![]() 1937 Je suis le champion du monde (spirit of youth) de Harry L. Fraser avec Joe Louis & Edna Mae Harris | ![]() 1945 Le gorille blanc (white Pongo) de Sam Newfield avec Maris Wrixon, Richard Fraser, Al Eben & Lionel Royce | ![]() 1959 Porgy & Bess – de Otto Preminger avec Sidney Poitier, Sammy Davis Jr. & Dorothy Dandridge | ![]() 1970 L’insurgé (the great white hope) de Martin Ritt avec James Earl Jones, Robert Webber & Jane alexander | ||
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Dans les marges souvent négligées de l’âge d’or d’Hollywood, le nom de Joel Fluellen s’inscrit comme celui d’un pionnier discret, mais résolument engagé. Né le 1er décembre 1907 à Monroe, en Louisiane, dans un Sud encore pétri de ségrégation, il s’élève contre les vents contraires du racisme institutionnalisé pour forger une carrière cinématographique et télévisuelle d’une rare intégrité. Issu d’une Amérique où les rôles offerts aux acteurs afro-américains sont confinés à des stéréotypes humiliants, le jeune homme refuse très tôt de se laisser enfermer dans ces carcans. Il embrasse le métier d’acteur avec une détermination qui tient autant de l’Art que de l’engagement civique. Il s’installe à Los Angeles et entame sa carrière dans les années 1930, apparaissant dans des petits rôles qui trahissaient plus souvent les limites du système que son propre talent.
Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que Joel Fluellen commence à s’imposer avec plus de visibilité, notamment dans des films comme «The Jackie Robinson Story» (1950) de Alfred E. Green, où Jackie Robinson, star de baseball joue ici son propre rôle. Joel Fluellen interprète un rôle secondaire mais mémorable, celui de Mack Robinson, le frère ainé de Jackie Robinson, athlète spécialiste des épreuves de sprint et vice-champion olympique du 200 mètres en 1936. Puis, «Un raisin au soleil» (1961) de Daniel Petrie, œuvre emblématique de la condition noire aux États-Unis. Il n’est jamais une vedette au sens hollywoodien du terme, mais il incarne quelque chose de plus rare: la dignité tranquille, la justesse émotionnelle, et un refus farouche de céder à la caricature. Parmi les films où il se fait particulièrement remarquer, citons: «La poursuite impitoyable» (1965) de Arthur Penn, auprès de Marlon Brando, Jane Fonda et Robert Redford; «L’insurgé» (1970) de Martin Ritt, avec James Earl Jones; «Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid» (1978) de Richard Lester, son dernier rôle au cinéma. Mais malgré tout, il accepte parfois des rôles subalternes peu reluisants d’autochtones, domestiques, serveurs, porteurs, etc.
Joel Fluellen n’est pas seulement acteur, il est aussi militant. Membre actif de la «NAACP», (La National Association for the Advancement of Colored People), que l’on peut traduire en français par «Association nationale pour la promotion des personnes de couleur», il lutte pour de meilleures représentations des Noirs au cinéma et reste l’un des premiers à interpeller le «Screen Actors Guild» sur la discrimination raciale dans les castings et sur les plateaux. En 1961, il reçoit un prix de la NAACP pour sa contribution à la lutte contre les stéréotypes raciaux à Hollywood. La trajectoire de Joel Fluellen s’apparente à celle d’un homme qui, sans jamais crier, changea le cours des choses à force de persistance. Il poursuivit son travail d’acteur jusqu’aux années 1970, apparaissant dès le milieu des années dans productions télévisées comme «Les aventures de Jim Bowie» (1956), «Sam Benedict» (1962), «Perry Mason» (1964), «Les mystères de l’Ouest» (1965), «Les envahisseurs» (1967/68), «Racine 2» (1979).
Le 2 février 1990, en proie à la maladie, Joel Fluellen s’est suicidé par arme à feu, chez lui à Los Angeles. Il avait 82 ans. Il laisse derrière lui une filmographie conséquente et immense en symboles. En revisitant la carrière de Joel Fluellen, on ne peut s’empêcher de voir en lui un homme qui, sans révolutionner le cinéma, lui a offert un sursaut de conscience, une lueur dans l’ombre.
