![]() 1936 Les deux gosses – de Fernand Rivers avec Annie Ducaux, Maurice Escande, Dorville & Rolla Norman | ![]() 1951 Une histoire d’amour – de Guy Lefranc avec Louis Jouvet, Dany Robin, Daniel Gélin & Marcel Herrand | ![]() 1952 Le rideau rouge – de André Barsacq avec Michel Simon, Pierre Brasseur, Jean Brochard & Daniel Cauchy | ![]() 1955 Le secret de sœur Angèle – de Léo Joannon avec Sophie Desmarets, Raf Vallone, Henri Arius & Jean Brochard | ||
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Son front dégarni et ses sourcils fournis donnaient à son visage, souvent barré d’une épaisse moustache, l’air d’un père tranquille ou d’un commerçant de quartier. Et il est vrai que Paul Barge, né le 6 juin 1890, à Paris, n’avait rien d’un jeune premier. Il fait partie de ce bataillon d’acteurs de second plan sans lesquels le cinéma français d’une certaine époque perdrait beaucoup de son charme. Paul Barge a une solide formation théâtrale. On le voit en effet dans de grands classiques de Molière, comme «Don Juan» (1947), ou «L’école des femmes» (1950), où il interprète, sous la direction de Louis Jouvet, le rôle d’Oronte, l’ami d’Arnolphe, protecteur jaloux de la jeune Agnès. Sa placide bonhomie fait merveille dans d’autres chefs-d’œuvre du répertoire, comme «Topaze» (1941), de Marcel Pagnol, où il croque un agent de police, ou «Knock» (1947), la célèbre pièce de Jules Romains, où il incarne le chauffeur qui conduit le docteur Knock (Jouvet) à son nouveau domicile.
Au cinéma, où sa carrière dure plus de 25 ans, Paul Barge devient vite un personnage familier. Les spectateurs ne connaissent pas toujours son nom, mais ils aiment le retrouver, sur un coin de l’écran, comme ils le feraient d’un vieil oncle de province ou d’un voisin amical. Cet air bourru et cette silhouette replète, ils les ont déjà rencontrés dans la vie: chez leur notaire peut-être ou chez l’épicier du coin. C’est bien cette aptitude à dessiner un portrait si ressemblant des protagonistes de la vie de tous les jours qui fait toute la force de Paul Barge et de tous ces «seconds couteaux» du cinéma français. Torchon sur l’épaule et mégot au coin des lèvres, il est souvent derrière son comptoir, dans «Menaces» (1940), de Edmond T. Gréville, «Pierre et Jean» (1943), de André Cayatte ou «Voyage surprise» (1947), de Pierre Prévert. On y salue d’ailleurs souvent son expertise. Ainsi, dans «Le rideau rouge» (1952), de André Barsacq, l’inspecteur joué par Jean Brochard loue la saveur de son omelette. Et lui de se rengorger: «Juste des œufs, du lard... et le tour de main!». On peut aussi le trouver dans sa loge, comme dans «La valse blanche» (1943), de Jean Stelli ou «Falbalas» (1945), de Jacques Becker. Le tablier de boucher, qu’il ceint dans «Antoine et Antoinette» (1947), convient bien à ses rondeurs. Il tient d’ailleurs boutique dans d’autres films, comme «Au bonheur des dames» (1943), de André Cayatte ou «Rencontre à Paris» (1956), de Georges Lampin. Même si l’uniforme le serre un peu, et fait ressortir ses bajoues, il campe des policiers un peu essoufflés, dans «Caprices» (1941), de Léo Joannon, ou des gendarmes bedonnants, dans «Au petit bonheur» (1946), de Marcel L’Herbier. Avec le temps, il prend du galon et endosse des habits de notable: le voilà juge d’instruction dans «Une histoire d’amour» (1951), de Guy Lefranc, avec Louis Jouvet dans son dernier rôle, ou inspecteur de police dans «La bande à papa» (1955), du même réalisateur.
Au cinéma, Paul Barge a rarement une identité, c’est seulement «un camionneur» ou «le monsieur irascible». Il a parfois droit, cependant, à des personnages un peu plus consistants, comme ce journaliste de «La ferme aux loups» (1943), de Richard Pottier, qui conseille à son rédacteur en chef (le bafouillant André Gabriello), en panne de sujets, de consacrer la une à «l’effroyable catastrophe de Limoges», ou ce M. Louis qui, dans «Cécile est morte» (1944), de Maurice Tourneur, tient une des maisons de passe que dirige, avec son énergie coutumière, une Germaine Kerjean pourtant paralytique. Trois ans après son dernier film, Paul Barge décède à Paris, le 25 janvier 1960.
