![]() 1932 Mélo – de Paul Czinner avec Gaby Morlay, Victor Francen, Pierre Blanchar, Jean Bara & Maria Fromet | ![]() 1946 La maison sous la mer – de Henri Calef avec Viviane Romance, René Génin, Guy Decomble & Clément Duhour | ![]() 1946 Les chouans – de Henri Calef avec Jean Marais, Madeleine Robinson, Louis Seigner & Marcel Herrand | ![]() 1950 Pas de pitié pour les femmes – de Christian Stengel avec Simone Renant, Michel Auclair & Robert Vattier | ||
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Guy Favières, né le 1er juin 1876, à Paris, appartient à ce valeureux peloton de seconds rôles du cinéma français des années 30 et 40, que quelques ouvrages de référence, comme le merveilleux livre d’Olivier Barrot et Raymond Chirat, «Les excentriques du cinéma français», ont tenté de sauver de l’oubli. Avec sa moustache de maréchal des logis et ses sourcils broussailleux, le comédien fait un peu songer au garde-chasse d’un château de province. Mais il ne faut pas se méprendre à son air vieille France et à son affabilité un peu mielleuse. Il sait aussi faire preuve d’une autorité pète-sec, qui fait vite rentrer dans le rang subalternes et fâcheux.
Quand on évoque le souvenir de Guy Favières, on pense au si savoureux film de Jacques Becker, «Goupi Mains Rouges» (1942), qui met en scène une famille de paysans madrés, les Goupi, dont chacun est appelé par un sobriquet, qui le caractérise mieux que son véritable prénom. Ainsi, en raison de sa sévérité et d’une rigueur jamais en défaut, il a hérité du surnom de Goupi «la Loi». À Blanchette Brunoy, qui refuse d’épouser Goupi «Monsieur», venu de la ville, il rétorque, d’une voix sans réplique, qu’on «ne demande pas leur avis» aux filles quand on veut les marier. Cette poigne se double d’un maintien de gentilhomme. Une telle prestance permet à Guy Favières, qui débute au cinéma dès 1912, d’incarner des monarques, comme le roi Michel II, souverain imaginaire de Russie dans «La princesse aux clowns» (1925), de André Hugon ou une longue cohorte de notables, civils ou militaires: le maire de «Jéricho» (1945), de Henri Calef, le ministre de «Ruy-Blas» (1946), de Pierre Billon, Fouché dans «Madame Sans Gène» (1924), de Léonce Perret, ou le colonel du film «Les condamnés» (1947), de Georges Lacombe.
Mais, avec les années, la silhouette plus courbée et les joues ravinées évoquent plutôt le vieillard que, dans des apparitions souvent fugaces, croque un comédien sans doute amer de jouer des rôles si menus. On le voit ainsi en vieux mendiant dans «Monsieur Vincent» (1947), de Maurice Cloche, en grand-père dans «Les amants de Vérone» (1948), de André Cayatte ou en marinier fatigué dans «Entre onze heures et minuit» (1948), de Henri Decoin. Du vieux gâteux sourd dans «Le petit chose» (1938), d’après le roman d’Alphonse Daudet, jusqu’à l’adjoint au maire chenu de «Ni vu ni connu» (1957), de Yves Robert, en passant par le percepteur à binocles émoustillé par un crime sordide dans «Panique» (1946), de Julien Duvivier ou le président du jury myope qui, dans «Adorables créatures» (1952), veut s’approcher de la scène pour mieux voir les jambes des candidates, Guy Favières multiplie les petites vignettes savoureuses.
Cette sûreté de jeu, le comédien l’a acquise au théâtre, où il débute dès 1905. L’année suivante, il donne la réplique à la légendaire Sarah Bernhardt dans un dame de Catulle Mendès, «La vierge d’Avila». Il retrouve la grande tragédienne dans d’autres pièces, dont «Le procès de Jeanne d’Arc» (1909), d’Emile Moreau, où il campe Jean de Luxembourg, qui remit la Pucelle aux Anglais. On le voit encore dans de grands classiques, comme «Hamlet» (1920), de Shakespeare, où il incarne Polonius, le chambellan du roi de Danemark, oncle d’Hamlet, «Brand» (1928), d’Ibsen, sous la direction de Georges Pitoëff, ou encore «Caligula» (1945), d’Albert Camus, où il est l’un des confidents de l’Empereur interprété par Gérard Philipe. Guy Favières nous a quittés le 30 mars 1963.
