Alan Ladd

Alan Walbridge Ladd naît le 3 septembre 1913 à Hot Springs, dans l’Arkansas. Il a une enfance difficile, marquée par la pauvreté. Sa chance, ce sont ses dons sportifs qui lui permettent de la saisir. Il joue au football, fait de la course à pied et manque de peu d’être qualifié, en tant que plongeur, pour les jeux olympiques de 1932. Intéressé par la comédie, il suit les cours d’Universal et s’exerce, sur les plateaux de tournage, aux petits métiers du cinéma. Dès le début des années 1930, il fait de la figuration, y compris dans le fameux «Citizen Kane» de Orson Welles.

La mèche blonde, le visage un peu poupin, Alan Ladd est de petite taille. Au point qu’il lui faut, paraît-il, se hisser sur un tabouret pour embrasser ses partenaires, ce qui a obligé les chefs-opérateurs à ne le filmer qu’en plan américain. À partir du début des années 1940, sa carrière prend son envol, et pendant vingt ans, Alan Ladd tourne beaucoup. Des films d’aventures d’abord, souvent exotiques. Ainsi, dans «Le défilé de la mort» (1943) de John Farrow, il conduit des camions durant l’occupation japonaise du pays. Dans «Trafic à Saïgon» (1948) de Leslie Fenton, Alan Ladd, ex-pilote de guerre au chômage, retrouve, une fois encore, Veronica Lake, pour des aventures orientales. C’est en Inde qu’il campe aussi un trafiquant d’armes dans «Tonnerre sur le temple» (1953) de Charles Vidor. Il navigue aussi beaucoup: enrôlé de force et mutin, il dirige une révolte dans «Révolte à bord» (1946) de John Farrow, qui, en 1953, pour «Les bagnards de Botany Bay» lui donne le rôle d’un étudiant injustement condamné qui, dans un navire transportant des bagnards, s’oppose à un capitaine brutal, campé par James Mason. On a aussi vu Alan Ladd dans de nombreux westerns, dont le plus emblématique est, bien sûr, le célèbre «Homme des vallées perdues» (1953) de George Stevens, où il joue un preux du Far West, sorti de nulle part et suscité par le Destin pour aider une fermière, Jean Arthur dans son dernier rôle, et son petit garçon, l’émouvant Brandon De Wilde, à lutter contre un méchant d’anthologie incarné par Jack Palance. Dans «Les hors-la-loi» (1960), il donne vie à un homme implacable obsédé par la vengeance.

Mais c’est peut-être pour sa participation à quelques-uns des plus beaux films noirs du cinéma que Alan Ladd est, à juste titre, le plus connu. En 1942, l’acteur joue les agents doubles, dans «Tueur à gages» (1942) de Frank Tuttle, où, face à Veronica Lake, il incarne un tueur professionnel à la beauté glacée, qui n’aime que les chats. La même année, dans «La clé de verre» de Stuart Heisler, d’après Dashiell Hammett, il s’amourache de la vénéneuse Veronica Lake. Dès lors, un des couples légendaires du cinéma vient de naître sous nos yeux, Alan Ladd, à la blondeur presque angélique, et Veronica Lake, la femme à la frange. On les revoit encore, évoluant dans l’atmosphère trouble et envoûtante du «Dahlia bleu» (1946) de George Marshall, sur un scénario de Raymond Chandler et dans «Trafic à Saïgon» (1948) un thriller réalisé par Leslie Fenton.

Le 29 janvier 1964, Alan Ladd est retrouvé inanimé dans sa maison de Palm Springs, en Californie. L’enquête révèle que la veille, il a pris des sédatifs avec une forte dose d’alcool et conclut à un accident. Peu de temps auparavant, l’acteur, déprimé, avait tenté de se suicider en se tirant une balle de revolver. C’est ce qui explique les rumeurs de suicide qui ont couru avec insistance.

© Jean-Pascal LHARDY