© Jean-Pascal LHARDY

1931 | Un soir de rafle – de Carmine Gallone avec Annabella |
1935 | Train de plaisir – de Léo Joannon avec Marguerite Moreno |
1936 | Les deux gosses – de Fernand Rivers avec Annie Ducaux |
1937 | CM Eau vive – de Jean Epstein & Jean Benoît-Lévy avec Philippe Richard |
1938 | La goualeuse – de Fernand Rivers avec Lys Gauty |
1939 | Menaces – de Edmond T. Gréville
avec Mireille Balin
CM Renaître – de Jean Benoît-Lévy avec Paul Marthès |
1940 | Pour le maillot jaune – de Jean Stelli
avec Albert Préjean
Vingt-quatre heures de perm’ – de Maurice Cloche avec Mona Goya |
1941 | Madame Sans-Gêne – de Roger Richebé
avec Arletty
Le briseur de chaînes / Mamouret ou le briseur de chaînes – de Jacques Daniel-Norman avec Pierre Fresnay L’âge d’or – de Jean de Limur avec Elvire Popesco Caprices – de Léo Joannon avec Danielle Darrieux Les inconnus dans la maison – de Henri Decoin avec Raimu |
1942 | Romance à trois – de Roger Richebé
avec Fernand Gravey
L’assassin habite… au 21 – de Henri-Georges Clouzot avec Suzy Delair La fausse maîtresse – de André Cayatte avec Lise Delamare Le voile bleu – de Jean Stelli avec Gaby Morlay Pontcarral, colonel d’Empire – de Jean Delannoy avec Pierre Blanchar Mariage d’amour – de Henri Decoin avec François Périer |
1943 | Au bonheur des dames – de André Cayatte
avec Blanchette Brunoy
Le corbeau – de Henri-Georges Clouzot avec Micheline Francey L’escalier sans fin – de Georges Lacombe avec Madeleine Renaud Mon amour est près de toi – de Richard Pottier avec Tino Rossi La ferme aux loups – de Richard Pottier avec Martine Carol La valse blanche – de Jean Stelli avec Aimé Clariond Pierre et Jean – de André Cayatte avec Renée Saint-Cyr La rabouilleuse – de Fernand Rivers avec Suzy Prim Cécile est morte – de Maurice Tourneur avec Germaine Kerjean |
1944 | Le dernier sou / La merveille blanche – de André Cayatte
avec Ginette Leclerc
Falbalas – de Jacques Becker avec Raymond Rouleau La tentation de Barbizon – de Jean Stelli avec Simone Renant La grande meute – de Jean de Limur avec Jacqueline Porel |
1945 | Le roi des resquilleurs – de Jean Devaivre
avec Suzanne Dehelly
Au petit bonheur – de Marcel L’Herbier avec Danielle Darrieux La fille du diable / La vie d’un autre – de Henri Decoin avec Fernand Ledoux Les clandestins – de André Chotin avec Suzy Carrier |
1946 | Le bataillon du ciel – de Alexandre Esway
avec René Lefèvre
Film en 2 parties 1 : Ce ne sont pas des anges 2 : Terre de France Désarroi – de Robert-Paul Dagan avec Valentine Tessier Macadam – de Jacques Feyder & Marcel Blistène avec Paul Meurisse Martin Roumagnac – de Georges Lacombe avec Marlene Dietrich Voyage surprise – de Pierre Prévert avec Maurice Baquet L’arche de Noé – de Henri Jacques avec Pierre Brasseur Antoine et Antoinette – de Jacques Becker avec Claire Mafféi Le fugitif – de Robert Bibal avec Madeleine Robinson |
1948 | Manon – de Henri-Georges Clouzot
avec Cécile Aubry
Entre onze heures et minuit – de Henri Decoin avec Louis Jouvet Pattes blanches – de Jean Grémillon avec Arlette Thomas |
1949 | Miquette et sa mère / Miquette – de Henri-Georges Clouzot
avec Danièle Delorme
Rendez-vous de juillet – de Jacques Becker avec Nicole Courcel Plus de vacances pour le bon dieu – de Robert Vernay avec Maximilienne Véronique – de Robert Vernay avec Giselle Pascal |
1950 | L’étrange madame X – de Jean Grémillon avec Michèle Morgan |
1951 | Une histoire d’amour – de Guy Lefranc
avec Dany Robin
Casque d’or – de Jacques Becker avec Simone Signoret Elle et moi – de Guy Lefranc avec Jacqueline Gauthier |
1952 | Nous sommes tous des assassins – de André Cayatte
avec Raymond Pellegrin
Drôle de noce – de Léo Joannon avec Mary Marquet Le rideau rouge / Les rois d’une nuit / Ce soir on joue Macbeth – de André Barsacq avec Michel Simon La fête à Henriette – de Julien Duvivier avec Hildegard Knef Leur dernière nuit – de Georges Lacombe avec Jean Gabin |
1953 | La nuit est à nous – de Jean Stelli
avec Simone Renant
L’ennemi public N°1 / L’ennemi public numéro un – de Henri Verneuil avec Zsa Zsa Gabor Touchez pas au grisbi – de Jacques Becker avec Lino Ventura Les amoureux de Marianne – de Jean Stelli avec André Luguet |
1954 | Le comte de Monte-Cristo – de Robert Vernay
avec Jean Marais
Film en 2 parties 1 : La trahison 2 : La vengeance Sur le banc – de Robert Vernay avec Jane Sourza Le dossier noir – de André Cayatte avec Bernard Blier |
1955 | Les hommes en blanc – de Ralph Habib
avec Jeanne Moreau
La bande à papa – de Guy Lefranc avec Fernand Raynaud Le secret de sœur Angèle – de Léo Joannon avec Sophie Desmarets Rencontre à Paris – de Georges Lampin avec Betsy Blair |
1956 | Voici le temps des assassins – de Julien Duvivier
avec Danièle Delorme
La traversée de Paris – de Claude Autant-Lara avec Bourvil Paris Palace Hôtel – de Henri Verneuil avec Françoise Arnoul Jusqu’au dernier – de Pierre Billon avec Orane Demazis Folies-Bergères / Un soir au music-hall – de Henri Decoin avec Zizi Jeanmaire |
1957 | Les louves / Démoniaque – de Luis Saslavsky
avec Micheline Presle
Le désert de Pigalle – de Léo Joannon avec Annie Girardot |