1964 L’évangile selon Saint Mathieu (il vangelo secondo Matteo) de Pier Paolo Pasolini avec Susanna Pasolini | 1991 Le long hiver (el largo invierno) de Jaime Camino avec Vittorio Gassman, Jean Rochefort & Jacques Penot | 2007 A la soledat – de José María Nunes avec Alba Ferrara, Nausicaa Bonnín & Josep Maria Torres | 2016 Il vangelo secondo Mattei – de Antonio Andrisani & Pascal Zullino avec Flavio Bucci & Andrea Osvárt | ||
Fils d’un père basque psychiatre et d’une mère italienne, femme d’affaires d’origine juive, Enrique Irazoqui est né le 5 juillet 1944, à Barcelone. Jeune étudiant, il milite au parti communiste. En février 1964, le syndicat universitaire clandestin anti-franquiste, l’envoie en Italie pour une collecte de fonds auprès des sympathisants communistes. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Elsa Morante, Alberto Moravia, Franco Fortini, Francesco Leonetti et surtout Pier Paolo Pasolini.
En effet, c’est lors de la première visite de Enrique Irazoqui chez Pasolini, que le poète-cinéaste voit en lui l’incarnation du Christ dans un film qu’il doit réaliser. Dans un premier temps, le jeune homme, athée et anarchiste, refuse puis se laisse convaincre car avec son cachet de comédien, il pourrait aider un journal de résistance contre le pouvoir espagnol en place et payer des avocats pour la défense des militants emprisonnés. C’est ainsi que Enrique interprète Jésus dans «L’évangile selon Sain-Mathieu» (1964). Cette reconstitution qui respecte scrupuleusement les Ecritures, tournée en grande partie dans le petit village calabrais de Matera, remporte de nombreux prix dont le Lion d’Argent au festival de Venise en 1964, et assure une renommée internationale au jeune comédien de 20 ans. Chef-d’œuvre fortement critiqué à sa sotie par le Vatican, il finit par être réhabilité et faire l’unanimité chez les croyants mais aussi chez les athées. Notons que c’est la mère du cinéaste, Susanna Pasolini, qui interprète Marie.
De retour en Espagne où sa femme enceinte l’attend, Enrique Irazoqui est arrêté par les autorités franquistes, son passeport lui est retiré et il est exclu de toutes universités espagnoles. Mais sa notoriété ne l’empêche pas de tourner dans deux films: «Noche de vino tinto» (1966) de José María Nunes, errance de deux jeunes paumés dans les bars de nuit madrilènes, et «Dante n’est pas uniquement sévère» (1967) de Joaquim Jordà et Jacinto Esteva, l’histoire impossible et destructrice d’un couple. Après quelques mois passés dans une entreprise espagnole au service du personnel, il s’installe en France, termine ses études d’économies et décroche un diplôme en littérature. puis, il part aux Etats-Unis, recommandé par des personnalités comme Pasolini, Jean-Paul Sartre ou Elsa Morante, il décroche un premier poste de professeur de littérature dans une université du Minnesota, avant d’enseigner dans plusieurs autres établissement américains. Pour le cinéma, le reste de sa carrière est insignifiant, ne faisant des apparitions dans une poignée de films, dont une nouvelle adaptation de l’Evangile de Mathieu pour un docu-fiction de Antonio Andrisani et Pascal Zullino en 2016, et un autre docu-fiction «The new gospel» (2018) de Milo Rau où il incarne Jean le Baptiste. Enrique Irazoqui est aussi un passionné d’échecs qu’il pratique depuis son enfance. Au fil du temps, il s’impose comme l’un des meilleurs spécialistes mondiaux des échecs informatiques. En 2002, à Bahreïn, il arbitre une célèbre partie entre le champion du monde Vladimir Kramnik et ordinateur, qui s’est terminée par une égalité.
En juin 2011, invité pour une exposition consacrée à Pier Paolo Pasolini en Italie, il reçoit la citoyenneté d’honneur de la ville de Matera. Retiré à Llançà en Catalogne, il y organise des tournois d’échecs où les plus grands champions viennent se produire. Victime de deux crises cardiaques consécutives, Enrique Irazoqui s’éteint le 16 septembre 2020, à Cadaqués.
© Pascal DONALD
1964 | L’évangile selon Saint Mathieu ( il vangelo secondo Matteo ) de Pier Paolo Pasolini avec Susanna Pasolini |
1966 | Noche de vino tinto – de José María Nunes avec Rafael Arcos |
1967 | Dante n’est pas uniquement sévère ( Dante no es únicamente severo ) de Joaquim Jordà & Jacinto Esteva avec Serena Vergano |
1991 | Le long hiver ( el largo invierno / el llarg hivern ) de Jaime Camino avec Vittorio Gassman |
2007 | A la soledat – de José María Nunes avec Alba Ferrara |
2009 | CM El aullido – de Frederic Amat avec Josep Maria Domènech |
2015 | DO Pasolini a Barcelona – de Hilari M. Pellicé
avec Roberto Imperatori
Seulement apparition |
2016 | Il vangelo secondo Mattei – de Antonio Andrisani & Pascal Zullino avec Flavio Bucci |
2018 | CM Vinicio Capossela: Il povero Cristo – de Daniele Cipri avec Rossella Brescia |
2018 | The new gospel ( das neue Evangelium ) de Milo Rau avec Yvan Sagnet |