![]() 1931 Le blanc et le noir – de Robert Florey avec Raimu, André Alerme, Louis Baron fils, Fernandel & Paul Pauley | ![]() 1941 Le mariage de Chiffon – de Claude Autant-Lara avec Odette Joyeux, André Luguet & Jacques Dumesnil | ![]() 1943 La ferme aux loups – de Richard Pottier avec François Périer, Paul Meurisse & André Gabriello | ![]() 1950 Chéri – de Pierre Billon avec Jean Desailly, Marcelle Chantal, Jane Marken & Yvonne de Bray | ||
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Suzanne Dantès, de son vrai nom Isabelle Emilie Suzanne Havequez, est née le 29 avril 1888 à Saint-Quentin, dans l’Aisne. Elle a cet air gourmet des bourgeoises en collerettes de dentelles de l’autre siècle. Les lèvres pincées, elle secoue ses anglaises et ajuste son face-à-main pour vous considérer avant, peut-être, de chercher son flacon de sels, car elle a la syncope facile.
Elle débute au cinéma dès 1922, et, tout au long de sa carrière, Suzanne Dantès est vouée aux mondaines chipoteuses, souvent des aristocrates. C’est la marquise de Bray, la mère neurasthénique et gémissante de Odette Joyeux dans «Le mariage de Chiffon» (1941) de Claude Autant-Lara; la comtesse russe, à l’accent plus vrai que nature, de «La ferme aux loups» (1943) de Richard Pottier; la marquise, le titre lui sied décidément comme un gant, de «La grande meute» (1943), de Jean de Limur et de «Ploum ploum tralala» (sic!) (1945) le film de Robert Hennion; ou encore Mme de Cominges, la mère de Nadine Alari, dans «Le joueur» (1958) de Claude Autant-Lara, qui est le dernier film de Suzanne Dantès. On se souvient aussi de la mère de «Chéri» (1950) de Pierre Billon, commère fielleuse et prompte aux ragots. Parfois, les douairières compassées laissent tomber le masque. Ainsi, dans «Péchés de jeunesse» (1940), de Maurice Tourneur, une Suzanne Dantès un peu émoustillée évoque-t-elle, avec son vieil amant Harry Baur, ses fredaines d’autrefois. De même cette Mme Le Sentencier, de «Circonstances atténuantes» (1939), de Jean Boyer, qui est sans doute sa composition la plus réussie. Elle est l’épouse austère de ce magistrat incarné par Michel Simon qui, pris pour un autre, se laisse gagner par la gouaille de «Marie qu’a d’ça» (Arletty) et l’ambiance bon enfant du petit café où une panne de voiture les a conduits. Et voilà que la femme comme il faut et collet-monté se laisse attendrir, elle aussi, par la saveur du civet de lapin et la vigueur des bras de Môme de Dieu, alias Andrex.
Suzanne Dantès fait aussi du théâtre: on la voit, en 1929, dans «Le sexe faible», de Edouard Bourdet, à la Michodière, avec Pierre Brasseur et Victor Boucher qui signe ici la mise en scène; dans «Les monstres sacrés», de Jean Cocteau, en 1940, aux côtés de Yvonne de Bray ou, à la fin de sa vie, en 1956, dans «Le mari ne compte pas», de Roger-Ferdinand, au théâtre Edouard VII dans une mise en scène de Jacques Morel. Mais Suzanne Dantès a d’autres cordes à son arc: elle a une jolie voix et paraît dans une comédie musicale de Sacha Guitry, sur une musique de Reynaldo Hahn, «O mon bel inconnu» (1933), aux Bouffes-Parisiens. La critique est conquise, comme en témoigne ce billet, paru dans «Le matin» du 5 octobre 1933: «On a bissé plusieurs airs, notamment «O mon bel inconnu», chanté exquisément par Mme Suzanne Dantès et Mlle Simone Simon, toutes les deux exquises comédiennes» (le critique manquait de vocabulaire). L’année suivante, la comédienne chante dans «Le bonheur Mesdames», opérette de Francis de Croisset et Albert Willemetz.
Dans la vie, Suzanne Dantès ne ressemble pas à ses personnages. Elle tient à manifester sa vigueur et son courage en montant avec José Noguéro, qui fut aussi son partenaire sur scène, un numéro de trapèze volant qui est un des clous, en 1932, du Gala de l’Union des artistes. Suzanne Dantès décède le 30 juillet 1958 à Saint-Léger-en-Yvelines.
© Jean-Pascal LHARDY

1922 | Le grillon du foyer – de Jean Manoussi avec Charles Boyer |
1923 | L’affaire du courrier de Lyon – de Léon Poirier
avec Roger Karl
Film en 3 parties 1 : La haine 2 : L’amour 3 : La loi |
1931 | Le blanc et le noir – de Robert Florey avec Raimu |
1932 | Un homme heureux – de Antonin Bideau
avec Claude Dauphin
CM Hortense a dit j’m’en f… – de Jean-Bernard Desrone avec Marcelle Praince |
1933 | Le sexe faible – de Robert Siodmak avec Victor Boucher |
1934 | Arlette et ses papas – de Henry Roussel avec Max Dearly |
1935 | Un homme de trop à bord – de Gerhardt Lamprecht & Roger Le Bon avec Thomy Bourdelle |
1939 | Circonstances atténuantes – de Jean Boyer
avec Michel Simon
Miquette / Miquette et sa mère – de Jean Boyer avec Lucien Baroux |
1940 | Péchés de jeunesse – de Maurice Tourneur avec Harry Baur |
1941 | Le mariage de Chiffon – de Claude Autant-Lara
avec André Luguet
Croisières sidérales – de André Zwoboda avec Julien Carette |
1942 | À la Belle Frégate – de Albert Valentin avec René Dary |
1943 | La ferme aux loups – de Richard Pottier
avec François Périer
La grande meute – de Jean de Limur avec Aimé Clariond |
1945 | Ploum, ploum, tra-la-la – de Robert Hennion avec Saturnin Fabre |
1947 | Le cavalier de Croix-Mort / Une aventure de Vidocq – de Lucien Gasnier-Raymond avec Yves Vincent |
1948 | Bal Cupidon – de Marc-Gilbert Sauvageon avec Pierre Blanchar |
1949 | Aux deux colombes – de Sacha Guitry avec Lana Marconi |
1950 | Chéri – de Pierre Billon avec Jean Desailly |
1951 | La poison – de Sacha Guitry
avec Michel Simon
Seulement voix |
1953 | Leur dernière nuit – de Georges Lacombe
avec Jean Gabin
Une vie de garçon – de Jean Boyer avec Roger Pierre |
1954 | Si Paris nous était conté – de Sacha Guitry avec Danielle Darrieux |
1958 | Le joueur – de Claude Autant-Lara avec Gérard Philipe |