Maurice Delbez

Né le 28 juillet 1922 à Bezons, Maurice Delbez est d’origine auvergnate. Ses parents, qui composent la communauté des bougnats, ouvrent un café à Paris. Mais après la faillite de leur établissement, la famille s’installe dans une certaine précarité. Il abandonne rapidement ses études et travaille au Ministère des finances. Par le biais d’un professeur de lettres, il rencontre Julien Bertheau qui l’encourage à devenir comédien. Alors que la guerre vient d’éclater, il évite le Service du Travail Obligatoire en s’engageant dans le maquis dans des régions peu peuplées comme le Cantal, l’Aveyron ou le Puy-de-Dôme. En 1945, sur les conseils d’un camarade résistant, il se présente et est reçu au concours de l’IDEHC (Institut Des Hautes Etudes Cinématographiques). Grâce à Pierre Fresnay, il décroche un stage sur le tournage de «Monsieur Vincent» (1947) de Maurice Cloche. Ainsi, il devient assistant-réalisateur et collabore essentiellement avec Maurice Cloche et Guy Lefranc.

Sur le tournage de «Milord l’arsouille» (1955), Maurice Delbez rencontre le réalisateur André Daguet. Ensemble, ils réalisent la comédie dramatique «La roue» (1956) avec Jean Servais, remake de «La rose du rail» de Abel Gance. Il se fait connaître avec son second film «A pied, à cheval et en voiture» (1957) avec Noël-Noël. Considéré comme un document sociologique, cette comédie décrit l’angoisse de la petite bourgeoisie française à l’occasion de l’achat d’un véhicule d’occasion. Il enchaîne avec «Et ta sœur?» (1958) avec Pierre Fresnay et Arletty qui s’opposent au mariage de Sophie Gimaldi et Jean-Claude Brialy. Il est sollicité pour l’adaptation d’un roman de Marcel G. Prêtre sous le titre «Dans l’eau… qui fait des bulles!» (1960). Dans cette intrigue, les personnes qui découvrent un cadavre sont soupçonnés d’assassinat. Louis de Funès apparaît comme tête d’affiche. Pour bénéficier des retombées du succès de Louis de Funès, ce film est rebaptisé «Le garde champêtre mène l’enquête» en 1969.

Parallèlement, Maurice Delbez participe au scénario du film de Jean Pierre Mocky «Les dragueurs» (1958), réalise un épisode de «L’inspecteur Leclerc enquête» (1962) et devient conseiller technique de Darry Cowl sur «Jaloux comme un tigre» (1964). En 1964, il se lance dans l’adaptation du roman de Robert Sabatier «Alain et le nègre», considéré comme «le premier roman anticolonialiste». Ce film baptisé «Un gosse de la bute» raconte l’amitié d’un enfant avec un antillais, Serge Nubret, devenu l’amant de sa mère interprétée par Madeleine Robinson. Dans une société marquée par le raciste, il est lâché par son distributeur alors que le tournage s’achève à ses frais. En 2017, le film est exploité sous le titre «Rue des cascades». Après l’échec du film, il quitte la mise en scène au cinéma et réalise des épisodes de la première saison de la série «Les Saintes Chéries» (1965) avec Micheline Presle et Daniel Gélin. Denys de la Patellière, dont il a été l’assistant, l’engage à le seconder sur certains de ses films.

Criblé de dettes, Maurice Delbez entame une carrière administrative. En 1969, il entre à l’ORTF au service de recherche. Par la suite, il devient directeur des programmes à FR3 Nord Picardie, directeur des études de l’IDEHC, producteur à la télévision, puis se retire à Montcausson dans l’Aveyron. En 1987, il est l’auteur d’un livre de souvenirs intitulé «Ma vie racontée à mon chien cinéphile». Agé de 97 ans, Maurice Delbez décède le 23 mars 2020 à Nogent-sur-Marne, en région parisienne.

© Olivier SINQSOUS