![]() 1932 Fanny – de Marc Allégret avec Orane Demazis, Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin & Marcel Maupi | ![]() 1937 Le Schpountz – de Marcel Pagnol avec Fernandel, Orane Demazis, Léon Bélières & Robert Vattier | ![]() 1938 Le club des fadas – de Emile Couzinet avec Fernand Charpin, Robert Vattier, Paul Dullac & Annie Toinon | ![]() 1945 Le gardian – de Jean de Marguenat avec Tino Rossi, Lilia Vetti, Loleh Bellon, Fransined & Arnaudy | ||
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Alida Rouffe, c’est à jamais Honorine, la mère éplorée de Fanny qui, dans «Marius» (1931) de Alexander Korda, apprend avec consternation que sa fille a été engrossée par le fils de César. Cette femme tonitruante et bien en chair est la Marseillaise telle que se la figurent les touristes parisiens. Elle parle haut, avec cet «assent» qui ne fleurit qu’au soleil du Midi , ponctue sa conversation de «peuchère» et de «bonne Mère» et vend ses rascasses sur le Vieux Port, à grand renfort d’appels sonores. Joséphine Marie Rouffe, dite Alida Rouffe, est née à Bordeaux le 20 mars 1874. Fille d’un mime réputé, c’est une enfant de la balle. Comme son père, elle monte sur la scène de l’Alcazar de Marseille, ce temple de la chanson, où de futures gloires comme Fernandel, Raimu ou Maurice Chevalier ont gagné leurs galons. Et ce public marseillais, souvent impitoyable, agrée la nouvelle venue, qui se produit dans d’autres music-halls et paraît dans des revues et des opérettes, comme «Moineau» (1931), sur une musique de Louis Beydts, avec Nina Myral, ou la reprise à Montpellier de «Lady Poum» (1935) d’Oscar Strauss, avec Pierre Destailles.
Mais Alida Rouffe est aussi une mezzo-soprano qui fait ses débuts à l’opéra de Marseille et chante sur diverses scènes lyriques, comme l’opéra de Nîmes, où elle parait dans le rôle de Dame Marthe du «Faust» de Gounod. Car cette Provençale est enracinée dans son terroir et refuse de le quitter. Et Marcel Pagnol doit dépenser des trésors de diplomatie et lui offrir une soupe à l’oignon et un voyage en première classe pour décider Alida Rouffe à «monter» à la capitale, pour interpréter Honorine dans «Marius», la pièce qui a déjà triomphé à Marseille. C’est que, pour elle, les Parisiens sont des gens curieux, qui «ne parlent pas comme nous!». La carrière d’Alida Rouffe au cinéma est brève et peu fournie. Elle est encore Honorine, la tempétueuse mère de Fanny, dans les deux suites de la trilogie, «Fanny» (1932) de Marc Allégret, et «César» (1936) de Marcel Pagnol. Le célèbre écrivain lui offre d’autres compositions: Sidonie, la sœur de Cigalon dans le film du même nom en 1935, ou bien la baronne de Pitart-Vergnolles, dans la première adaptation par Pagnol de sa pièce «Topaze» (1936), ou encore le rôle de Mme Fénuze dans «Le Schpountz» (1937). Et puis, il y a Céleste, la bonne du curé, qui, dans «La femme du boulanger» (1938), se demande si M. le marquis, interprété par Fernand Charpin, va venir dîner avec ses «nièces».
Mais d’autres réalisateurs se sont intéressés à cette «nature» provençale. Elle incarne ainsi la mère supérieure du couvent où Denise, alias «Mam’zelle Nitouche», poursuit son éducation, dans le film du même nom (1931), de Marc Allégret. Elle a aussi l’occasion de donner la réplique à Jean Lumière, le créateur de «La petite église», qui, dans «Le chanteur de minuit» (1937) de Léo Joannon, joue son seul véritable rôle au cinéma. Dans «Le paradis des voleurs» (1939), de L.C. Marsoudet, avec Paulette Dubost, elle se fait voler ses bijoux par un patron de baraque foraine et elle a la vedette dans «Le club des fadas» (1939) de Emile Couzinet, aux côtés de Fernand Charpin, fondateur de l’association de joyeux drilles qu’évoque le titre de ce «nanar» tourné par «l’empereur du navet» dans ses studios de Royan. Alida Rouffe participa-t-elle au «Gardian» (1944), de Jean de Marguenat, qui serait son dernier film? Ceci reste à établir. En tous cas, l’oubli avait déjà estompé son visage et son nom, et c’est dans le dénuement et la solitude qu’elle s’éteint dans sa ville de Marseille, le 21 novembre 1949. Dans le cimetière Saint-Pierre, où elle est inhumée, elle retrouva, du moins, ses amis de jadis, Edouard Delmont ou Milly Mathis.
© Jean-Pascal LHARDY

1931 | Marius – de Alexander Korda & Marcel Pagnol
avec Pierre Fresnay
Mam’zelle Nitouche – de Marc Allégret avec Edwige Feuillère |
1932 | Toine – de René Gaveau
avec Andrex
Fanny – de Marc Allégret avec Orane Demazis Paris-Soleil – de Jean Hémard avec Claude Dauphin |
1935 | Cigalon – de Marcel Pagnol avec Henri Poupon |
1936 | Topaze – de Marcel Pagnol
avec Arnaudy
César – de Marcel Pagnol avec Raimu |
1937 | Le Schpountz – de Marcel Pagnol
avec Fernandel
Le chanteur de minuit – de Léo Joannon avec André Alerme |
1938 | La femme du boulanger – de Marcel Pagnol
avec Ginette Leclerc
Le club des fadas – de Emile Couzinet avec Fernand Charpin |
1939 | Le paradis des voleurs / Escapade / Avec les chevaux de bois – de L.C. Marsoulet avec Roland Toutain |
1944 | Le gardian – de Jean de Marguenat avec Tino Rossi |