![]() 1931 Azaïs – de René Hervil avec Simone Rouvière, Jeanne Saint-Bonnet, Suzy Pierson & Henriette Delannoy | ![]() 1931 Coups de roulis – de Jean de La Cour avec Edith Manet, Pierre Magnier, Lucienne Herval & Germaine Roger | ![]() 1934 Le dernier milliardaire – de René Clair avec Renée Saint-Cyr, José Noguéro & Marthe Mellot | ![]() 1937 Le train pour Venise – de André Berthomieu avec Victor Boucher, Georges Douking & Huguette Duflos | ||
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Deux toupets de cheveux gris, un nez busqué, la voix enrouée et le souffle court, Max Dearly a l’air d’un vieux clown fatigué. Mais ce n’est qu’une apparence, car, sitôt sur scène ou à l’écran, le voilà qui s’agite comme un jouet mécanique trop remonté. Comme Jules Berry, il improvise sur ses textes et, de sa bouche aux lèvres fines, fusent des aphorismes spirituels et une pyrotechnie verbale qui laissent souvent ses partenaires pantois. Engagé aux Variétés au début du siècle, Max Dearly, né Lucien Paul Marie Joseph Rolland le 22 novembre 1874 à Paris, en est la grande vedette et un des plus grands artistes de music-hall de son temps, damant le pion à Mayol ou à Maurice Chevalier. Excentrique et capricant, imposant à ses scènes un rythme trépidant, il offre de chacun de ses personnages une caricature savoureuse qui met en joie le public parisien. Aux Variétés, il apparaît dans des opérettes, comme «La chauve-souris» (1904) de Johann Strauss II, des pièces de boulevard de Flers et Caillavet, telles «Miquette et sa mère» (1906), avec Albert Brasseur, le beau-père de Pierre Brasseur, ou «Le roi» (1908). Il aborde aussi le théâtre de Feydeau, avec «Le circuit» (1909), ou, plus tard, celui de Paul Azmont, avec «L’école des cocottes» (1920), où il donne la réplique à Raimu. Avant Chevalier, Max Dearly entraîne Mistinguett dans une «valse chaloupée» qui, dans une revue du Moulin Rouge, en 1909, la rend célèbre.
Au cinéma, ses rôles sont assez peu nombreux, mais tous marquants. Ses personnages ont, comme sur scène, ce grain de folie qui crépite dans son œil rond et cette extravagance qui les transforme parfois en pantins de fête foraine. C’est le baron Wurtz d’«Azaïs» (1931) de René Hervil, qui s’agite comme une marionnette, ou le député Le Puy-Pradal qui, dans «Coups de roulis» (1931) de André de La Cour, avec Pierre Magnier, veut s’imposer à l’équipage d’un navire de guerre. Max Dearly dépose parfois ses habits de polichinelle et modère ses foucades pour se glisser dans la peau de personnages littéraires: le tendre grand-père de Marius dans la version des «Misérables» (1933) de Raymond Bernard, le pharmacien Homais, l’esprit fort du «Madame Bovary» de Flaubert, façon Jean Renoir (1933) , ou encore le père de Claudine qui, dans «Claudine à l’école» (1936) de Serge de Poligny, avec Blanchette Brunoy, aime cabrioler sur les chevaux de bois.
Mais la cocasserie de l’histrion reparaît bien vite et Max Dearly entraîne ses autres créations dans une outrance magnifique. Dans «Si j’étais le patron» (1934) de Richard Pottier, avec Fernand Gravey, il donne à un jeune ouvrier la possibilité de devenir chef d’entreprise; et il faut le voir cligner de l’œil, jouer les ivrognes fleuris, tirer la langue et faire la nique aux importants. Un régal. Et puis il y a ce Banco du «Denier milliardaire» (1934) de René Clair, le dictateur farfelu d’une principauté de carnaval qui, devenu dément, multiplie les décisions loufoques. De la fantaisie débridée on passe doucement à la folie, que l’œil fixe de Max Dearly compose avec un admirable brio.
Et puis il y a encore les flonflons d’Offenbach avec «La vie parisienne» (1935) de Robert Siodmak, et cet Athanase Outriquet qui, dans «Ils étaient neuf célibataires» (1939) de Sacha Guitry préfère sa liberté de vieux chemineau aux charmes fébriles de Marguerite Moreno ou encore le prince Nirvanoff du «Club des soupirants» (1940) de Maurice Gleize. Max Dearly s’éteint le 2 juin 1943 à Neuilly-sur-Seine.
© Jean-Pascal LHARDY

1907 | CM La main – de Henry Bérény avec Charlotte Wiehe |
1908 | CM L’empreinte ou la main rouge – de Henry Burguet avec Mistinguett |
1910 | CM Carmen – de André Calmettes avec Régina Badet |
1911 | CM Le bonheur sous la main – de ? |
1916 | CM Kit où l’homme qui est resté chez lui – de ? |
1931 | Azaïs – de René Hervil
avec Henriette Delannoy
Coquecigrole – de André Berthomieu avec Danielle Darrieux Coups de roulis – de Jean de La Cour avec Edith Manet |
1932 | L’amour et la veine – de Monty Banks avec Nita Alvarez |
1933 | Madame Bovary – de Jean Renoir
avec Valentine Tessier
Les misérables – de Raymond Bernard avec Harry Baur Film en 3 parties 1 : Tempête sous un crâne 2 : Les Thénardier 3 : Liberté, liberté chérie Arlette et ses papas – de Henry Roussel avec Renée Saint-Cyr |
1934 | Si j’étais le patron – de Richard Pottier
avec Mireille Balin
Le dernier milliardaire – de René Clair avec Marthe Mellot La reine des resquilleuses – de Marco de Gastyne avec Suzanne Dehelly |
1935 | La vie parisienne – de Robert Siodmak
avec Conchita Montenegro
La vie parisienne ( parisian life ) de Robert Siodmak avec Eva Moore Version anglaise de « La vie parisienne » Un oiseau rare – de Richard Pottier avec Pierre Brasseur Paris Camargue – de Jack Forrester avec Simone Cerdan |
1936 | Claudine à l’école / Claudine – de Serge de Poligny avec Margo Lion |
1937 | Le train pour Venise – de André Berthomieu avec Victor Boucher |
1938 | Le cœur ébloui – de Jean Vallée
avec Huguette Duflos
Bécassine – de Pierre Caron avec Marguerite Deval |
1939 | Ils étaient neuf célibataires – de Sacha Guitry
avec Elvire Popesco
Le grand élan – de Christian-Jaque & Harry R. Sokal avec Mila Parély |
1940 | Le club des soupirants – de Maurice Gleize avec Fernandel |