![]() 1947 Le village perdu – de Christian Stengel avec Gaby Morlay, Alfred Adam, Line Noro & Noël Roquevert | ![]() 1949 Premières armes – de René Wheeler avec Michèle Alfa, Paul Frankeur, Henri Poupon & Julien Carette | ![]() 1955 Bob le flambeur – de Jean-Pierre Melville avec Isabelle Corey, Daniel Cauchy & Roger Duchesne | ![]() 1959 Les 400 coups – de François Truffaut avec Jean-Pierre Léaud, Claire Maurier & Georges Flamant | ||
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Guy Decomble appartient à ces seconds rôles qui mettent tant de naturel et d’humanité vraie dans leurs compositions qu’on croit volontiers qu’ils se contentent d’être à l’écran ce qu’ils sont dans la vie. Or, rien n’est plus difficile, pour un acteur, que de trouver le «la», ce ton si juste que le spectateur se dit, en son for intérieur: «mais ce n’est pas du cinéma, c’est la vie même!». Le nom de Guy Decomble, né le 10 novembre 1910, évoque aussitôt un rôle, celui de l’instituteur du jeune Jean-Pierre Léaud, dans le film qui a fait connaître François Truffaut, «Les 400 coups» (1959), l’une des œuvres emblématiques de la Nouvelle Vague. On se souvient des démêlés de ce maître d’école avec cet élève rétif, qui, pour expliquer son absence, invente une excuse imparable. Suit un dialogue devenue culte: «C’est ma mère, M’sieur. -Qu’est-ce qu’elle a, ta mère?. - Elle est morte!». À le voir, et à l’entendre, sur son estrade, ânonner les mots d’une dictée pour ses chères têtes blondes, on a vraiment l’impression qu’il a fait cela toute sa vie.
Il aborde la comédie, au début des années 30, par l’intermédiaire du Groupe Octobre. Proche du parti communiste et appartenant à la Fédération du théâtre ouvrier de France (FTOF), ce mouvement théâtral est animé par Jacques Prévert. Guy Decomble, Paul Frankeur, Sylvia Bataille, Roger Blin ou Jean Dasté jouent ainsi dans les usines en grève, durant le Front populaire, ou même dans la rue, s’efforçant de rapprocher le théâtre du peuple. Presque au même moment, Guy Decomble vient au cinéma grâce à Pierre Prévert, le frère de Jacques Prévert, qui lui offre un petit rôle, non crédité, dans «L’affaire est dans le sac» (1932). Ainsi débute, durant trois décennies, et jusqu’à sa mort prématurée, en 1964, une carrière assez abondante, qui voit le comédien tourner, certaines années, jusqu’à six films par an.
Les rôles restent souvent modestes, mais Guy Decomble a le temps de crayonner des silhouettes d’hommes du peuple, comme ce garde-barrière de «La bête humaine» (1938), de Jean Renoir, ou ce rémouleur d’«Adieu Léonard» (1943), de Pierre Prévert, ou de notables, comme l’édile de «Patrie» (1945), de Louis Daquin, ou, rôle inhabituel, ce notaire à lunettes, froid et retors, qui, dans «La grande meute» (1944), de Jean de Limur, repousse les avances mondaines de Jacques Dumesnil et lui annonce l’état peu reluisant de ses finances. À toutes ces compositions, il ajoute toujours ces petits détails vrais qui confèrent une épaisseur humaine à ses personnages. Ses policiers ne font pas de ronds de jambe, ils vont droit au but. Ce qui déplaît parfois à leurs supérieurs. Ainsi, dans «Le dossier noir» (1954), de André Cayatte, Bernard Blier coupe sèchement l’inspecteur qu’il incarne, car il vient de houspiller une vieille femme pour qu’elle dise ce qu’elle sait; «ne tutoyez pas le témoin», lui enjoint-il.
Dans la filmographie du comédien, se détachent d’autres rôles. Celui d’un des frères de Charles Vanel qui, dans «La ferme du pendu» (1945), de Jean Dréville, se voit interdire, comme les autres, un mariage qui entraînerait le partage de la succession paternelle; le mineur trompé par sa femme, joué par Viviane Romance, dans «La maison sous la mer» (1946), de Henri Calef. Le comédien y est toujours très crédible en travailleur laborieux, comme l’est aussi le forain de «Jour de fête» (1948), de Jacques Tati, qui monte son chapiteau tout en faisant les yeux doux à une accorte villageoise. Egalement dialoguiste à ses heures, et assistant réalisateur sur deux films de Louis Daquin, Guy Decomble s’éteint le 14 août 1964.
