Maureen O’Sullivan

Maureen O’Sullivan est la femme d’un rôle, celui de Jane, l’immortelle compagne de Tarzan, Johnny Weissmuller. D’une beauté fraîche et limpide, cette brune piquante a su donner à ce rôle conventionnel ce qu’il faut de naturel et de spontanéité pour rendre crédible ce personnage improbable de sauvageonne sophistiquée, qui renonce à la civilisation pour les beaux yeux de son homme singe, mais qui reste attachée aux règles du savoir-vivre. Et puis sa robe-pagne, que le Code Hays n’a pas encore eu le temps de rallonger et qui découvre le galbe parfait de ses cuisses, ne fait pas rêver que son compagnon de jungle! Elle tourne six épisodes des aventures de Tarzan, dont «Tarzan l’homme singe» (1931) de W.S. Van Dyke ou «Tarzan et sa compagne» (1934) de Cedric Gibbons.

Enfant, Maureen O’Sullivan est élevée dans un couvent, où elle a pour camarade de classe une certaine Vivien Leigh. C’est le réalisateur Frank Borzage, qui fait des repérages en Irlande, qui l’invite à Hollywood, où elle se rend avec sa mère. Elle travaille d’abord pour la Fox, puis signe un contrat avec la MGM en 1932. Dès le début, et avant Tarzan, elle obtient des rôles importants, comme celui d’Eileen, la jeune Irlandaise sans le sou qui tombe amoureuse de John Garrick dans «La chanson de mon cœur» (1930) de Frank Borzage, ou celui de la princesse Louise, qui tombe sous le charme d’un plombier dans «Princess and the plumber» (1930) de Alexander Korda. Dans «The thin man» (1934) de W.S. Van Dyke, la première aventure du célèbre couple de détectives formé par William Powell et Myrna Loy, elle persuade Nick Charles (Powell), qui s’est retiré, de tirer d’affaire son père, qui est suspecté de meurtre, avant d’apparaître aux côtés de Robert Taylor, qui la courtise, dans «A yank at Oxford» (1938) de Jack Conway. Elle ne dédaigne pas les classiques, et apparaît dans le «Anna Karénine» (1935) de Clarence Brown, aux côtés de Greta Garbo et Fredric March, avant d’incarner Jane Bennett, la douce et ravissante sœur d’Elizabeth, Greer Garson, qui, dans «Orgueil et préjugés» (1940), de Robert Z. Leonard, voit le bien dans chacun de ses semblables. On la voit encore dans nombre de petits films d’action, comme «Robber’s roost» (1932) de David Howard et Louis King, où, jeune Anglaise sémillante débarquant en Amérique chez son fermier de frère, elle tourne la tête de George O’Brien. Elle paraît aussi dans des comédies, comme «Danseuse étoile» (1933) de Charles Brabin, où elle essaie de lutter contre la tyrannie de sa mère, Alice Brady, qui veut la pousser sur la scène, ou «Suprême aveu» (1934) de W.S. van Dyke, où, fille de la campagne, elle s’éprend d’un racketteur, Robert Montgomery, caché dans la ferme familiale.

Au début des années 1940, soucieuse de s’occuper de son mari malade, le réalisateur John Farrow, et de ses sept enfants, dont Mia Farrow, Maureen O’Sullivan demande à la MGM de mettre fin à son contrat. Mais elle revient au cinéma dans les années 1950, jouant, bien plus tard, dans «Hannah et ses sœurs» (1986), un film de son «gendre», Woody Allen, et, la même année, dans «Peggy Sue s’est mariée» de Francis Ford Coppola. En 1962, elle fait ses débuts à Broadway dans «Never too late», de Sumner Arthur Long et paraît dans plusieurs pièces jusqu’en 1992. Très active à la télévision, l’actrice participe à des séries comme «Climax!» (1955/57), «Alcoa premiere» (1961), «Ben Casey» (1965) ou encore «Search for tomorrow» (1985). Humaniste et de sensibilité progressiste, elle milite toute sa vie pour des causes comme l’UNICEF ou les droits civils des Noirs. Elle s’éteint le 22 juin 1998 à Scottsdale, en Arizona.

© Jean-Pascal LHARDY