![]() 1966 Le vent des Aurès (rih al awras / ريح الاوراس) de Mohammed Lakhdar-Hamina avec Mohamed Chouikh | ![]() 1972 Décembre – de Mohammed Lakhdar-Hamina avec Geneviève Page, Julien Guiomar & Michel Auclair | ![]() 1974 Chronique des années de braise (ahdat sanawovach el-djamr / وقائع سنين الجمر) de Mohammed Lakhdar-Hamina | ![]() 1981 Vent de sable (rih al-raml / رياح رملية) de Mohammed Lakhdar-Hamina avec Merwan Lakhdar-Hamina | ||
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Issu d’une famille instruite et engagée, Mohammed Lakhdar-Hamina est né le 26 février 1934 à M’sila, dans une Algérie encore sous domination coloniale française, il s’intéresse très tôt à la politique et à la culture. Il quitte l’Algérie dans les années 1950 pour poursuivre des études à Paris, avant de rejoindre l’École de cinéma de Prague (FAMU), un des hauts lieux de la formation cinématographique en Europe de l’Est. Ce passage en Tchécoslovaquie, à une époque où le cinéma se fait le miroir des tensions politiques et sociales, influence profondément sa manière de raconter l’histoire.
La Guerre d’Indépendance algérienne (1954/62) devient le cœur battant de son œuvre. Dès l’indépendance acquise, Mohammed Lakhdar-Hamina est parmi les fondateurs du Centre national du cinéma algérien. Il se lance alors dans une mission quasi sacrée: forger une mémoire collective algérienne par l’image. Son premier long métrage, «Le vent des Aurès» (1966), témoigne de cette ambition. Ce film, poignant et austère, raconte le combat d’une mère à la recherche de son fils arrêté par l’armée française. L’œuvre reçoit le Prix de la première œuvre au Festival de Cannes, consacrant déjà le talent du réalisateur. Mais c’est en 1975 que le cinéaste atteint la consécration suprême avec «Chronique des années de braise», une fresque historique monumentale retraçant les causes profondes de la révolution algérienne. Le film, ambitieux tant dans sa mise en scène que dans son propos, remporte la Palme d’or à Cannes, devenant ainsi le premier film africain et arabe à obtenir cette distinction. Cette reconnaissance internationale place Lakhdar-Hamina au rang des grands cinéastes du tiers-monde, à l’instar de Sembène Ousmane ou Youssef Chahine.
Dans son œuvre, le cinéma n’est jamais un divertissement gratuit. Il est langage, arme, cri, hommage. Influencé par le néoréalisme italien et les grands maîtres soviétiques, Mohammed Lakhdar-Hamina développe une esthétique épique, combinant rigueur documentaire et souffle lyrique. Son engagement ne faiblit pas au fil des décennies, même si la production cinématographique algérienne est confrontée à des difficultés financières et institutionnelles après les années 1980. Père du réalisateur Malik Lakhdar-Hamina, Mohammed transmet à la génération suivante le flambeau de ce cinéma de combat. Cependant, il reste lui-même une figure rare et précieuse, peu prolifique mais toujours inspirée. Il réalise «Vent de sable» (1981) puis «Le cri des hommes» (1993), œuvres moins connues mais tout aussi engagées, traitant des séquelles de la guerre et de la désillusion postindépendance.
Mohammed Lakhdar-Hamina est plus qu’un réalisateur, il est un témoin de son temps, un historien de l’âme algérienne, un artisan de la mémoire. Par son regard, il a inscrit l’Algérie dans l’histoire du cinéma mondial, donnant voix à ceux que l’histoire officielle avait souvent réduits au silence. Son œuvre continue d’inspirer chercheurs, cinéastes et militants, rappelant à chacun que le cinéma peut être une arme de résistance et de vérité. Réalisateurs influents du cinéma algérien et du monde arabe, le réalisateur décède le 23 mai 2025 à Alger, la veille de la remise des prix au Festival de Cannes. Son parcours, à la fois personnel et artistique, s’inscrit dans une époque de bouleversements, où l’Art devient un vecteur de libération et de mémoire.
© Philippe PELLETIER

1958 | DO Notre Algérie ( djazaïrouna / جزائرنا ) de Djamel-Eddine Chanderli & Mohammed Lakhdar-
Hamina
+ scénario |
1960 | DO La voix du peuple ( sawt echaâb ) de Djamel-Eddine Chanderli & Mohammed Lakhdar-
Hamina
+ scénario DO Les fusils de la liberté ( banâdiq el-houria / فيلم جزائريe ) de Djamel-Eddine Chanderli & Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario & directeur de la photographie DO Yasmina ( ياسمينة ) de Djamel-Eddine Chanderli & Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario & directeur de la photographie |
1962 | DO Sous le signe de Neptune / Au royaume de Neptune – de Alan František Šulc
Seulement scénario CM Les trésors de Mahdia – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM L’île d’Homère – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario |
1963 | DO Prends soin – de Mohammed Lakhdar-Hamina
+ scénario & montage DO Mais un jour de novembre – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM Tu cherches la science – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM Une fois de plus – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM Lumière pour tous – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM Promesse de juillet – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario |
1964 | CM Le temps d’une image – de Mohammed Lakhdar-Hamina
+ scénario CM La campagne de l’arbre – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario CM Guerre au Tadis – de Mohammed Lakhdar-Hamina + scénario |
1966 | Le vent des Aurès ( rih al awras / ريح الاوراس ) de Mohammed Lakhdar-Hamina
avec Mohamed Chouikh
+ scénario & caméraman Prix de la meilleure première œuvre au festival du cinéma de Cannes, France |
1968 | Hassan Tero ( Hasan Tiru ) de Mohammed Lakhdar-Hamina
avec Rouiched
+ scénario & directeur de la photographie Remparts d’argile – de Jean-Louis Bertucelli avec Jean-Louis Trintignant Seulement production |
1972 | Décembre – de Mohammed Lakhdar-Hamina
avec Geneviève Page
+ scénario & production |
1974 | Chronique des années de braise ( ahdat sanawovach el-djamr / وقائع سنين الجمر ) de Mohammed
Lakhdar-Hamina avec Yorgo Voyagis
+ scénario, caméraman, interprétation & production Palme d’Or au festival du cinéma de Cannes, France L’évasion de Hassan Terro ( Horob Hassan Terro / هروب حسن ترو ) de Mustapha Badie avec Georgette Anys Seulement scénario |
1975 | Le retour de l’enfant prodigue ( awdat al ibn al dal / awda al-ibn ad-dal / عودة الإبن الضال )
de Youssef Chahine avec Mahmoud El-Meliguy
Seulement production |
1981 | Vent de sable ( rih al-raml / رياح رملية ) de Mohammed Lakhdar-Hamina
avec Merwan Lakhdar-Hamina
+ scénario |
1982 | Le bal – de Ettore Scola
avec Martine Chauvin
Seulement production |
1985 | La dernière image ( al coura al-akhira / الصور الأخير ) de Mohamed Lakhdar-Hamina
avec Véronique Jannot
+ scénario & interprétation |
2013 | Crépuscule des ombres ( ghouroub edhilal / غروب الظلال ) de Mohammed Lakhdar-Hamina
avec Samir Boitard
+ scénario & production |
2018 | J’accuse – de Roman Polanski
avec Jean Dujardin
Seulement interprétation |