Donald Pleasence

C’est à Worksop, dans le comté de Nottinghamshire, que naît Donald Pleasence le 5 octobre 1919. Son père Thomas Stanley Pleasence est chef de gare, sa mère Alice (née Armitage), femme au foyer. Adolescent il quitte l’école et rejoint son père comme commis à la gare de Swinton, dans le Yorkshire. Un métier qui ne lui convient guère et qu’il abandonne à vingt ans pour un stage d’assistant-régisseur au sein de la Jersey Repertory Compagny. Lorsque la Guerre éclate, il décide de rejoindre la RAF comme opérateur radio. Lors d’une mission, son avion est abattu au-dessus de la France, il est fait prisonnier. Lors de sa détention en Allemagne, de 1944 à 1946, il monte des spectacles de variétés.

En 1946, de retour à la vie civile, Donald Pleasence fait ses débuts à Londres dans la pièce «Les frères Karamazov» de Dostoïevski, mise en scène par Peter Brooks, puis il partage l’affiche avec Laurence Olivier et Vivien Leigh, à l’Old Vic Theatre, dans «Antoine et Cléopâtre» de Shakespeare et enchaîne en leur compagnie une tournée aux Etats-Unis. En 1952, il participe aux premières émissions de la télévision britannique. Il est très présent dans les dramatiques de la BBC. Il devient familier du grand public et se voit qualifier par la critique d’«homme au regard hypnotique». C’est au cinéma que Donald Pleasence va révéler l’étendue de son incroyable talent, servi par un inquiétant profil au crâne rasé, au visage glacé marqué d’un regard bleu d’une incroyable densité.

Au cours de sa prolifique carrière, Donald Pleasence campe des personnages fourbes, infâmes, des psychopathes, avec un accent plutôt sinistre, capable de cris les plus perçants. Il semble être né pour jouer au royaume des esprits dérangés. Jusqu’au milieu des années 50, ses personnages sont relativement sympathiques, mais petit à petit sa personnalité se dessine. En 1962 pour Robert Lynn, il incarne un personnage fou, celui du «Dr Crippen» qui finit pendu après avoir assassiner sa femme. Il est Satan l’ermite des ténèbres, dans «La plus grande histoire jamais contée» (1964), de George Stevens, ou un traître dans «Le voyage fantastique» (1966) de Richard Fleischer. Face a Sean Connery en James Bond, il est Blofeld, le méchant balafré, dans «On ne vit que deux fois» (1967) de Lewis Gilbert. Il se métamorphose ensuite en général nazi soupçonné du meurtre d’une prostitué et de complot contre Hitler, dans «La nuit des généraux» (1966) de Anatole Litvak, et en prédicateur sadique dans «Will Penny, le solitaire» (1967), de Tom Gries, un western avec Charlton Heston. Dans le thriller de Ted Kotcheff «Le réveil dans la terreur» (1970), il dépeint un médecin alcoolique et effrayant qui personnifie l’ambiguïté du film. Il est le psychiatre Loomis dans la saga des six films d’horreur «Halloween» dont le premier volet, en 1978 est signé par John Carpenter. Toujours pour John Carpenter, il endosse le costume du Président des Etats-Unis dans «New-York 1997» (1980), avec Kurt Russel, et celui du prêtre Loomis enquêtant sur les agissements d’une secte maléfique dans «Prince des ténèbres» (1986).

Après le tournage du piteux thriller italien «Fatal frames» (1993) de Al Festa, il enchaîne avec le dernier volet d’«Halloween» en 1994. Il ne verra aucun des deux films, il s’éteint le 2 février 1995 dans sa propriété de Saint-Paul-de-Vence, suite aux complications d’une opération du cœur. Marié quatre fois, il était le père de cinq filles nées de ses trois premiers mariages.

© Gary RICHARDSON