Francis Lai

Fils d’horticulteurs, Francis Lai est né le 26 avril 1932 à Nice. Initié par un cousin à l’accordéon, il fait ses premières gammes dans les orchestres de la région niçoise. Alors qu’il se produit dans un cabaret à Lyon, il est sollicité par la chanteuse Claude Goaty, qu’il suit à Paris et s’installe à Montmartre. Dans «La Taverne d’Attilo» située place du Tertre, il côtoie Bernard Dimey avec lequel il compose sa première chanson. Après un passage dans l’orchestre de Michel Magne, il devient l’accompagnateur de Edith Piaf ainsi que l’un de ses compositeurs. Auteur de plus de 600 chansons, il collabore avec Jacqueline Dulac pour «Venise sous la neige» (1967) ou Yves Montand pour «A bicyclette» (1968).

En 1965, Francis Lai rencontre, par l’intermédiaire de Pierre Barouh, le cinéaste Claude Lelouch qui lui propose de collaborer à la bande originale de la parodie de James Bond «Les grands moments» qui demeure inédit en salle. En dépit du succès de son film précédent «Une fille et des fusils» dont il est la suite, le film ne trouve pas de distributeur et Claude Lelouch détruit les négatifs. À l’époque, ses collaborations se limitent à des courts-métrages et au film à sketchs «La chance et l’amour» (1964). Ils poursuivent leur collaboration sur «Un homme et une femme» (1965) marquée par la chanson éponyme interprétée par Nicole Croisille et Pierre Barouh. Un titre rendu célèbre par les paroles «Da ba da ba da, da ba da ba da» déformées par la mémoire collective en «Cha ba da ba da». Entre Francis Lai et Claude Lelouch c’est le début «d’une grande histoire d’amour de 50 ans sur 35 ans» comme le souligne le cinéaste au moment du décès du compositeur. Il poursuit en soulignant qu’il «était la première personne à qui je racontais mes films puisque j’ai toujours enregistré la musique de mes films avant». Ainsi de la comédie dramatique «Vivre pour vivre» (1967) au film choral «Chacun sa vie» (2016), ils poursuivent leur collaboration au gré des succès et des échecs du cinéaste. Pour Claude Lelouch, il effectue une apparition en accordéoniste aveugle dans «Smic smac smoc» (1970) avec Catherine Allégret.

Récompensé de l’Oscar du meilleur film étranger, «Un homme et une femme» lui vaut d’être sollicité par Hollywood. À cause de sa phobie aérienne, il n’est pas tenté par une carrière aux Etats-Unis à l’instar de Maurice Jarre. Néanmoins, convaincu par le producteur Bob Evans et le réalisateur Arthur Miller, il écrit la musique de «Love story» (1970) avec Ali MacGraw et Ryan O’Neal. Récompensée de l’Oscar de la meilleure. musique originale, la chanson «Where do I begin» créée par Andy Williams reprise par Mireille Mathieu sous le titre «Une histoire d’amour» est l’un des plus grands succès de 1971. En 1974, il se voit confier par Claude Contamine l’habillage musical de la chaîne FR3, 3ème chaîne du service public à vocation régionale qui devient France 3, en 1992. Il compose l’indicatif musical du générique de l’émission «Cinéma de minuit» sous le titre «Les étoiles du cinéma». Il collabore avec d’autres cinéastes comme René Clément, Henri Verneuil, Yves Boisset, Claude Zidi ou Philippe de Broca.

Alors qu’il travaille avec Calogéro sur la suite de «Un homme et une femme» de Claude Lelouch, le maire de Nice, Christian Estrosi annonce à l’AFP le 7 novembre 2018 le décès de Francis Lai à l’âge de 86 ans. A ses obsèques célébrées dans sa ville natale, Claude Lelouch rend hommage à «l’homme de sa vie» qu’il qualifie «d’ange déguisé en accordéoniste».

© Olivier SINQSOUS