1984 Réveillon chez Bob – de Denys Granier-Deferre avec Jean Rochefort, Guy Bedos & Michel Galabru | 1991 Le secret de Sarah Tombelaine – de Daniel Lacambre avec Marc de Jonge & Jean-Paul Roussillon | 1995 Noir comme le souvenir – de Jean-Pierre Mocky avec Jane, Birkin, Sabine Azéma & Jean-François Stévenin | 1998 Le bleu des villes – de Stéphane Brizé avec Florence Vignon, Mathilde Seigner & Antoine Chappey | ||
Fille d’un inspecteur des Douanes et d’une receveuse des Postes, Jenny Alpha est née le 22 avril 1910 à Fort-de-France, en Martinique. Elle grandit dans une famille aisée et unie de dix enfants, quatre d’un précédent mariage de son père et cinq autres frères et sœurs. Son enfance et son adolescence sont bercés par la musique des îles mais également par l’opéra et le théâtre. Elle rêve alors de devenir comédienne bien que ses parents la prédestinent plutôt vers un métier de la médecine. À dix-neuf ans, elle arrive à Paris pour devenir institutrice et se retrouve étudiante à la Sorbonne. Parallèlement elle organise des galas où elle chante le folklore antillais, mais la couleur de sa peau lui ferme la porte du conservatoire et celles des théâtres. À cette époque, elle épouse un jeune attaché du musée du Louvre, qui la laissera veuve et sans ressources en 1942 alors qu’ils s’étaient réfugiés en Provence.
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Jenny Alpha qui s’est distinguée dans la Resistance pendant l’occupation, revient à Paris. Elle retrouve à Montparnasse le peintre Francis Picabia, pour qui elle avait posé quand elle était dans le Sud de la France. Celui-ci lui présente Salvator Dali, Robert Desnos et Soutine. Entre-temps, elle rencontre le poète Noël Villard et l’épouse. Elle reprend les spectacles où elle chante et danse sur ses compositions accompagnée d’un orchestre. «Jenny et les Pirates du Rythme» se produisent dans les cabarets parisiens mais aussi européens croisant ainsi Duke Ellington, Josephine Baker, Louis Armstrong, Habib Benglia ou Billie Holiday. En 1956, elle participe au premier congrès des écrivains noirs où elle retrouve son ami d’enfance Aimé Césaire, mais aussi Léopold Sédar Senghor, Richard Wright et Langston Hugues. En 1961, elle aurait fait une brève apparition dans le film américain «Paris Blues» avec Paul Newman, Joanne Woodward et Sidney Poitier.
Par la suite, Jenny Alpha s’éloigne de la chanson pour se consacrer au théâtre, au cinéma et à la télévision. Sur scène, en 1960, elle remplace au pied levé Lydia Ewande dans la pièce de Jean Genet «Les nègres» mis en scène par Roger Blin. Début d’une prolifique carrière théâtrale riche d’une quarantaine de pièces, essentiellement au service de la cause noire telles que: «La tragédie du roi Christophe» (1965) de Aimé Césaire avec Douta Seck dans le rôle-titre; «Rodogune» (1975) de Corneille avec Bachir Touré; mais surtout «Folie ordinaire d’une fille de Cham» (1984) de Julius Amédée Laou dans mise en scène Daniel Mesguich. Jean Rouch réalise une adaptation cinématographique de cette dernière pièce en 1986. À la télévision, on l’aperçoit dans des épisodes de séries populaires comme dans «Les cinq dernières minutes» (1976) avec Raymond Souplex ou «Médecins de nuit» (1983) avec Greg Germain. Pour le grand écran, elle a presque 90 printemps quand elle est la merveilleuse interprète, auprès de Robert Liensol, de «La vieille quimboiseuse et le majordome» (1987) de Julius Amédée Laou. Elle tient des rôles secondaires aussi dans «L’absence» (1993) de Peter Handke et «Noir comme le souvenir» (1995) de Jean-Pierre Mocky.
En 2008, Laurent Champonnois et Federico Nicotra lui consacrent un documentaire intitulé «Un siècle de Jenny». La même année, elle enregistre «La Sérénade du muguet» une nouvelle version d’un de ses plus grand succès de 1953. Figure légendaire de la culture créole, Jenny Alpha meurt centenaire le 8 septembre 2010, des suites d’une mauvaise chute.
© Pascal DONALD
1961 | Paris Blues – de Martin Ritt
avec Paul Newman
Seulement apparition |
1978 | En l’autre bord – de Jérôme Kanapa avec Raymond Bussières |
1979 | Le fils puni – de Philippe Collin
avec Christian Rist
West Indies / West Indies ou les nègres marrons de la liberté – de Med Hondo avec Roland Bertin |
1984 | Réveillon chez Bob – de Denys Granier-Deferre avec Jean Rochefort |
1985 | Folie ordinaire d’une fille de Cham – de Jean Rouch avec Sylvie Laporte |
1987 | Karukera au bout de la nuit – de Constant Gros-Dubois
avec Benjamin Jules-Rosette
La vieille quimboiseuse et le majordome – de Julius Amédée Laou avec Robert Liensol |
1991 | Le secret de Sarah Tombelaine – de Daniel Lacambre avec Marc de Jonge |
1993 | L’absence ( die abwesenheit ) de Peter Handke avec Bruno Ganz |
1995 | Noir comme le souvenir – de Jean-Pierre Mocky avec Jean-François Stévenin |
1998 | Le bleu des villes – de Stéphane Brizé avec Philippe Duquesne |
2005 | CM Monsieur Etienne – de Yann Chavia avec Hector Saé |
2006 | DO Lumières noires – de Bob Swain
avec Mamadou Diouf
Seulement apparition |
2008 | DO Un siècle de Jenny – de Laurent Champonnois & Federico Nicotra avec Aimé Césaire |