Duke Kahanamoku

Le cinéma a été comme la cerise sur le gâteau, car Duke Kahanamoku est avant tout un grand sportif dont les prouesses en natation et en surf font date. Né à Honolulu le 24 août 1890 dans une famille modeste hawaïenne, il est l’aîné de 9 enfants et à ce titre hérite du prénom de son père. La natation? Duke la pratique dès son plus jeune âge dans cet océan Pacifique dont les vagues sont aussi propices à un autre sport plus audacieux, le surf, qu’il maîtrise avec maestria sur des planches en bois. Considéré comme le père du surf moderne, il en diffuse la pratique sur les côtes américaines, en Australie, en Nouvelle Zélande et même au-delà. Découvrant la natation de compétition au début du XXème siècle, Duke Kahanamoku va très vite dominer les rencontres par son style unique, à la fois fluide et puissant, qui lui décerne des médailles d’or aux Jeux Olympiques de 1912 et de 1920. Champion encensé, il accomplit en surf des exploits spectaculaires, notamment en Floride et en Californie où il s’installe dans les années 1920. C’est là qu’Hollywood l’approche, fasciné par son talent, son charisme, son physique athlétique.

C’est le réalisateur Victor Fleming qui le premier le fait jouer dans son film «Aventure» (1925), dans le décor pittoresque des îles Salomon, où un propriétaire terrien est confronté à une révolte d’indigènes. Cette même année Duke Kahanamoku tourne trois films, passant de chef indien dans le western de James Cruze «Pony Express» à fidèle garde du corps du héros, marin devenu chef de village en Malaisie, joué par Percy Marmont, dans «Lord Jim» de Victor Fleming. Simple hawaïen, toujours sous la direction de son mentor dans «Hula» (1927), ou talentueux nageur dans «Her summer hero» (1927) de James Dugan, Duke personnifie tout naturellement «Lono» dans «The isle of sunken gold» (1927) de Harry S. Webb. Vénéré comme le dieu de l’agriculture, de la fertilité, mais aussi de la paix et de l’harmonie, Lono est une figure éminente et bienveillante de la mythologie et de la culture hawaïennes.

De capitaine pirate en Mer Méditerranée dans «Vaincre ou mourir» (1926) de James Cruze, à chasseur de fauves en Indochine dans «Loin vers l’Est» (1929) de Tod Browning, Duke Kahanamoku se révèle plus romantique en Manua, amoureux d’une indigène de l’île de Samora, Loru, alias Nina Quartero, dans «Isle of escape» (1930) de Howard Bretherton. Car si l’acteur reste souvent cantonné à des rôles secondaires de chef indigène, il compte une quinzaine de longs métrages à son actif, du noir et blanc à la couleur, clos avec un film d’aventure de Edward Ludwig «Le réveil de la sorcière rouge» (1948), du nom du bateau dont John Wayne est le capitaine, et un film de guerre, «Permission jusqu’à l’aube» (1954) de John Ford et Mervyn LeRoy, aux côtés de Henri Fonda et de James Cagney.

De retour à Hawaï, ce surdoué entre en politique et se voit octroyer le prestigieux poste de shérif honoraire d’Honolulu de 1932 à 1961. Et lorsque les Etats-Unis intègrent Hawaï en 1959, il est promu ambassadeur culturel de l’archipel, porteur des traditions hawaïennes et des valeurs du Pacifique. Personnalité hors normes, Duke Kahanamoku est bien plus qu’un sportif. Pour son peuple, il reste à jamais un symbole de sagesse, de noblesse d’âme, d’héroïsme aussi pour avoir sauvé plusieurs vie lors d’un naufrage. Il décède à Honolulu le 22 janvier 1968, des suites d’une crise cardiaque. Il repose en mer selon les traditions et le rituel hawaïens, lui qui aimait à dire: «hors de l’eau, je ne suis rien».

© Isabelle MICHEL