Roscoe Lee Browne

Roscoe Lee Browne naît le 2 mai 1925 à Woodbury, dans l’état du New Jersey, au Nord-Est des Etats-Unis. Son père est pasteur d’une église protestante baptiste. Après ses études secondaires, le jeune homme entre à l’Université de Lincoln en Pennsylvanie qui fut l’un des premiers établissements nord-américains à admettre des étudiants noirs. Il y étudie le français et la littérature et se fait également remarquer pour ses qualités d’athlète au niveau international (Record du monde du 800 m à Paris en 1951). Il change alors complètement d’orientation et commence à gagner sa vie comme représentant en vins et spiritueux. Puis à la trentaine passée il décide de devenir comédien et interprète sur les scènes new-yorkaises les personnages du répertoire shakespearien avec une aisance déconcertante. En 1961, il participe à la création à Broadway, avec James Earl Jones, de la pièce de Jean Genet, «Les Nègres». Puis, malgré ses multiples activités, il restera toujours en contact étroit avec le théâtre.

En 1962, Roscoe Lee Browne tient son premier rôle au cinéma dans «Connection» de Shirley Clarke, un film sur la pitoyable histoire d’héroïnomanes new-yorkais. Il joue ensuite beaucoup de feuilletons télévisés: «Mannix», «Les envahisseurs», «La planète des singes», «Starsky et Hutch», «Le lieutenant Columbo», etc. Sa carrière cinématographique, sera plus limitée mais néanmoins régulière. Citons notamment «Les comédiens» (1967) de Peter Glenville, d’après Graham Greene, où il joue un Haïtien dit Petit Pierre, dans son île toujours soumise à la dictature, aux côtés de Richard Burton, Elizabeth Taylor, Peter Ustinov et Alec Guinness. Dans «L’étau» (1968) de Alfred Hitchcock avec Dany Robin, Frederick Stafford, Philippe Noiret, Claude Jade, ses études de français lui sont toujours utiles, puisqu’il est cette fois un nommé Philippe Dubois, dans le Paris de la guerre froide. Il y aura encore «Point noir» (1968), un film indépendant réalisé par Jules Dassin. La décennie suivante, Roscoe Lee Browne est le très remarqué Jedediah Nightlinger, dans «Les cow-boys», un western décalé de Mark Rydell, avec John Wayne. La même année il interprète le rôle principal de «On n’achète pas le silence» de William Wyler, un drame contemporain dans un état du sud des USA, également interprété par Lee J. Cobb et Anthony Zerbe. Il est aussi de l’aventure cinématographique de Sidney Poitier qui réalise «Uptown Saturday night » (1973), avec Harry Belafonte, Bill Cosby, et Richard Pryor.

À partir des années quatre-vingts, Roscoe Lee Browne à la diction irréprochable de comédien shakespearien, prête sa voix à des documentaires. Il devient également le narrateur (ou la doublure de personnages) pour des dessins animés comme «Oliver and company» (1988), «Babe, le cochon devenu berger» (1995) et sa suite trois ans plus tard. Nous retrouvons une dernière fois en VO sa voix majestueuse en totale harmonie avec l’ambiance «so british» de «Garfield II» (2006), où le chat «Made in USA» occupe temporairement la place de son sosie anglais.

Resté un fringant célibataire, Roscoe Lee Browne apparaît dans un dernier film en 2007. Il décède à Los Angeles, à quelques jours de fêter son quatre-vingt deuxième anniversaire, le 11 avril 2007. Et même si, à l’image d’un Georges Aminel en France, il n’a pas toujours eu des rôles à la mesure de son talent, il a néanmoins mené une belle carrière grâce à la très florissante industrie audiovisuelle nord-américaine.

© Caroline HANOTTE