1943 Le chant de Bernadette (the song of Bernadette) de Henry King avec Jennifer Jones & Charles Bickford | 1944 Le grand National (the National Velvet) de Clarence Brown avec Mickey Rooney & Elizabeth Taylor | 1946 Carnaval au Costa Rica (carnival in Costa Rica) de Gregory Ratoff avec Cesar Romero & Vera-Ellen | 1947 Le mur invisible (gentleman’s agreement) de Elia Kazan avec Gregory Peck & Dorothy McGuire | ||
Un long visage un peu osseux et un large front souvent dégagé par de sages coiffures victoriennes, Anne Revere sait exprimer comme personne, dans les nombreux rôles de mères qu’elle interprète, la douloureuse dignité des pauvres et leur révolte muette contre la misère. Cette actrice au jeu frémissant, née le 25 juin 1903 à New York et descendante du héros de la Révolution américaine Paul Revere, est formée à l’American Laboratory Theatre de New York, où officient Richard Boleslawski et Maria Ouspenskaya, anciens élèves de Stanislavski. Forte de ce bagage théâtral et habituée à s’imprégner de toutes les émotions de ses personnages, elle fait ses débuts à Broadway, en 1931, dans «The great Barrington» de Franklin L. Russell. Au long des années 30, on la voit aussi dans «The children’s hour» (1936) de Lilian Hellman ou dans «Comme il vous plaira» (1939) de Shakespeare. Elle ne remonte sur la scène que dans les années 50, pour interpréter des pièces d’Elmer Rice, comme «Cue for passion», en 1958, avec John Kerr, ou de Lonnie Coleman, comme «Joklly’s progress», l’année suivante.
Ces rôles de mères qui la rendent célèbres, des femmes toujours stoïques mais aussi chaleureuses et dures à la peine, Anne Revere leur confit une intensité vibrante, et une humanité si vraie et si touchante qu’elle sait gagner le cœur des spectateurs et celui des critiques, pourtant plus endurci. C’est la mère de Bernadette Soubirous, femme humble et écrasée par le sort qui, dans «Le chant de Bernadette» (1943) avec Jennifer Jones, est la première à mettre en son enfant la foi qu’elle mérite; c’est celle de Elizabeth Taylor, dans «Le grand national» (1944), qui encourage sa fille à entraîner son cheval favori; c’est encore celle de Gregory Peck, le journaliste qui dénonce l’antisémitisme dans «Le mur invisible» (1947). La gravité tendue de certains de ses meilleurs rôles n’empêche nullement Anne Revere d’apparaître dans des comédies enlevées, comme «Are husbands necessary?» (1942) de Norman Taurog, ou, la même année, «Les folles héritières» de Irving Rapper, avec Barbara Stanwyck. Elle y interprète parfois des vieilles filles excentriques ou des personnages névrosés, aux frontières de la folie. Elle accepte même de paraître en reine exotique d’une île du Pacifique dans «Lona la sauvageonne» (1944) de Ralph Murphy, avec Dorothy Lamour! Elle compose encore quelques personnages fantasques, comme cette Crazy Mary de «L’introuvable rentre chez lui» (1944) et, une fois de plus, quelques figures de mères, comme celle de Gene Tierney dans «Le château du dragon» (1946) de Joseph L. Mankiewicz ou bien celle de Mary Lee qui, dans «Shantytown» (1943) de Joseph Santley, vit avec sa famille dans une masure délabrée.
Puis, en 1951, sa carrière se brise sur la frénésie anticommuniste qui saisit tout un peuple. Fidèle à ses idées, elle invoque le 5ème Amendement pour refuser de répondre aux questions haineuses de la Commission des activités anti-américaines. Elle démissionne de ses fonctions de trésorière de la «Screen Actors Guild» et Hollywood la place sur une «liste noire» qui la tient éloignée des écrans durant près de 20 ans. Elle se réfugie alors sur le petit écran, jouant dans des séries comme «The play of the week» (1956) ou «A flame in the wind» (1964), avant de reparaître au cinéma, au début des années 70, dans un film de Otto Preminger, «Dis-moi que tu m’aimes, Junie Moon». Avec son mari, l’acteur et metteur en scène Samuel Rosen, elle ouvre à Los Angeles une école d’art dramatique située ensuite à New York. Anne Revere s’éteint d’une pneumonie, le 18 décembre 1990, dans son domicile de Locust Valley, près de New York.
