Maria Ouspenskaya

Fille d’un avocat, Mariya Uspenskaya nait le 29 juillet 1876 (ou 1887, selon certaines sources) dans le village de Toula, de l’Empire Russe sous le règne du Tsar Alexandre III, quelques mois après le décès de Maria Nicolaïevna Grande Duchesse protectrice des arts. Elle étudie l’opéra à Varsovie, en Pologne, et l’art dramatique à l’école d’Adasheff de Moscou. C’est la qu’elle rencontre Konstantin Stanislavski dont elle suivra les précieux conseils tout au long de sa carrière. Elle devient rapidement un personnalité éminente de la scène russe et apparaît dans quelques productions cinématographiques. En 1922, elle simplifie son patronyme et devient Maria Ouspenskaya. Cette même année, elle part en tournée aux Etats-Unis avec la troupe de théâtre dans laquelle elle travaille. Ils y resteront six ans, se produisant notamment à Broadway, puis retourne en Russie. Maria y revient un an plus tard, en 1929, et fonde l’Ecole d’Art Dramatique de New-York.

Afin de subvenir aux besoins de l’établissement, elle accepte l’offre que lui fait un producteur d’Hollywood, à savoir, de faire partie de la distribution de «Dodsworth», que met en chantier William Wyler en 1936. L’histoire d’un homme d’affaires, Walter Huston, qui découvre la frivolité de sa jeune épouse, Ruth Chatterton, au cours d’un voyage en Europe. Il rencontre une autre femme, Mary Astor, qui va lui redonner une nouvelle foi en la vie malgré les tentatives de réconciliation infructueuses de sa femme. Cette excellente romance dramatique sera nommée neuf fois aux Oscars de 1937. Pour son premier film américain, l’actrice apparaît au générique sous le nom de Madame Maria Ouspenskaya, car sa prestigieuse carrière théâtrale l’a déjà précédée dans la cité des anges. Cette incursion dans le paysage hollywoodien devient très vite lucratif aussi bien pour elle et les producteurs d’Hollywood. Elle décide de «déménager» son école sur les collines d’Hollywood vers la fin des années trente. L’attitude de Maria Ouspenskaya déboute énormément. En effet, elle arbore un air suffisant, qui a le don d’énerver ses partenaires, mais, le plus extravagant, est qu’elle choisit ses films selon les astres!

Maria Ouspenskaya apparaît tout aussi bien dans de prestigieuses productions telles que «Elle et lui» (1939) de Leo McCarey avec Charles Boyer; «La mousson» (1939) de Clarence Brown, avec George Brent; que dans des séries B comme «Le loup-garou» (1941) de George Waggner, avec Claude Rains; «Frankenstein contre le loup-garou» (1942) avec Bela Lugosi; «Le mystère de Marie Roget» (1942), de Phil Rosen; «Tarzan et les Amazones» (1945) de Kurt Neumann, avec Johnny Weissmuller. Mais, quelque soit la le film dans lequel elle apparaît, son jeu se fait toujours avec la même intensité. Durant sa carrière, Maria Ouspenskaya sera nominée deux fois pour l’Oscar du meilleur second rôle: en 1936 pour «Dodsworth» puis en 1939 pour son interprétation dans «Elle et lui». Certains de ses étudiants sont devenus très célèbres, notons, entre autres John Garfield, Lee Strasberg, Elia Kazan ou encore Stella Adler, qui s’est notamment servie de l’enseignement prodigué par Maria Ouspenskaya, pour mettre le pied à l’étrier à de jeunes comédiens comme Marlon Brando.

Fumeuse invétérée, Maria Ouspenskaya, s’endort un soir de novembre 1949 avec sa cigarette allumée. Son lit prend feu, atteinte de nombreuses brûlures, elle décède à Los Angeles le 3 décembre 1949.

© Christophe LAWNICZAK