© Jean-Pascal LHARDY

1932 | L’affaire est dans le sac – de Pierre Prévert avec Julien Carette |
1935 | Le crime de monsieur Lange – de Jean Renoir avec Florelle |
1937 | La citadelle du silence – de Marcel L’Herbier
avec Annabella
Drôle de drame / Drôle de drame ou l’étrange aventure du docteur Moulyneux – de Marcel Carné avec Françoise Rosay Forfaiture – de Marcel L’Herbier avec Sessue Hayakawa Le temps des cerises – de Jean-Paul Le Chanois avec Gabrielle Fontan |
1938 | La bête humaine – de Jean Renoir avec Simone Simon |
1942 | Dernier atout – de Jacques Becker
avec Mireille Balin
Le voyageur de la Toussaint – de Louis Daquin avec Assia Noris + assistant réalisateur Madame et le mort – de Louis Daquin avec Renée Saint-Cyr |
1943 | Adieu Léonard / La bourse ou la vie – de Pierre Prévert
avec Charles Trénet
Premier de cordée – de Louis Daquin avec Irène Corday |
1944 | Le dernier sou / La merveille blanche – de André Cayatte
avec Annie France
Farandole – de André Zwoboda avec Gaby Morlay La grande meute – de Jean de Limur avec Jacqueline Porel Florence est folle – de Georges Lacombe avec Annie Ducaux |
1945 | François Villon – de André Zwoboda
avec Serge Reggiani
La ferme du pendu – de Jean Dréville avec Charles Vanel Sérénade aux nuages – de André Cayatte avec Tino Rossi Le couple idéal – de Bernard-Roland & Raymond Rouleau avec Hélène Perdrière Patrie – de Louis Daquin avec Maria Mauban |
1946 | Rêves d’amour – de Christian Stengel
avec Mila Parély
La maison sous la mer – de Henri Calef avec Viviane Romance DO Couleur de Venise – de Jean Faurez & Jacques Mercanton Seulement voix & narration |
1947 | Les jeux sont faits – de Jean Delannoy
avec Micheline Presle
Le village perdu – de Christian Stengel avec Line Noro |
1948 | Vire-vent – de Jean Faurez
avec Sophie Desmarets
Scandale aux Champs-Élysées – de Roger Blanc avec Françoise Christophe Jour de fête – de Jacques Tati avec Paul Frankeur CM Vente aux enchères – de Jean Mousselle avec Solange Delporte |
1949 | Histoires extraordinaires – de Jean Faurez
avec Suzy Carrier
+ adaptation & dialogues – Segment « Le cœur révélateur » Premières armes – de René Wheeler avec Michèle Alfa |
1950 | Les conquérants solitaires – de Claude Vermorel
avec Alain Cuny
Seulement voix CM Meurtre dans la nuit – de Jean Perdrix avec Claire Gérard |
1951 | La maison dans la dune – de Georges Lampin
avec Ginette Leclerc
Capitaine Ardant – de André Zwoboda avec Yves Vincent CM Le hasard mène l’enquête – de Jean Perdrix avec Albert Rémy CM Confrontation – de Jean Perdrix & Jean Ville |
1952 | Plume au vent ( pluma al viento ) de Louis Cuny & Ramón Torrado
avec Carmen Sevilla
Seulement scénario Nous sommes tous des assassins – de André Cayatte avec Marcel Mouloudji Ouvert contre X / L’enquête est ouverte – de Richard Pottier avec Marthe Mercadier Suivez cet homme – de Georges Lampin avec Suzy Prim |
1953 | Cet homme est dangereux – de Jean Sacha
avec Eddie Constantine
Le défroqué – de Léo Joannon avec Pierre Fresnay |
1954 | Le tournant dangereux – de Robert Bibal
avec Philippe Lemaire
Le dossier noir – de André Cayatte avec Danièle Delorme CM Méprise – de Jean Perdrix |
1955 | Les assassins du dimanche – de Alex Joffé
avec Barbara Laage
Les aristocrates – de Denys de La Patellière avec Brigitte Auber Bob le flambeur – de Jean-Pierre Melville avec Isabelle Corey |
1957 | Thérèse Etienne – de Denys de La Patellière
avec Françoise Arnoul
Maigret tend un piège – de Jean Delannoy avec Annie Girardot Police judiciaire – de Maurice de Canonge avec Anne Vernon |
1958 | Guinguette – de Jean Delannoy
avec Zizi Jeanmaire
Les cousins – de Claude Chabrol avec Juliette Mayniel Les naufrageurs – de Charles Brabant avec Madeleine Sologne |
1959 | Les 400 coups / Les quatre cents coups – de François Truffaut
avec Jean-Pierre Léaud
Archimède, le clochard – de Gilles Grangier avec Jean Gabin Nathalie agent secret – de Henri Decoin avec Martine Carol Rue des Prairies – de Denys de La Patellière avec Marie-José Nat |
1960 | Les vieux de la vieille – de Gilles Grangier avec Noël-Noël |
1961 | L’affaire Nina B. ( affäre Nina B. / the Nina B. affair ) de Robert Siodmak
avec Nadja Tiller
Les filles la Rochelle – de Bernard Deflandre avec Geneviève Cluny La ligne droite – de Jacques Gaillard avec Janine Darcey |
1962 | Pourquoi Paris ? – de Denys de La Patellière avec Danielle Darrieux |
1963 | Maigret voit rouge – de Gilles Grangier avec Françoise Fabian |