Mara Corday

Née Marilyn Joan Watts le 3 janvier 1930 à Santa Monica, en Californie, Mara Corday a incarné durant les années 1950 l’élégance sauvage d’un certain cinéma de genre américain, tout en conservant une aura discrète mais indélébile dans l’histoire hollywoodienne. Actrice, mannequin et parfois chanteuse, elle traverse l’âge d’or avec une grâce teintée de mystère, laissant derrière elle une filmographie marquée par les thrillers et les films de science-fiction, genres alors en pleine effervescence. Après une adolescence bercée par les lumières de la côte californienne, elle se lance dans une carrière de mannequin, apparaissant dans des revues glamour. C’est cette beauté typiquement hollywoodienne, combinée à une présence à la fois féline et assurée, qui attire l’attention d’un producteur de la Universal Pictures. Rebaptisée Mara Corday, elle signe avec le studio et commence une carrière au cinéma dans des rôles secondaires, notamment auprès de Tony Curtis, Jeff Chandler, Audie Murphy ou Rory Calhoun.

Le vrai tournant survient au milieu des années 1950. Elle devient l’une des figures de proue du cinéma de série B, notamment grâce à ses apparitions dans des films cultes comme «Tarantula» (1955), où elle incarne une héroïne confrontée à une araignée géante, ou encore «Le scorpion noir» (1957), où elle affronte d’autres créatures monstrueuses. Ces productions, bien qu’à l’époque souvent reléguées au second plan, bénéficient aujourd’hui d’un statut culte auprès des amateurs du genre. Le charme naturel de Mara Corday, son sens du timing dramatique et sa capacité à insuffler de la crédibilité à des scénarios parfois rocambolesques ont largement contribué à leur popularité. Mais l’actrice n’a pas été cantonnée uniquement aux rôles de «scream queen». Elle démontre également une belle versatilité dans des drames et westerns. C’est à cette époque qu’elle rencontre Clint Eastwood. Leur amitié durera des décennies, Eastwood allant jusqu’à lui offrir de petits rôles dans plusieurs de ses films bien plus tard, dont «L’épreuve de force» (1977) et «La relève» (1990), témoignant d’un profond respect professionnel.

Parallèlement à sa carrière cinématographique, Mara Corday est aussi connue pour avoir été Playmate du mois dans Playboy en octobre 1958, un choix audacieux pour l’époque, mais qui reflète bien son image d’indépendance et de modernité. Ce geste la fait remarquer dans d’autres cercles hollywoodiens et contribue à maintenir sa visibilité à une époque où les rôles féminins commencent à évoluer. Dans les années 1960, elle décide de se retirer en partie du cinéma pour se consacrer à sa vie de famille, notamment après son mariage avec l’acteur Richard Long, connu pour son rôle dans la série «La grande vallée». Ensemble, ils ont trois enfants. Le décès prématuré de son époux en 1974 la pousse cependant à revenir brièvement sur le devant de la scène.

Malgré une carrière ponctuée de pauses, Mara Corday demeure une figure appréciée des cinéphiles et des amateurs de films de genre. Sa contribution à l’âge d’or de la science-fiction américaine, son charisme magnétique et sa fidélité à ses amis et collègues en font une personnalité à part dans l’histoire du cinéma hollywoodien. Aujourd’hui encore, Elle incarne un visage de l’Amérique d’après-guerre, celui d’une époque révolue, certes, mais aussi d’une féminité assumée, courageuse. Mara Corday meurt dans le plus total anonymat le 9 février 2025, à Santa Clarita en Californie.

© Philippe PELLETIER