Brenda Joyce

Brenda Joyce naît le 25 Février 1917 à Excelsior Springs dans le Missouri sous le patronyme de Betty Graffina Leabo. Rien dans les informations que j’ai pu trouver sur cette superbe créature ne me permet d’étoffer la rubrique «les jeunes années d’une reine». Je propose de la retrouver à Hollywood, où dès 1939 elle est une starlette sous contrat, parachutée dans plusieurs emplois où elle ne trouve ni la gloire ni sa voie. Ce qui est d’ailleurs fort dommage car elle est vraiment une des plus jolies filles du moment.

Sa carrière va se jouer de manière plutôt étrange comme le sera son passage à la postérité. En 1942, après s’être évadé, trouvé un fils et visité New-York, Tarzan perd sa Jane, alias Maureen O’Sullivan lassée de se balancer de liane en liane depuis 1932. Le studio estime la succession impossible, la MGM renonce à poursuivre la série. Mais à tout prendre, c’est quand même dommage! Le public aime et réclame Tarzan. Johnny Weissmuller, tenant du titre, est tout à fait d’accord pour continuer la bagarre avec ses crocodiles en plastique préférés et le studio a une magnifique jungle toute prête en intérieur avec microclimat télécommandé, même Cheeta est partante! La RKO rachète le tout, les folles aventures du roi de la jungle peuvent continuer. C’est «Le triomphe de Tarzan», avec quelques vilains nazis (nous sommes en 1943, ils sont partout!) mais sans Jane! Cette lacune est vaguement compensée par une très ornementale Frances Gifford, accorte princesse d’une cité perdue ayant de nombreux soucis. Nancy Kelly succède à Frances, mais Tarzan reste célibataire. Mais est-ce bien raisonnable, ce puissant mâle célibataire vivant en concubinage avec une guenon?

En 1945, Jane revint «à la maison», comme si de rien n’était, Brenda Joyce tient le rôle. Elle l’obtient de manière assez particulière: la jeune actrice passe les longs temps de pauses entre deux prises à faire de la bicyclette à toute allure dans les rues du studio plutôt que d’écluser du bourbon dans sa loge comme le veut pourtant la coutume. Ses qualités sportives ajoutées à sa grande beauté font d’elle une évidence pour le rôle. Brenda fête donc la fin de la Seconde Guerre Mondiale accrochée à une liane dans «Tarzan et les Amazones» de Kurt Neumann et a plus de chance que Maureen O’Sullivan dans la mesure où maintenant les tournages de Tarzan s’émancipent des studios et se filment en extérieurs ce qui permet à l’invétérée cycliste de faire ses petites ballades devant la baie d’Acapulco, ce qui est quand même plus chic que la cour du studio! Brenda est madame Tarzan Weissmuller quatre fois avant que l’ex champion olympique tenant du rôle déclare forfait à son tour après quinze années de bons et courageux services. Brenda devient la vétérane de la série (après Cheeta, bien entendu) et accepte de changer de Tarzan sans sourcilier, troquant Johnny Weissmuller contre Lex Barker.

En 1941, Brenda se marie à Ward Owen, père de ses trois enfants. En 1949, après le tournage de «Tarzan et la Fontaine Magique», elle rentre à Hollywood et annonce son intention irrévocable de reprendre sa liberté. Elle se sépare de son studio puis de son mari en 1960 et s’en va vers de nouvelles aventures, connues d’elle seule. Lorsque Brenda Joyce s’éteint le 4 Juillet 2009, elle laissait veufs deux Tarzan: Johnny Weissmuller et Lex Barker. Virtuellement, bien sûr! Ces messieurs n’étaient plus de ce monde eux non plus. Et pour cause: Brenda Joyce ferme définitivement les yeux à quatre-vingt-douze ans.

© Céline COLASSIN