John Justin

C’est à Knightsbridge, quartier huppé de Londres, que John Justinian de Ledesma naît le 24 novembre 1917. Il grandit dans le ranch de son père, un éleveur argentin aisé, naturalisé britannique. Il fait ses études à la Bryanston School, dans le Dorset. Adolescent, il apprend à piloter des avions en Argentine, mais les autorités lui refuse la permission de voler seul, en raison de son âge. En 1933, en Angleterre, contre la volonté de son père, il rejoint la troupe théâtrale de la Plymouth Repertory Company. Quatre ans plus tard, il intègre la Royal Academy of Dramatic Art. Il y fait un passage éclair préférant suivre la compagnie de John Gielgud, se produisant sur scène sous le nom de John Justin.

En 1938, Alexander Korda entreprend la production du «Voleur de Bagdad», Jon Hall et Vivien Leigh sont pressentie pour les rôles principaux, mais indisponibles, Korda engage finalement John Justin pour interpréter le Prince Ahmad et June Duprez la belle princesse. Conrad Veidt en grand vizir, Rex Ingram en génie et Sabu en jeune voleur complètent la distribution. Le film sort en 1940 après de longs mois d’un tournage éprouvant, interrompu par le début de la Seconde Guerre mondiale. Le succès est planétaire et le film remporte 3 Oscars en 1941. L’acteur s’engage dans la Royal Air Force comme pilote d’essai et instructeur de vol. Au cours de son service, il est autorisé à jouer dans deux films de propagande: «Femmes en guerre» (1942) de Leslie Howard, qui rend hommage aux femmes engagées dans la guerre, et «La grande aventure» (1945) de John Boulting, qui promeut la coopération des aviateurs américains et britanniques.

Après le conflit et la fin de son engagement militaire, John Justin revient sur scène, notamment dans le rôle d’Horatio pour «Hamlet», mis en scène par Paul Scofield, ou dans celui de Cassio dans «Othello». Pour le grand écran, il est distribué dans «L’ange à la trompette» (1949) de Anthony Bushell, une sombre histoire d’amour sur fond de persécution nazie. En 1952, il retrouve le costume de pilote dans «Le mur du son», réalisé par David Lean. L’année suivant, il signe un contrat avec la 20th Century Fox pour être le rival de Tyrone Power, dans le cœur de Terry Moore, pour le film d’aventure «Capitaine King» de Henry King. John Justin est à nouveau associé à Tyrone Power et Henry King dans «Tant que soufflera la tempête», où il incarne le mari de Susan Hayward qui finira tué par les Zoulous, laissant le champ libre à l’amour entre Susan et Tyrone. Puis, il vit une passion amoureuse interraciale avec Dorothy Dandridge dans «Une île au soleil» (1957) de Robert Rossen. En France, on le voit aux côtés de Madeleine Robinson et Jean-Claude Pascal dans «La salamandre d’or» (1962), un film historique de Maurice Régamey. En Espagne, il tourne le film policier «Razzia» (1971) de José Antonio de la Loma. Par la suite, il apparait dans deux films de Ken Russell et deux de Michael Winner. Mais depuis la fin des années 50 et son entrée à l’Old Vic, sa carrière est principalement orientée vers le théâtre.

John Justin a prêté sa voix pour des dramatiques diffusées sur la BBC. Il a aussi participé à plusieurs pièces filmées pour la télévision, des téléfilms et des séries. L’acteur s’est marié trois fois, avec la danseuse et chorégraphe Pola Nirenska, puis avec l’actrice Barbara Murray de 1952 à 1964, avec qui il a eu trois filles, et enfin, de 1970 jusqu’à son décès en novembre 2002, avec l’actrice Alison McMurdo.

© Pascal DONALD