![]() 1948 Le voleur de bicyclette (ladri di biciclette) de Vittorio De Sica avec Lamberto Maggiorani & Elena Altieri | ![]() 1949 Vulcano (volcano) de William Dieterle avec Anna Magnani, Geraldine Brooks & Eduardo Ciannelli | ![]() 1952 Plume noire (penne nere) de Oreste Blancoli avec Marina Vlady, Marcello Mastroianni & Liuba Soukhanowa | ![]() 1954 La comtesse aux pieds nus (the barefoot contessa) de Joseph L. Mankiewicz avec Ava Gardner & Mari Aldon | ||
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Enzo Staiola naît le 15 novembre 1939 à Rome, au cœur d’une Italie fasciste dirigée d’une main de fer par Benito Mussolini. L’Italie rejoint la Seconde Guerre mondiale en tant que l’une des puissances de l’Axe en 1940, avant la capitulation des armées italiennes devant les alliés, en septembre 1943, laissant le pays exsangue. Fils d’une famille modeste, il grandit dans les rues populaires de la capitale, là où le quotidien se mêle au tumulte de la reconstruction d’un pays brisé. C’est précisément dans ce décor que se forge la personnalité du jeune Enzo, bien avant qu’il ne connaisse les feux de la rampe.
Son destin bascule en 1947, à l’âge de huit ans, lorsqu’il est remarqué par le réalisateur Vittorio De Sica. Le maître du néoréalisme italien cherche alors un enfant au visage authentique, capable d’incarner la dure réalité de l’après-guerre. C’est pour son film «Le voleur de bicyclette», tourné en 1948. Enzo Staiola, sans aucune formation d’acteur, obtient le rôle de Bruno Ricci, le fils du protagoniste Antonio Ricci, incarné par Lamberto Maggiorani. Ce rôle bouleversant et sincère marque à jamais l’histoire du cinéma. «Le voleur de bicyclette» remporte un succès international retentissant, auréolé notamment d’un Oscar d’Honneur en 1950. Enzo Staiola, avec sa petite silhouette frêle, ses yeux vifs et sa démarche nerveuse, devient l’incarnation même de l’enfance confrontée à la rudesse du monde adulte. Il bouleverse par son naturel, sa retenue, et l’émotion silencieuse qu’il insuffle à chaque plan.
Malgré l’impact mondial du film, la carrière de Enzo Staiola dans le cinéma reste étonnamment brève. Dans les années qui suivent, il joue dans quelques autres films, notamment «Volcano» (1949) de William Dieterle, où il partage l’affiche avec Anna Magnani et Rossano Brazzi, «Le mystère de San Paolo» (1950) de Joseph M. Newman, aux côtés de George Raft et «La comtesse aux pieds nus» (1954) de Joseph L. Mankiewicz, un film hollywoodien dans lequel il apparaît aux côtés de Ava Gardner et Humphrey Bogart, signe de son rayonnement international. Mais contrairement à de nombreux enfants stars, Enzo ne poursuit pas une carrière prolongée dans le cinéma. À l’adolescence, il se retire progressivement des plateaux. Son choix, volontaire et réfléchi, le conduit à une existence plus discrète, loin des projecteurs. Il choisit alors de se consacrer à une autre vocation, l’enseignement des mathématiques. Enzo Staiola devient professeur, métier qu’il exerce durant de longues années à Rome.
Malgré sa courte filmographie, son nom reste à jamais associé à l’âge d’or du néoréalisme. Il est l’un de ces visages inoubliables qui ont donné une âme aux récits simples mais profonds, portés par une vérité brute. À travers son rôle dans «Le voleur de bicyclette», il devient un symbole universel de la perte de l’innocence, de la solidarité entre père et fils, et de la dignité dans la misère. Au fil des décennies, Enzo Staiola continue à être sollicité pour des documentaires et des rétrospectives consacrés au néoréalisme. Toujours affable et humble, il témoigne volontiers de son expérience unique, rappelant souvent qu’il n’a jamais voulu être acteur, mais que le cinéma était «une belle aventure» dans sa vie. Il incarne une mémoire vivante du cinéma d’après-guerre, un témoin d’un mouvement artistique qui a révolutionné la façon de raconter la réalité à l’écran. Si son visage juvénile appartient à l’histoire, son interprétation, elle, reste éternellement présente dans le cœur des cinéphiles du monde entier.
© Philippe PELLETIER

1948 | Le voleur de bicyclette ( ladri di biciclette ) de Vittorio De Sica avec Lamberto Maggiorani |
1949 | Marechiaro – de Giorgio Ferroni
avec Silvana Pampanini
Vulcano ( volcano ) de William Dieterle avec Geraldine Brooks Cœurs sans frontières / La ligne blanche ( cuori senza frontiere ) de Luigi Zampa avec Gina Lollobrigida |
1950 | Strano appuntamento – de Derzö Ákos Hamza
avec Rossana Podesta
Le mystère de San Paolo ( I’ll get you for this / Lucky Nick Cain ) de Joseph M. Newman avec George Raft L’inconnue des cinq cités ( a tale of five cities / passaporto per l’oriente / storia di cinque città / a tale of five women ) de Geza von Cziffa, Romolo Marcellini, Emil Edwin Reinert, Wolfgang Staudte, Montgomery Tully & Irma von Cube avec Anne Vernon |
1951 | Heureuse époque ( altri tempi : Zibaldone n. 1 / altri tempi ) de Alessandro Blasetti
avec Aldo Fabrizi
Seulement segment « Il carrettino dei libri vecchi » Buon viaggio pover’uomo – de Giorgio Pastina avec Nando Bruno |
1952 | Plume noire / Les chasseurs alpins / Plumes noires ( penne nere ) de Oreste Blancoli
avec Marina Vlady
L’injuste condamnation ( ingiusta condanna / quelli che non muoiono ) de Giuseppe Masini avec Gaby André |
1953 | Le retour de Don Camillo – de Julien Duvivier avec Fernandel |
1954 | La comtesse aux pieds nus ( the barefoot contessa ) de Joseph L. Mankiewicz avec Ava Gardner |
1960 | Spade senza bandiera – de Carlo Veo avec Gérard Landry |
1977 | L’affaire de la fille au pyjama jaune ( la ragazza dal pigiama giallo ) de Flavio Mogherini avec Ray Milland |
2009 | DO Vittorio D. – de Mario Canale & Annarosa Morri
avec Christian De Sica
Seulement apparition |
2012 | DO Non eravamo solo... Ladri di biciclette : Il neorealismo – de Gianni Bozzacchi
avec Gabriel García Márquez
Seulement interview |