![]() 1932 La folle nuit – de Robert Bibal avec Colette Broïdo, Suzanne Bianchetti, Max-Georges Lafon & Guy Parzy | ![]() 1935 Bichon – de Fernand Rivers avec Victor Boucher, Marcel Vallée, Jane Loury, Dolly Davis & Robert Seller | ![]() 1941 Le valet maître – de Paul Mesnier avec Elvire Popesco, Henri Garat, Roger Karl & Alexandre Mihalesco | ![]() 1945 Tant que je vivrai – de Jacques de Baroncelli avec Edwige Feuillère, Jacques Berthier & Georges Lannes | ||
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Haute comme trois pommes et la voix citronnée, Marguerite Deval s’agite comme une poupée mécanique. Et il n’est même pas nécessaire de la remonter. Quand elle entre dans une pièce, en un plan, cette «voleuse de répliques» tire toute la couverture à elle. Drapée dans une robe traînante, qui ne saurait même dévoiler la cheville, trois rangs de perles au cou et coiffée d’un chapeau fleuri, elle arrive vers vous à vive allure, ajuste son face-à-main et, avec un débit de mitraillette, vous rabat le caquet. Sonné par cette tornade en jupons, vous n’avez plus qu’à battre en retraite.
Marguerite Deval, née Brulfer, est née sous le Second Empire, le 19 septembre 1866. Elle débute, aux Bouffes-Parisiens, une décennie avant l’invention du cinéma! Elle paraît en effet, en 1884, dans «Le chevalier Mignon», un opéra-comique de Charles Clairville et Ernest Depré, sur une musique de Léopold de Wenzel. Dès le début, Marguerite Deval a des formes opulentes et de l’abattage à revendre. Elle se sert des deux pour amuser la galerie et débiter, de sa voix de crécelle, des gaudrioles dont son œil malicieux tempère la trivialité. Elle a ainsi un grand succès dans «Quand je suis paf», tirée de l’opérette «Mon amant» (1932), d’Henry Darcourt et Victor Alix; elle y chante: «Quand j’suis paf, paf, paf, paf, ça me chatouille le pif, pif, pif, pif». Tout un programme! Au théâtre, la carrière de Marguerite Deval, qui s’étend sur près de 60 ans, lui permet d’aborder des auteurs comme Tristan Bernard, Francis de Croisset ou même, sur le tard, Jean Anouilh. Elle fonde même, en 1898, et dirige un temps, le théâtre des Mathurins.
Après deux films muets, elle n’aborde vraiment le cinéma qu’à 65 ans passés! Dès que paraît sur l’écran sa silhouette dodue, il n’y en a que pour elle. Ses pimbêches rancies, ses vieilles filles péremptoires et ses bourgeoises loufoques envahissent tout l’écran. C’est la femme de l’homme d’affaires André Alerme, dans le film que Jacques Deval a tiré de sa pièce «Tovaritch» (1934), la vieille actrice un peu toquée de «L’homme du jour» (1936), de Julien Duvivier, la femme du diplomate Roger Karl dans «Le valet maître» (1941), de Paul Mesnier ou encore la comtesse de Latour du Nord dans l’adaptation, en 1947, de la pièce de Feydeau, «Monsieur chasse», par Willy Rozier. Dans l’univers de Feydeau, où souffle un vent de folie, l’actrice est comme un poisson dans l’eau. Dans «Marie-Martine» (1942), un grand film méconnu de Albert Valentin, Marguerite Deval, avisant un cadavre dont la taille la surprend, a une façon de dire: «on dirait le duc de Guise» qui a de quoi réjouir les spectateurs cinéphiles.
Mais, sous ses airs de fofolle, Marguerite Deval garde la tête sur les épaules et peut même se montrer sordide. Dans le célèbre film de Jean Grémillon, «Gueule d’amour» (1937), elle fait comprendre à Jean Gabin que, s’il s’obstine à courtiser sa fille, Mireille Balin, celle-ci perdra l’appui de ses riches protecteurs, et elle, le bénéfice d’une vie facile, où la vieille dame peut satisfaire sa gourmandise, et son goût pour la crème au chocolat. De même, dans «Prisons pour femmes» (1938), de Roger Richebé, où le romancier Francis Carco joue son propre rôle, elle n’hésite pas à se livrer à un odieux chantage auprès de Renée Saint-Cyr, menaçant de révéler son passé de détenue. Après être apparue dans un dernier film, en 1952, Marguerite Deval décède, dans son domicile parisien, le 18 décembre 1955.
© Jean-Pascal LHARDY

1910 | CM La noce à Canuche – de Michel Carré avec Harry Baur |
1914 | CM Caza cherche une fuite – de ? avec Lucien Cazalis |
1932 | La folle nuit – de Robert Bibal avec Suzanne Bianchetti |
1933 | Cent mille francs pour un baiser/ Pourquoi pas ? – de Hubert Bourlon & Georges Delance avec Jean Gehret |
1934 | Tovarich – de Jacques Deval, Germain Fried, Jean Tarride & Victor Trivas avec Pierre Renoir |
1935 | Bichon – de Fernand Rivers avec Victor Boucher |
1936 | L’homme du jour – de Julien Duvivier avec Maurice Chevalier |
1937 | Gueule d’amour – de Jean Grémillon avec Jean Gabin |
1938 | Prisons de femmes – de Roger Richebé
avec Viviane Romance
La rue sans joie – de André Hugon avec Pierre Alcover Bécassine – de Pierre Caron avec Max Dearly |
1939 | Ils étaient neuf célibataires – de Sacha Guitry
avec André Lefaur
La famille Duraton – de Christian Stengel avec Jules Berry |
1940 | Le président Haudecœur – de Jean Dréville avec Harry Baur |
1941 | Le valet maître – de Paul Mesnier
avec Roger Karl
La maison des sept jeunes filles – de Albert Valentin avec Jean Tissier |
1942 | La grande marnière – de Jean de Marguenat
avec Fernand Ledoux
La loi du printemps – de Jacques Daniel-Norman avec Pierre Renoir Marie-Martine – de Albert Valentin avec Bernard Blier Mademoiselle Béatrice – de Max de Vaucorbeil avec André Luguet |
1943 | Le voyageur sans bagages / Le voyageur sans bagage – de Jean Anouilh
avec Pierre Fresnay
La collection Ménard – de Bernard-Roland avec Lucien Baroux |
1945 | Tant que je vivrai – de Jacques de Baroncelli
avec Ferruccio Tagliavini
On demande un ménage – de Maurice Cam avec Marcel Pérès Monsieur chasse – de Willy Rozier avec Paul Meurisse Les J3 – de Roger Richebé avec Giselle Pascale |
1946 | Gringalet – de André Berthomieu avec Charles Vanel |
1948 | Les casse-pieds / La parade du temps perdu – de Jean Dréville
avec Noël-Noël
Le furet – de Raymond Leboursier avec Jacqueline Delubac |
1949 | Dernière heure, édition spéciale – de Maurice de Canonge
avec Odette Joyeux
Éve et le serpent – de Charles-Félix Tavano avec Gaby Morlay |
1950 | Paris chante toujours ! – de Pierre Montazel avec Raymond Souplex |