Repérages – de Michel Soutter avec Jean-Louis Trintignant DO Rafael Alberti en Roma... y en España – de Francisco Rabal avec Giuliano Gemma Seulement apparition |
1977 | Violette et François – de Jacques Rouffio
avec Serge Reggiani
Sale rêveur – de Jean-Marie Périer avec Jacques Dutronc |
1978 | Les rendez-vous d’Anna – de Chantal Akerman
avec Jean-Pierre Cassel
Le Christ s’est arrêté à Eboli ( Cristo si è fermato a Eboli ) de Francesco Rosi avec Alain Cuny Ruban d’Argent du meilleur second rôle féminin par le syndicat italien des journalistes de cinéma, Italie |
1979 | Le divorcement – de Pierre Barouh avec Michel Piccoli |
1980 | La flambeuse – de Rachel Weinberg avec Laurent Terzieff |
1982 | Sarah – de Maurice Dugowson avec Jean-Claude Brialy |
1984 | La septième cible / La 7ème cible – de Claude Pinoteau avec Jean Poiret |
1985 | Segreti, segreti – de Giuseppe Bertolucci avec Alida Valli |
1988 | Una donna spezzata – de Marco Leto
avec Erland Josephson
+ scénario |
1989 | Viaggio d’amore – de Ottavio Fabbri avec Omar Sharif |
AUTRES PRIX : | |
Etoile de Cristal de la meilleure actrice étrangère aux prix de l’Académie du cinéma Français, France ( 1973 ) Laceno d’Or pour sa carrière au festival du cinéma néoréaliste d’Avellino, Italie (1986) |