1950 Justice est faite – de André Cayatte avec Valentine Tessier, Antoine Balpêtré, Jean d’Yd & Claude Nollier | 1954 Le dossier noir – de André Cayatte avec Bernard Blier, Danièle Delorme, Jean-Marc Bory & Lea Padovani | 1962 Le glaive et la balance – de André Cayatte avec Anthony Perkins, Marie Déa & Jean-Claude Brialy | 1974 Verdict – de André Cayatte avec Jean Gabin, Sophia Loren, Michel Albertini & Gisèle Casadesus | ||
Un regard intense au fond des orbites trahit le tempérament ardent d’un homme de conviction. Cinéaste français André Cayatte est surtout connu par ses films plaidoyers pour une justice plus humaine. Son crédo? Le cinéma, par la force des images, est aussi un puissant vecteur pour éveiller les consciences. Né le 3 février 1909 à Carcassonne, André Cayatte entreprend des études de lettres et de droit pour se diriger vers le métier d’avocat. Mais il s’intéresse tout autant au journalisme et à l’écriture. Il publie plusieurs romans et collabore à la rédaction de scénarios par lesquels il pénètre le monde du cinéma avec notamment «Entrée des artistes» (1938) de Marc Allégret, avec Louis Jouvet, ou «Remorques» (1940) de Jean Grémillon, avec Jean Gabin. Il débute et se fait connaître avec l’adaptation de deux classiques français, «La fausse maîtresse» (1942), d’après Honoré de Balzac, jouée par Danielle Darrieux, puis «Au bonheur des dames» (1943), adapté de l’œuvre d’Emile Zola, avec Michel Simon. Il poursuit dans cette veine, avec une parenthèse pour des films plus populaires, avant de gagner en notoriété avec «Les amants de Vérone» (1948), version libre du «Roméo et Juliette» de Shakespeare dont il écrit le scénario en collaboration avec Jacques Prévert.
Le film dévoile un talent plus personnel et marque un tournant dans la carrière de André Cayatte qu’il convertit dès lors en croisade. Car le cinéaste a une obsession: faire abolir «l’imbécile peine de mort». Un drame familial n’y est pas pour rien, son cousin jeune aumônier de prison étant décédé brutalement après avoir dû assister à l’exécution d’un condamné à mort. Avec «Justice est faite» (1950), qui aborde la question de l’euthanasie, André Cayatte enfourche son cheval de bataille à l’assaut du poids des préjugés et du déterminisme social dans le verdict de jurés d’assises. «Nous sommes tous des assassins» (1952) se penche sur l’arbitraire de la peine de mort. «Dossier noir» (1954) évoque les contraintes qui pèsent sur un juge d’instruction. «Le glaive et la balance» (1962), sur la présomption d’innocence, tout comme «Verdict» (1974), avec Jean Gabin et Sophia Loren, ou encore «L’amour en question» (1978) réitèreront cette diatribe contre la justice, ses rouages, ses œillères. Trop systématique, quelque peu moralisateur, cet acharnement finit par attirer sur le cinéaste l’exaspération de la critique qui lui reproche d’être inféodé à l’avocat qu’il a été.
Mais jusqu’à ses dernières réalisations, au cinéma puis à la télévision, André Cayatte n’aura de cesse de s’emparer des problèmes de société. Les faits divers sont une manne dans laquelle il puise la plupart de ses sujets coups de poing. «Le miroir à deux faces» (1958), qui met Michèle Morgan face à Bourvil, traite des dangers de la chirurgie esthétique. «Les risques du métier» (1967) plonge Jacques Brel dans les affres d’une accusation calomnieuse de pédophilie. «Mourir d’aimer» (1970) est le tragique destin d’une enseignante, amoureuse de l’un de ses jeunes élèves, interprétée par l’émouvante Annie Girardot que le cinéaste retrouve, auprès de Michel Bouquet, dans «Il n’y a pas de fumée sans feu» (1972).
Témoin des mœurs de son époque plus que cinéaste de génie, André Cayatte laisse un style et une œuvre dense et courageuse, portée par de grands comédiens. Il décède d’une crise cardiaque, le 6 février 1989, après avoir vécu assez longtemps pour voir l’abolition de la peine de mort en France.
