Federica Ranchi

Fille d’une famille triestine, Federica Ranchi, est née le 5 mai 1939 à Trieste. Elle se distingue dès son plus jeune âge par sa passion pour la danse classique, discipline qu’elle pratique pendant une décennie. C’est au cours de ses études au liceo linguistico que sa vie prend un tournant inattendu. Une photo d’elle en compagnie de sa troupe de danse parvient aux mains d’un recruteur de la société de production «Cines», qui l’invite à une audition. Cette rencontre concluante aboutit à son premier rôle dans «Moglie e buoi» (1956) de Leonardo De Mitri, une comédie dramatique, avec Gino Cervi, qui la propulse sur le devant de la scène. Signalons que c’est le dernier film réalisé par Leonardo De Mitri, qui est mort d’une crise cardiaque à seulement 42 ans, sans que le film soit terminé et monté.

Au cours de sa carrière, Federica Ranchi collabore avec des réalisateurs renommés tels que Gillo Pontecorvo pour «Un dénommé Squarcio» (1957), un drame où elle dote la réplique à Yves Montant et Francisco Rabal, et Valerio Zurlini pour «Eté violent» (1959) auprès de Jean-Louis Trintignant et Eleonora Rossi Drago. Ce film, salué par la critique, la consacre comme l’une des figures emblématiques du cinéma italien de l’époque. Parallèlement, elle participe à des productions de genres variés, allant du film de cape et d’épée avec «L’archer noir» (1959) Piero Pierotti, avec Gérard Landry qui cherche à se venger des assassins de son père, au péplum avec «La vengeance de Hercule» (1959), réalisé par Vittorio Cottafavi, avec Mark Forest dans le rôle-titre, Broderick Crawford dans celui du roi Eurysthée, et le film d’aventure avec «Le géant de la vallée des rois» (1960) de Carlo Campogalliani, où elle retrouve Mark Forest dans le rôle de Maciste, où elle rivalise de beauté avec Chelo Alonso et Vira Silenti. Sa polyvalence lui permet d’explorer des registres différents, tout en restant fidèle à des personnages souvent marqués par la fragilité et la complexité émotionnelle. En 1961, elle tourne, aux côtés de Guy Madison et Michèle Mercier, dans «L’île aux filles perdues» de Domenico Paolella, où des prisonnières sont soumises à toutes sortes d’abus et d’humiliations, jusqu’à ce qu’un nouveau gouverneur arrive avec des réformes en tête. Point final à sa carrière.

En 1963, Federica Ranchi épouse un armateur grec rencontré quelques mois plus tôt, un tournant décisif dans sa vie personnelle et professionnelle. Elle choisit de se retirer du monde du cinéma, refusant même un contrat de cinq ans proposé par le producteur Dino De Laurentiis. Elle s’installe en Grèce, où elle mène une vie discrète, loin des projecteurs. Malgré son retrait, elle conserve des liens avec sa ville natale, Trieste, qu’elle visite régulièrement. Elle y évoque souvent ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, témoignant d’un attachement profond à ses racines.

Federica Ranchi, actrice qui a marqué le cinéma des années 1950 et 1960 par sa beauté délicate, décède le 15 mai 2025 à Égine, en Grèce, à l’âge de 86 ans, où elle s’est installée depuis plusieurs années. Sa disparition marque la fin d’une époque du cinéma italien, celle où des actrices comme elle incarnaient une beauté mélancolique et une émotion palpable à l’écran. Bien que sa carrière ait été courte, son impact demeure, et elle reste dans les mémoires comme l’une des figures marquantes de la Dolce Vita cinématographique.

© Philippe PELLETIER