Russ Meyer

Issu d’une famille modeste, son père est policier et sa mère infirmière, Russell Albion Meyer voit le jour le 21 mars 1922, à Oakland en Californie. Après une jeunesse passée entre des études médiocres et le tournage de quelques films en amateur, Russ Meyer part pour l’Europe et participe activement, comme photographe de guerre, au conflit qui ravage le vieux continent. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il sert dans «US Army Signal Corps» et plus précisément dans la 166ème unité photographique. Il débarque en Normandie avec la 29ème Division et certains de ses clichés seront insérés dans le film de Franklin J. Schaffner « Patton » (1970) avec George C. Scott dans le rôle-titre.

À la fin du conflit, Russ Meyer devient photographe professionnel et signe quelques-uns des premiers clichés de la revue de charme «Playboy» de Hugh Hefner. En 1950, il réalise un court métrage documentaire érotique «The French peep show», puis, il passe plusieurs années à essayer de monter un long métrage. En 1958, il dirige finalement «The immoral Mr. Teas», une œuvre très sulfureuse pour l’époque. Le film est un succès et incite Russ à persister dans cette voie et à financer lui-même ses futures productions. Dans les années soixante, il impose son style bien particulier, très kitsch, mélangeant le sexe et des scènes parfois assez violentes, interprété par des starlettes aux poitrines généreuses et aux formes avantageuses. Nous pouvons citer: «Lorna, l’incarnation du désir» (1964), «Le désir dans les tripes» (1965), «Faster, pussycat! Kill! Kill!» (1965) et «Vixen» (1968). Tous ses films sont coproduits avec Eve Meyer, une apprentie comédienne épousée en 1952 et qu’il fit tourner dans «Eve and the Handyman » en 1960. Le couple divorce en 1969.

Après le triomphe de «Vixen», Russ Meyer, que l’on surnomme le «Fellini de l’industrie du sexe» s’associe avec la Twentieth-Century-Fox pour «La vallée des plaisirs» (1969) avec Edy Williams (sa seconde épouse de 1970 à 1975) et une production plus conventionnelle «The seven minutes» (1971) avec John Carradine. Ce dernier film est un échec et Russ renoue avec l’univers des plantureuses jeunes femmes folles de sexe, aux seins de plus en plus démesurés. En 1975 c’est «Supervixens» une comédie-thriller, l’histoire de Clint Ramsey, interprété par Charles Pitts, qui quitte son travail et s’enfuit après le meurtre de sa femme par le policier psychopathe Harry Sledge (Charles Napier). Pendant sa traversée de l’Amérique, Clint devient la victime de harcèlements sexuels par plusieurs nymphomanes voluptueuses, le tout se terminant dans un climat littéralement explosif. Puis, en 1979, «Ultravixens» les aventures charnelles de la belle Laviona (Kitten Natividad) qui insatisfaite par son mari, se réfugie dans la bras de la sculpturale splendeur noire Junkyard Sal (June Mack) et d’un éboueur culturiste.

Au début des années quatre vingt, Russ Meyer s’éloigne des plateaux de cinéma et se consacre à l’écriture d’un livre de souvenirs: «A clean breast!». Il revient dans l’actualité en 1999, pour un sordide fait divers, un procès très médiatisé pour violences conjugales dont il serait la victime. Ce regain de popularité l’incite à réaliser en 2000, un documentaire vidéo sur l’actrice de cinéma pornographique Pandora Peaks. Considéré par certains comme un artiste culte et par d’autres comme un réalisateur dégénéré, Russ Meyer meurt des complications d’une pneumonie le 18 septembre 2004, à Hollywood Hills.

© Philippe PELLETIER