© Isabelle MICHEL
1937 | L’affaire Lafarge – de Pierre Chenal
avec Marcelle Chantal
Seulement scénario – Non crédité |
1938 | Entrée des artistes – de Marc Allégret
avec Louis Jouvet
Seulement scénario |
1939 | Tempête / Révolte sur Paris / Tempête sur Paris – de Bernard Deschamps
avec Arletty
Seulement dialogues & scénario |
1940 | Remorques – de Jean Grémillon
avec Michèle Morgan
Seulement adaptation & scénario Caprices – de Léo Joannon avec Danielle Darrieux Seulement dialogues |
1941 | Annette et la dame blonde – de Jean Dréville
avec Louise Carletti
Seulement assistant réalisateur Montmartre sur Seine – de Georges Lacombe avec Jean-Louis Barrault Seulement scénario Le club des soupirants – de Maurice Gleize avec Fernandel Seulement adaptation & dialogues |
1942 | Le camion blanc – de Léo Joannon
avec Jules Berry
Seulement dialogues La fausse maîtresse – de André Cayatte avec Lise Delamare + scénario |
1943 | Au bonheur des dames – de André Cayatte
avec Albert Préjean
+ adaptation & scénario Pierre et Jean – de André Cayatte avec Jacques Dumesnil + scénario |
1944 | Le dernier sou / La merveille blanche – de André Cayatte
avec René Génin
+ scénario Farandole – de André Zwobada avec Bernard Blier Seulement adaptation |
1945 | Sérénade aux nuages – de André Cayatte
avec Tino Rossi
+ scénario Le couple idéal – de Bernard-Roland & Raymond Rouleau avec Hélène Perdrière Seulement scénario Roger la honte – de André Cayatte avec Louis Salou + adaptation, dialogues & scénario |
1946 | La revanche de Roger la honte – de André Cayatte
avec Maria Casarès
+ adaptation, dialogues & scénario Le chanteur inconnu – de André Cayatte avec Maria Mauban |
1947 | Le dessous des cartes – de André Cayatte
avec Madeleine Sologne
+ scénario Manù il contrabbandiere – de Lucio De Caro avec Serge Reggiani Version italienne de « Le dessous des carte » – Seulement supervision |
1948 | Les amants de Vérone – de André Cayatte
avec Martine Carol
+ scénario |
1949 | Retour à la vie – de Henri-Georges Clouzot, André Cayatte, Jean Dréville & Georges Lampin
avec Bernard Blier
Segment « Le retour de Tante Emma » |
1950 | Justice est faite – de André Cayatte
avec Valentine Tessier
+ scénario Lion d’Or au festival du cinéma de Venise, Italie Ours d’Or catégorie crime ou aventure au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne |
1951 | Le banquet des fraudeurs – de Henri Stork
avec André Valmy
Seulement conseiller technique |
1952 | Nous sommes tous des assassins – de André Cayatte
avec Raymond Pellegrin
+ scénario Prix spécial du jury au festival du cinéma de Cannes, France |
1953 | Avant le déluge – de André Cayatte
avec Isa Miranda
+ scénario Prix international au festival du cinéma de Cannes, France Mention spéciale au festival du cinéma de Cannes, France |
1954 | Le dossier noir – de André Cayatte
avec Bernard Blier
+ scénario |
1956 | Œil pour œil – de André Cayatte
avec Curd Jürgens
+ adaptation |
1958 | Le miroir à deux faces – de André Cayatte
avec Michèle Morgan
+ adaptation & scénario |
1960 | Le passage du Rhin – de André Cayatte
avec Charles Aznavour
+ adaptation, dialogues & scénario Lion d’Or au festival du cinéma de Venise, Italie |
1962 | Le glaive et la balance – de André Cayatte
avec Anthony Perkins
+ scénario Kriss romani – de Jean Schmidt avec Lila Kedrova Seulement supervision |
1963 | La vie conjugale : Françoise / Françoise ou la vie conjugale – de André Cayatte
avec Marie-José Nat
+ adaptation & scénario La vie conjugale : Jean-Marc / Jean-Marc ou la vie conjugale – de André Cayatte avec Jacques Charrier + adaptation & scénario |
1965 | Piège pour Cendrillon – de André Cayatte
avec Dany Carrel
+ scénario |
1967 | Les risques du métier – de André Cayatte
avec Jacques Brel
+ scénario |
1969 | Les chemins de Katmandou – de André Cayatte
avec Elsa Martinelli
+ adaptation & scénario |
1970 | Mourir d’aimer – de André Cayatte
avec Annie Girardot
+ scénario |
1972 | Il n’y a pas de fumée sans feu – de André Cayatte
avec Michel Bouquet
+ scénario Ours d’Argent prix spécial du jury au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Prix UNICRIT au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Prix OCIC au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Prix Otto Dibelius – Prix Interfilm au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne |
1974 | Verdict / Le testament – de André Cayatte
avec Sophia Loren
+ scénario |
1976 | Á chacun son enfer – de André Cayatte
avec Fernand Ledoux
+ scénario |
1978 | La raison d’état – de André Cayatte
avec Monica Vitti
+ scénario L’amour en question – de André Cayatte avec Bibi Andersson + scénario |
1980 | TV Les avocats du diable – de André Cayatte
avec Laurent Malet
+ scénario TV La faute – de André Cayatte avec Michel Duchaussoy + scénario |
1982 | TV Des yeux pour pleurer – de André Cayatte
avec Maurice Biraud
+ scénario |
1983 | TV Le retour à Cherchell – de André Cayatte avec Catherine Rouvel |
1986 | TV Le grand secret – de Jacques Trébouta
avec Claude Rich
Seulement scénario – Série |