![]() 1966 Un facteur s’en va-t-en guerre – de Claude Bernard-Aubert avec Charles Aznavour & Helmuth Schneider | ![]() 1969 Heureux qui comme Ulysse – de Henri Colpi avec Fernandel, Rellys, Gilberte Rivet & Mireille Audibert | ![]() 1970 La faute de l’abbé Mouret – de Georges Franju avec Francis Huster, André Lacombe, Margo Lion & Fausto Tozzi | ![]() 1974 La merveilleuse visite – de Marcel Carné avec Gilles Kohler, Roland Lesaffre, Jean Gras & Mary Marquet | ||
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Avec sa barbe, son regard malicieux et sa figure de paysan madré, on imagine bien Lucien Barjon conter des histoires, le soir, à la veillée. La vocation de cet ingénieur des ponts et chaussées, né le 11 mars 1916, est venue un peu sur le tard, à l’orée de la trentaine. Au lendemain de la guerre, il commence, au théâtre, une carrière qui devait durer près de quatre décennies. Il débute, en 1945, dans «La folle de Chaillot», mise en scène par Louis Jouvet. Il joue, souvent sur des scènes provinciales, les grands classiques du répertoire, comme «Les plaideurs» (1953), de Racine, où il est Dandin, un juge obsédé de procès; «Le Cid» (1954), de Corneille, qui le voit endosser le rôle de don Gomès, le père de Chimène, ou encore «Les fourberies de Scapin», qui lui permettent, à deux reprises, d’incarner Argante, qui veut à tout prix marier son fils Octave. Lucien Barjon est même Tartuffe, en 1965, dans la mise en scène de Jean-Laurent Cochet qui dirige, à ses côtés, Claude Piéplu et Madeleine Robinson. L’acteur prend aussi la succession de Raimu pour camper, avec un talent égal, l’écrasant personnage de César, dans «Fanny» (1968), la fameuse pièce de Marcel Pagnol, mise en scène par Henri Vilbert.
Comme souvent, le cinéma lui apporte moins de satisfactions. En 1953, il incarne, dans «Monsieur et Madame Curie», un court-métrage de Georges Franju, le physicien Henri Becquerel, qui, en découvrant, un peu par hasard, la radioactivité, ouvre la voie aux recherches du couple Curie. Il incarne ensuite un policier dans «Rafles sur la ville» (1957), de Pierre Chenal, qui offre l’un de ses premiers grands rôles à Michel Piccoli. Deux ans plus tard, Chenal lui confie le rôle de Fernand qui, dans «La bête à l’affût», doit aider un truand en cavale, Henri Vidal, à prendre le large. On retrouve Lucien Barjon en officier dans «Un facteur s’en va-t-en guerre» (1966), de Claude Bernard-Aubert, avec Charles Aznavour. Seul rescapé d’une embuscade tendue par le Vietminh, durant la Guerre d’Indochine, il accueille ses compatriotes et leur fait les honneurs du camp de prisonniers dans lequel il est détenu. Il incarne encore le père Bambousse, un des paroissiens de l’abbé Mouret, Francis Huster, dans «La faute de l’abbé Mouret» (1970), de Georges Franju, d’après le célèbre roman d’Emile Zola, un clochard dans «Les assassins de l’ordre» (1970), de Marcel Carné, avec Jacques Brel, ou encore, dans «Le pays bleu» (1975), de Jean-Charles Tacchella, un de ces hommes de la campagne que son visage buriné et sa silhouette épaissie lui valent de jouer de temps à autre.
La télévision lui offre des rôles plus notables, celui de Cabissol, ce personnage de «Maurin des Maures» (1970), la série adaptée du roman de Jean Aicard qui, dans le prologue du feuilleton, nous rappelle que «le rire, c’est ce qu’il y a de plus sérieux au monde», ou celui de ce Robert Desbois, régisseur du domaine du duc de Plessis-Vaudreuil, Jacques Dumesnil, dans «Au plaisir de Dieu» (1977), d’après le livre de Jean d’Ormesson. Lucien Barjon est également un habitué de ces émissions qui font honneur au service public, comme «La caméra explore le temps», «Le théâtre de la jeunesse», de Claude Santelli ou encore la série judiciaire «En votre âme et conscience». De formation scientifique, Lucien Barjon s’était pris de passion pour l’astronomie, au point de vouloir transformer sa terrasse en observatoire. Pratiquement retiré depuis le milieu des années 80, il avait tout le loisir de se livrer à ce hobby. Il nous a quittés à la veille de la nouvelle année, le 31 décembre 2000.
© Jean-Pascal LHARDY

1946 | Erreur judiciaire – de Maurice de Canonge avec Michèle Alfa |
1953 | CM Monsieur et madame Curie – de Georges Franju avec Nicole Stéphane |
1956 | Les promesses dangereuses – de Jean Gourguet avec Françoise Vatel |
1957 | Rafles sur la ville – de Pierre Chenal avec Bella Darvi |
1959 | La bête à l’affût – de Pierre Chenal
avec Françoise Arnoul
La marraine de Charley – de Pierre Chevalier avec Fernand Raynaud Les frangines – de Jean Gourguet avec Dora Doll |
1962 | La dérive / une fille à la dérive – de Paule Delsol avec Paulette Dubost |
1966 | Un facteur s’en va-t-en guerre – de Claude Bernard-Aubert avec Charles Aznavour |
1969 | Heureux qui comme Ulysse – de Henri Colpi avec Fernandel |
1970 | La faute de l’abbé Mouret – de Georges Franju
avec Francis Huster
Les assassins de l’ordre – de Marcel Carné avec Jacques Brel Les novices – de Guy Casaril avec Brigitte Bardot |
1974 | La merveilleuse visite – de Marcel Carné avec Mary Marquet |
1975 | Le pays bleu – de Jean-Charles Tacchella avec Brigitte Fossey |
1982 | En cas de guerre mondiale, je file à l’étranger – de Jacques Ardouin
avec Denise Grey
Remerciements à Jean-Pascal Constantin pour l’acte de naissance |