© Jean-Pascal LHARDY

1912 | La reine Elizabeth / Les amours de la reine Elisabeth ( queen Elizabeth ) de Gaston Roudès, Louis Mercanton, & Henri Desfontaines avec Sarah Bernhardt |
1915 | CM Le lotus d’or – de Louis Mercanton avec Jean-Marie de l’Isle |
1917 | Parade de la Crois Rouge Nationale ( National Red Cross pageant ) de Christy Cabanne avec Ina Clair |
1923 | La faute des autres – de Jacques Olivier avec Mary Thay |
1924 | Madame Sans-Gène – de Léonce Perret avec Gloria Swanson |
1925 | La princesse aux clowns – de André Hugon avec Huguette Duflos |
1926 | Napoléon / Napoléon Bonaparte / Napoléon vu par Abel Gance – de Abel Gance avec Albert Dieudonné |
1927 | Fleur d’amour / Fleurette – de Marcel Vandal
avec Thérèse Kolb
L’île d’amour / Bicchi – de Jean Durand & Berthe Dagmar avec Claude France Le capitaine Fracasse – de Alberto Cavalcanti & Henry Wulschleger avec Lien Deyers |
1930 | Accusée levez-vous ! / Un crime au music-hall – de Maurice Tourneur
avec Gaby Morlay
Monsieur le Duc – de Jean de Limur avec Alice Field La lettre – de Louis Mercanton avec Marcelle Romée |
1931 | CM Le terrain pétrolifère – de André Chotin avec Paul Pauley |
1932 | Mélo – de Paul Czinner avec Victor Francen |
1933 | Les deux « monsieur » de Madame – de Abel Jacquin & Georges Pallu
avec Jeanne Cheirel
Les misérables – de Raymond Bernard avec Harry Baur Film en 3 parties 1 : Tempête sous un crâne 2 : Les Thénardier 3 : Liberté, liberté chérie Le grillon du foyer – de Robert Boudrioz avec Jeanne Boitel |
1934 | Sidonie Panache – de Henri Wulschleger avec Florelle |
1935 | La vie est à nous – de Jean Renoir, Jacques Becker, Jacques B. Brunius, Maurice Lime, Jean-
Paul Le Chanois, Henri Cartier-Bresson, André Zwoboda & Pierre Unik
avec Gaston Modot
CM Les souliers – de Maurice Cloche avec Fernand Ledoux |
1936 | Avec le sourire – de Maurice Tourneur avec Maurice Chevalier |
1937 | Le mystère du 421 / Le suicide de Zulma ( het geheim van 421 ) de Léopold Simons avec Suzanne Christy |
1938 | Le petit chose – de Maurice Cloche
avec Robert Lynen
Belle étoile – de Jacques de Baroncelli avec Michel Simon |
1939 | Nord-Atlantique – de Maurice Cloche
avec Marie Déa
Yamilé sous les cèdres – de Charles d’Espinay avec Denise Bosc |
1942 | Goupi Mains Rouges – de Jacques Becker avec Blanchette Brunoy |
1944 | Les enfants du paradis – de Marcel Carné
avec Arletty
Film en 2 parties 1 : Le boulevard du crime 2 : L’homme en blanc La fiancée des ténèbres – de Serge de Poligny avec Simone Valère |
1945 | Mission spéciale – de Maurice de Canonge
avec Jany Holt
Film en 2 parties 1 : L’espionne 2 : Réseau clandestin |
1945 | Jéricho – de Henri Calef
avec Line Noro
Le pays sans étoiles – de Georges Lacombe avec Pierre Brasseur |
1946 | Panique – de Julien Duvivier
avec Viviane Romance
Les chouans – de Henri Calef avec Madeleine Robinson La maison sous la mer – de Henri Calef avec René Génin Coïncidences – de Serge Debecque avec Denise Grey Ruy Blas – de Pierre Billon avec Jean Marais CM Monsieur Badin – de George Régnier avec Jean Tissier |
1947 | Monsieur Vincent – de Maurice Cloche
avec Pierre Fresnay
Le village perdu – de Christian Stengel avec Alfred Adam Les condamnés – de Georges Lacombe avec Yvonne Printemps Eternel conflit – de Georges Lampin avec Annabella L’aigle à deux têtes – de Jean Cocteau avec Edwige Feuillère |
1948 | D’homme à hommes – de Christian-Jaque
avec Jean-Louis Barrault
Les amants de Vérone – de André Cayatte avec Anouk Aimée Entre onze heures et minuit – de Henri Decoin avec Louis Jouvet Le point du jour – de Louis Daquin avec René Lefèvre Docteur Laënnec – de Maurice Cloche avec Jany Holt |
1949 | La souricière – de Henri Calef
avec Danielle Godet
Un certain monsieur – de Yves Ciampi avec Louis Seigner |
1950 | Pas de pitié pour les femmes – de Christian Stengel
avec Simone Renant
Sous le ciel de Paris / Sous le ciel de Paris coule la Seine – de Julien Duvivier avec Paul Frankeur Souvenirs perdus – de Christian-Jaque avec Yves Montand |
1951 | Gibier de potence – de Roger Richebé
avec Georges Marchal
Jocelyn – de Jacques de Casembroot avec Nicole Berger Trois femmes / Trois femmes, trois âmes – de André Michel avec Madeleine Barbulée Segment « Coralie » |
1952 | Adorables créatures – de Christian-Jaque
avec Martine Carol
Les dents longues – de Daniel Gélin avec Jean Chevrier Le témoin de minuit – de Dimitri Kirsanoff avec Claude May |
1953 | Madame de… – de Max Ophüls
avec Vittorio De Sica
Si Versailles m’était conté – de Sacha Guitry avec Claudette Colbert Les révoltés de Lomanach – de Richard Pottier avec Carla Del Poggio |
1954 | Le comte de Monte-Cristo – de Robert Vernay
avec Lia Amanda
Film en 2 parties 1 : La trahison 2 : La vengeance |
1955 | Marguerite de la nuit – de Claude Autant-Lara avec Michèle Morgan |
1956 | Crime et châtiment – de George Lampin avec Marina Vlady |
1957 | Ni vu, ni connu / L’affaire Blaireau / Vive Monsieur Blaireau – de Yves Robert avec Louis de Funès |
1958 | Ce corps tant désiré – de Luis Saslavsky avec Belinda Lee |
1959 | Recours en grâce – de Laszlo Benedek avec Annie Girardot |