Philippe Labro

Philippe Labro naît le 27 août 1936 à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne. Fils de Jean-François Labro, et de son épouse Henriette. Il a trois frère et trois sœurs. Dans les années 20, la famille Labro s’installe à Paris, où le père fait fortune en ouvrant un cabinet de conseil juridique et fiscal. Le jeune homme développe très tôt un goût prononcé pour la littérature et les aventures américaines. Cette fascination pour les États-Unis le conduit à l’âge de 18 ans à traverser l’Atlantique pour poursuivre ses études à l’université Washington and Lee, en Virginie. Ce séjour aux États-Unis, entre 1954 et 1955, marque profondément son imaginaire. Il y découvre une Amérique contrastée, fascinante et troublée, dont il gardera une passion durable, nourrie par une observation attentive de la société américaine.

De retour en France, Philippe Labro débute une carrière de journaliste. Il intègre «Europe 1», où il se distingue par son style incisif et sa curiosité insatiable. Dans les années 1960, il devient grand reporter, couvrant les grands événements internationaux. Il se rend notamment en Algérie pendant la guerre, puis au Vietnam, en pleine escalade du conflit. Ces expériences forgent en lui un sens aigu de l’analyse géopolitique et un regard lucide sur les tensions de son temps. Parallèlement à sa carrière journalistique, Philippe Labro se lance dans l’écriture. Son premier roman, «Des cornichons au chocolat», paraît en 1967 sous pseudonyme. Mais c’est avec «L’étudiant étranger» (1986), roman largement autobiographique inspiré de son séjour en Virginie, qu’il connaît un grand succès littéraire. L’ouvrage obtient le prix Interallié et assoit sa réputation d’écrivain.

Les années 1970 voient Philippe Labro élargir encore son champ d’action et s’impose rapidement comme réalisateur de cinéma. Il tourne plusieurs films marquants, parmi lesquels «Sans mobile apparent» (1970), thriller sombre avec Jean-Louis Trintignant, puis «L’héritier» (1972), un polar politique avec Jean-Paul Belmondo, et «Le hasard et la violence» (1973), œuvre énigmatique teintée de critique sociale, avec Yves Montand. S’il reste fidèle à un style efficace et visuel, inspiré du cinéma américain, il imprime également sa patte française, mêlant suspense et commentaire social. Philippe Labro se rapproche ensuite du monde des médias audiovisuels. Dans les années 1980 et 1990, il devient une figure incontournable du paysage médiatique français. Il entre chez «RTL», où il exerce de nombreuses responsabilités éditoriales, et collabore à plusieurs émissions de télévision. Son talent de communicant, son érudition et son sens de la narration lui valent un large public.

Au tournant des années 2000, Philippe Labro se consacre davantage à l’écriture. Il publie une série d’ouvrages introspectifs, dont «Tomber sept fois, se relever huit» (2003), récit poignant de sa traversée d’une dépression, et «Ma mère cette inconnue» (2018), où il explore avec émotion les zones d’ombre de sa relation familiale. Son œuvre, au fil du temps, prend une tonalité plus personnelle, mêlant réflexions existentielles et souvenirs d’une vie riche en expériences. Il a œuvré tout au long de sa carrière à faire dialoguer la France avec l’Amérique, la littérature avec le journalisme, le cinéma avec l’actualité. Philippe Labro meurt le 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans, des suites d’un cancer. À travers ses films, ses romans et ses interventions médiatiques, il a bâti une œuvre protéiforme et cohérente.

© Philippe PELLETIER