John Mitchum

Fils d’un père cheminot et d’une mère d’origines norvégiennes, John Mitchum est né le 6 septembre 1919 à Bridgeport, dans le Connecticut dans une famille modeste au destin inattendu. Il a une sœur ainée Julie, et un frère ainé Robert, les deux deviendront également comédiens. Le décès prématuré de leur père pousse la famille à s’installer en Californie, où les Mitchum découvrent les promesses de l’Ouest américain. Très tôt, les frères Mitchum s’intéressent au théâtre et au cinéma, John suivant avec admiration les premiers pas de Robert dans l’industrie hollywoodienne.

Si Robert Mitchum s’impose rapidement comme un acteur de premier plan, John Mitchum, lui, emprunte un chemin plus sinueux et discret. Bien qu’éclipsé par la notoriété de son frère aîné, il débute sa carrière à la fin des années 1940, apparaissant dans de petits rôles souvent non crédités. Son physique massif, sa voix grave et chaleureuse, ainsi que sa bonhomie naturelle en font un acteur de soutien parfait, souvent employé pour incarner des policiers, des militaires ou des figures rurales américaines. C’est toutefois dans les années 1960 et 1970 que John Mitchum trouve son véritable rythme de croisière. Il devient un visage familier du petit écran, apparaissant dans des séries emblématiques comme «Gunsmoke», «The Virginian», «Perry Mason», ou encore «Rawhide». Sa faculté à s’adapter à divers genres (western, drame judiciaire, policier), lui confère une popularité croissante parmi les réalisateurs de télévision. Mais c’est au cinéma, aux côtés de Clint Eastwood, que John Mitchum inscrit ses lettres de noblesse. Il interprète l’agent Frank DiGiorgio dans les trois films de la série des «Dirty Harry» («L’Inspecteur Harry» - 1970), («Magnum force» – 1972), «L’inspecteur ne renonce jamais» - 1976), incarnant un collègue loyal, humain et souvent plus sensible que le redoutable Harry Callahan. Sa performance donne à ces films une touche de chaleur et d’humanité, contrebalançant la rudesse du personnage principal. Il a aussi travaillé avec les pointures du cinéma hollywoodien, de Tay Garnett à Stuart Rosenberg, en passant par Nicholas Ray, Billy Wilder ou R.G. Springsteen.

En parallèle de sa carrière d’acteur, John Mitchum cultive une autre passion: l’écriture. Poète à ses heures, il publie un recueil intitulé «Them poems», où il célèbre l’Amérique profonde, ses paysages, ses valeurs et ses héros anonymes. Plusieurs de ses poèmes seront mis en musique et interprétés, notamment par John Wayne dans un album patriotique des années 1970. Cette fibre patriotique, authentique et jamais surjouée, devient une part importante de son identité publique. S’il ne connut jamais la célébrité de son frère, John Mitchum conserva une place à part dans le cœur des cinéphiles et des professionnels d’Hollywood. Son humilité, son professionnalisme et sa gentillesse furent salués par tous ceux qui travaillèrent avec lui.

Marié quatre fois et père de trois enfants, John Mitchum a mené une vie personnelle stable, loin des scandales. Il décède le 29 novembre 2001 à Los Angeles, après des complications de trois accidents vasculaires cérébraux. Il demeure un symbole de ces acteurs dits de «caractère», qui, sans jamais occuper le devant de la scène, sont les piliers invisibles des grandes œuvres cinématographiques. Son héritage est celui de la fidélité à l’art, du respect du métier, et d’une profonde humanité.

© Philippe PELLETIER