![]() 1964 La vieille dame indigne – de René Allio avec Louise Sylvie, Victor Lanoux & Malka Ribowska | ![]() 1973 Rude journée pour la reine – de René Allio avec Simone Signoret, Jacques Debary & Orane Demazis | ![]() 1976 Moi Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… – de René Allio avec Claude Hébert | ![]() 1984 Le matelot 512 – de René Allio avec Dominique Sanda, Jacques Penot, Bruno Cremer & Tchéky Karyo | ||
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Si l’on excepte un court-métrage, en 1962, René Allio commence sa carrière de réalisateur, trois ans plus tard, par un coup de maître. Si «La vielle dame indigne» (1964) est une telle réussite, c’est d’abord grâce à son interprète principale, la merveilleuse Louise Sylvie. Cette comédienne, que son visage austère et son regard perçant vouaient souvent aux personnages cyniques et vipérins, campe ici une vieille femme qui, après avoir consacré toute son existence à sa famille, décide, au soir de sa vie, de prendre un peu de bon temps. Elle s’achète une voiture, et en compagnie de ses amis, dont une serveuse sans préjugés, part, avec l’émerveillement de l’enfance, à la conquête du monde. Dès ce premier long-métrage s’affirme déjà le style quasi documentaire de René Allio. Son réalisme est celui de la vie, et sa caméra enregistre les émotions et les réactions de personnages qui s’inscrivent dans un quotidien qui pourrait être le nôtre.
Ce réalisme, c’est aussi la volonté de rechercher, derrière les apparences, la vérité des êtres. Ainsi du personnage de Pierre, dans «Pierre et Paul» (1969), interprété par un remarquable Pierre Mondy, qui trouve sans doute là le rôle le plus intéressant de sa carrière. À l’occasion d’un événement funeste, la mort de son père, il éprouve des difficultés financières, qui envahissent son quotidien et lui font mesurer le vide d’une existence qui le conduit peu à peu à la démesure et à la folie. Cette exploration de la part cachée de tout homme, qui peut le conduire à la déraison, est l’un des thèmes récurrents du cinéaste. Ainsi, dans «Rude journée pour la reine» (1973), Simone Signoret s’invente une existence de substitution, plus vraie que sa vie réelle, puisée dans la presse à sensation et le héros de «Moi, Pierre Rivière» (1976) se présente comme un être inspiré qui, poussé par une voix divine, aurait assassiné ses parents pour leur propre bien. Le réalisme du film est renforcé par le recours à des acteurs non professionnels.
Ce désir de comprendre les ressorts profonds qui font agir les hommes se retrouve dans «Les Camisards» (1970), une évocation de la résistance, au début du XVIIIe siècle, de ces huguenots des Cévennes, désireux de pratiquer leur religion, alors que, depuis la révocation de l’édit de Nantes, le protestantisme était interdit en France. Cette reconstitution historique austère se présente comme un essai de cinéma janséniste que n’aurait sans doute pas renié un Robert Bresson. Dans «Retour à Marseille» (1979), un film, une fois de plus, tout en retenue, René Allio confie un rôle très attachant à un Raf Vallone vieillissant. Puis, suivent deux films plus mineurs, et méconnus à leur sortie, «Le matelot 512» (1984), avec Jacques Penot et «Transit» (1990), avec Rüdiger Vogler, qui se passe à Marseille, une ville où le cinéaste a trouvé, avant Robert Guédiguian, sa terre d’élection et à laquelle il consacre, pour finir sa carrière, un documentaire en forme de clin d’œil à son premier film: «Marseille ou la vieille ville indigne» (1993).
Par sa formation, René Allio est d’abord un décorateur de théâtre, qui s’oriente vers la scénographie dans les années 50. C’est lui qui conçoit les décors et les éclairages et donne ainsi leur ambiance à plusieurs spectacles montés par des scènes prestigieuses, comme l’Opéra de Paris, la Comédie-Française ou le Théâtre National Populaire dirigé par Jean Vilar. Il est aussi l’auteur de passionnants «Carnets», publiés en quatre tomes, où le réalisateur livre ses réflexions sur le cinéma et la vie en général. René Allio disparaît le 27 mars 1995, à Paris.
© Jean-Pascal LHARDY

1959 | DO Âmes mortes – de René Allio
Réalisation d’un film d’animation intégré à la représentation scénique des «Âmes mortes» de Gogol |
1962 | CM La meule – de René Allio
avec Malka Ribovska
+ scénario |
1964 | La vieille dame indigne – de René Allio
avec Louise Sylvie
+ adaptation, dialogues & scénario Prix de la critique du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma, France |
1966 | Ballade pour un chien – de Gérard Vergez
avec Charles Vanel
Seulement premier assistant réalisateur |
1967 | L’une et l’autre – de René Allio
avec Philippe Noiret
+ adaptation, dialogues & scénario |
1969 | Pierre et Paul – de René Allio
avec Bulle Ogier
+ adaptation, dialogues & scénario |
1970 | Les camisards – de René Allio
avec Dominique Labourier
+ dialogues, scénario & production Prix Interfilm au forum du nouveau cinéma du festival international du cinéma de Berlin, Allemagne Prix OCIC au forum du nouveau cinéma du festival international du cinéma de Berlin, Allemagne |
1973 | Rude journée pour la reine – de René Allio
avec Simone Signoret
+ dialogues, scénario & production |
1974 | Histoire de Paul – de René Ferret
avec Paul Allio
Seulement conseiller technique |
1976 | Moi Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… – de René Allio
avec Claude Hébert
+ scénario Prix Interfilm au forum du nouveau cinéma du festival international du cinéma de Berlin, Allemagne CM À propos de Pierre Rivière – de Pascal Kané avec Jacqueline Millière Seulement appartion |
1979 | Retour à Marseille – de René Allio
avec Raf Vallone
+ scénario |
1981 | DO L’heure exquise – de René Allio
avec Pierre Allio
+ apparition CM Cinématon N°139 – de Gérard Courant |
1984 | Le matelot 512 – de René Allio
avec Dominique Sanda
+ adaptation, dialogues & scénario |
1987 | TV Un médecin des lumières – de René Allio
avec Vincent Gauthier
+ scénario |
1990 | Transit – de René Allio
avec Judith Henry
+ dialogues & scénario |
1991 | Ecrire contre l’oubli – de Chantal Akerman, René Allio, Denis Amar, Jean Becker, Jane
Birkin, Jean-Michel Carré, Henri Cartier-Bresson, Patrice Chéreau, Alain Corneau,
Costa-Gavras, Dominique Dante, Claire Denis, Raymond Depardon, Jacques Deray,
Michel Deville, Jacques Doillon, Martine Francke, Gérard Frot-Coutaz, Francis Girod,
Jean-Luc Godard, Romain Goupil, Jean-Loup Hubert, Robert Kramer, Patrice
Leconte, Anne-Marie Miéville, Sarah Moon, Philippe Muyl, Michel Piccoli, Alain
Resnais, Coline Serreau, Bertrand Tavernier,& Nadine Trintignant
avec Bernard Stasi
Segment « Pour Vythialingam Skandarajah » |
1993 | DO Marseille ou la vieille ville indigne – de René Allio & Robert Guédiguian
+ scénario |