© Jean-Pascal LHARDY
1934 | Double door – de Charles Vidor avec Kent Taylor |
1940 | One crowded night – de Irving Reis
avec William Haade
L’arbre de la liberté / Howard le révolté ( the Howards of Virginia / the tree of liberty ) de Frank Lloyd avec Cary Grant The devil commands / The devil said no / When the devil commands – de Edward Dmytryk avec Boris Karloff |
1941 | Des hommes vivront ( men of boys town ) de Norman Taurog
avec Spencer Tracy
La belle ensorceleuse ( the flame of New Orleans ) de René Clair avec Marlene Dietrich Souvenirs ( H.M. Pulham Esq. ) de King Vidor avec Heddy Lamarr Adieu jeunesse / Souviens-toi du jour ( remember the day ) de Henry King avec Claudette Colbert Evitons le scandale ( design for scandal ) de Norman Taurog avec Walter Pidgeon |
1942 | Meet the Stewarts – de Alfred E. Green
avec William Holden
Le retour du faucon ( the falcon takes over ) de Irving Reis avec George Sanders Madame exagère ( are husbands necessary ? ) de Norman Taurog avec Ray Milland Les folles héritières ( the gay sisters ) de Irving Rapper avec George Brent Au pays du rythme ( star sprangled rhythm ) de George Marshall avec Franchot Tone The meanest man in the world – de Sidney Lanfield avec Jack Benny |
1943 | Shantytown – de Joseph Santley
avec John Archer
L’impossible amour ( old acquaintance ) de Vincent Sherman avec Bette Davis Le chant de Bernadette ( the song of Bernadette ) de Henry King avec Jennifer Jones |
1944 | L’amour cherche un toit ( standing room only ) de Sidney Lanfield
avec Edward Arnold
Lona la sauvageonne / L’île des hommes perdus ( Rainbow Island ) de Ralph Murphy avec Barry Sullivan Sunday dinner for a soldier – de Lloyd Bacon avec John Hodiak Le grand National ( the National Velvet ) de Clarence Brown avec Elizabeth Taylor Oscar du meilleur second rôle féminin, USA Les clefs du royaume ( the keys of the kingdom ) de John M. Stahl avec Gregory Peck L’introuvable rentre chez lui / Le tableau qui accuse ( the thin man goes home ) de Richard Thorpe avec William Powell |
1945 | Don Juan Quilligan – de Frank Tuttle
avec William Bendix
Anges déchus / Crime passionnel ( fallen angel ) de Otto Preminger avec Dana Andrews |
1946 | Le château du dragon ( dragonwyck ) de Joseph L. Mankiewicz
avec Walter Huston
L’extravagante Miss Pilgrim ( the shocking Miss Pilgrim ) de George Seaton avec Betty Grable Carnaval au Costa Rica ( carnival in Costa Rica ) de Gregory Ratoff avec Cesar Romero |
1947 | Sang et or ( body and soul / an affair of the heart ) de Robert Rossen
avec John Garfield
Ambre ( forever Amber ) de Otto Preminger avec Linda Darnell Le mur invisible ( gentleman’s agreement ) de Elia Kazan avec Gregory Peck Le secret derrière la porte ( secret beyond the door ) de Fritz Lang avec Michael Redgrave |
1948 | Bagarre pour une blonde ( scudda hoo ! scudda hay ! / summer lightning ) de F. Hugh
Herbert avec Walter Brennan
L’orphelin de la mer ( deep waters ) de Henry King avec Jean Peters |
1949 | Tel père, telle fille ( you’re my everything ) de Walter Lang avec Dan Dailey |
1950 | Les rebelles du Missouri ( the great Missouri raid ) de Gordon Douglas
avec Wendell Corey
CM Screen actors – de Hal Elias avec Lionel Barrymore Seulement apparition |
1951 | Une place au soleil ( a place in the sun ) de George Stevens avec Montgomery Clift |
1969 | Dis-moi que tu m’aimes, Junie Moon ( tell me that you love me, Junie Moon ) de Otto Preminger avec Liza Minnelli |
1970 | Macho Callahan – de Bernard L. Kowalski avec David Janssen |
1975 | Birch interval – de Delbert Mann avec Eddie Albert |