Saul Zaentz

Considéré comme l’un des plus grands producteurs de cinéma indépendant américain, Saul Zaentz est né le 28 février 1921, à Passaic dans le New Jersey. Enfant issu d’une famille d’émigrés juifs, il est scolarisé à la William B. Cruz Memorial school de sa ville natale avant de s’enfuir de la maison à quinze ans. Il devient joueur de cartes professionnel puis se retrouve vendeur de cacahuètes à Saint-Louis (Missouri). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il sert dans l’armée en Europe et dans le Pacifique. Démobilisé, il se lance dans l’élevage de poulets dans le New Jersey, une idée qu’il abandonne très vite pour revenir à Saint-Louis et se consacrer aux affaires.

C’est à San Francisco que Saul Zaentz décroche son premier travail dans le secteur de l’industrie musicale alors en plein essor, pour le célèbre impresario Norman Granz entre 1954 et 1955. Il organise alors les tournées pour, entre-autres, Duke Ellington, Dave Brubeck ou Stan Getz. Il est ensuite engagé en 1955 par «Fantasy Records», une firme qu’il rachète en 1967 et qui va devenir, sous sa direction, le plus grand label de jazz du monde.

Porté par son succès dans la musique, Saul Zaentz décide d’investir dans le cinéma. Pour sa première production, il acquiert, avec Michael Douglas, les droits du livre de Ken Kesey «Vol au-dessus d’un nid de coucou» adapté à l’écran par Milos Forman en 1975. Le film, qui triomphe sur les écrans, est le premier de l’histoire des Oscars à remporter les cinq principaux prix : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario pour Lawrence Hauben et Bo Goldman, meilleur acteur pour Jack Nicholson et meilleure actrice pour Louise Fletcher. Trois ans plus tard, Saul Zaentz finance un autre projet qui lui tient à cœur, l’adaptation de l’œuvre de J.R.R. Tolkien «Le seigneur des anneaux», un dessin animé dirigé par Ralph Bakshi. Sa deuxième collaboration avec Milos Forman pour «Amadeus» (1984) lui vaut son second Oscar. Le film remporte sept autres statuettes dont celles du meilleur réalisateur et du meilleur acteur pour F. Murray Abraham. «L’insoutenable légèreté de l’être» (1984) de Philip Kaufman, d’après le roman de Milan Kundera décroche trois nominations, et l’adaptation du livre de Michael Ondaatje «Le patient anglais» (1996) de Anthony Minghella récolte encore neuf Oscars sur les douze nominations, dont une nouvelle fois celui du meilleur film. Il connaît un beau succès avec «Mosquito Coast» (1986) un film d’aventure de Peter Weir tourné au Belize avec Harrison Ford et Helen Mirren. À noter aussi deux autres films moins réussis mais qui ont le mérite d’exister: «En liberté dans les champs du seigneurs» (1990) de l’argentin Hector Babenco et «Les fantômes de Goya» (2006) de Milos Forman.

Un tel parcours lui permet d’être honoré pour sa carrière par la guilde des producteurs de cinéma américains en 1994 et de remporter le prestigieux Prix Irving G. Thalberg par l’Académie du cinéma américain. Au-delà de tous les pouvoirs des grands studios, Saul Zaentz qui disait d’eux qu’il sont comme des mouches, mangeant avec le même enthousiasme du miel et de la merde, à su trouver sa place à Hollywood en produisant des films de grande qualité. Le producteur s’éteint le 3 janvier 2014 à San Francisco à l’âge de 92 ans. Il laisse dans le deuil ses quatre enfants, Dorian, Joshua, Athena et Jonnie. Il était l’oncle du producteur Paul Zaentz.

© Pascal DONALD