© Philippe PELLETIER

1936 | Dark Manhattan – de Harry L. Fraser avec Ralph Cooper |
1937 | Je suis le champion du monde / La vie de Joe Louis ( spirit of youth ) de Harry L. Fraser avec Joe Louis |
1938 | La Vénus de bronze ( the duke is tops / the bronze Venus ) de William L. Nolte avec Lena Horne |
1939 | La blonde de la jungle ( Congo Maisie ) de H.C. Potter avec Ann Sothern |
1940 | While thousands cheer / Crooked money / Gridiron graft – de Leo C. Popkin
avec Kenny Washington
La belle ensorceleuse ( the flame of New Orleans ) de René Clair avec Marlene Dietrich |
1941 | Mr. Washington goes to town – de Jed Buell avec Mantan Moreland |
1942 | Au cœur du Far West / Les voleurs de bétail ( heart of the golden West ) de Joseph Kane
avec Roy Rogers
Trinidad cocktail ( happy go lucky ) de Curtis Bernhardt avec Mary Martin Un petit coin aux cieux ( cabin in the sky ) de Vincente Minnelli avec Ethel Waters |
1943 | Deux nigauds dans la neige / Brisons la glace ( hit the ice / oh doctor ) de Charles Lamont
avec Bud Abbott
Mademoiselle ma femme ( I doot it / by hook or by crook ) de Vincente Minnelli avec Eleanor Powell DA Package for Jasper – de George Pal Seulement voix |
1944 | La reine de la jungle ( jungle queen / jungle safari ) de Lewis D. Collins & Ray Taylor
avec Lois Collier
Sérial en 13 épisodes 1 : Invitation to danger 2 : Jungle sacrifice 3 : The flaming mountain 4 : Wildcat stampede 5 : The burning jungle 6 : Danger ship 7 : Trip-wire murder 8 : The Mortar bomb 9 : Death watch 10 : Execution chamber 11 : The trail of doom 12 : Dragged under 13 : The secret of the sword ! |
1945 | Une femme douteuse / Club de nuit ( Shady Lady ) de George Waggner
avec Martha O’Driscoll
Le gorille blanc / Pongo, terreur de la jungle ( white Pongo ) de Sam Newfield avec Maris Wrixon Notre cher amour ( this love of ours ) de William Dieterle avec Merle Oberon CM The negro sailor – de Henry Levin avec Spencer Williams |
1946 | Sans réserve / Billet pour Hollywood ( without reservations / thanks god, I’ll take it from
here ) de Mervyn LeRoy
avec John Wayne
Two guys from Milwaukee / Royal flush – de David Butler avec Joan Leslie |
1947 | Le Ku Klux Klan démasqué ( the burning cross ) de Walter Colmes avec Virginia Patton |
1948 | Ma femme et ses enfants ( family Honeymoon ) de Claude Binyon
avec Claudette Colbert
Le numéro fatal / L’enfer de la corruption ( force of evil / the numbers racket / the story of Tucker’s people / Tucker’s people ) de Abraham Polonsky avec John Garfield No time for romance – de Corney Cook avec Eunice Wilson Sun Tan Ranch – de ? avec Bill Walker L’étranger dans la cité ( walk softly, stranger ) de Robert Stevenson avec Alida Valli |
1949 | Monsieur Joe ( mighty Joe Young / Mr. Joseph Young of Africa ) de Ernest B. Schoedsack
avec Terry Moore
La corde de sable ( rope of sand ) de William Dieterle avec Burt Lancaster La fille du boucanier ( buccaneer’s girl ) de Frederick De Cordova avec Yvonne De Carlo |
1950 | The Jackie Robinson story – de Alfred E. Green
avec Jackie Robinson
Gentleman cambrioleur ( the great jewel robber ) de Peter Godfrey avec Marjorie Reynolds Les dégourdis de la marine / La marine est dans le lac / Jimmy s’en va-t-en guerre (you’re in the navy now ! / U.S.S. Teakettle ) de Henry Hathaway avec Gary Cooper Fini de rire / La femme qu’il attendait ( his kind of woman ) de John Farrow avec Jane Russell Tarzan en péril / Tarzan et la reine de la jungle ( Tarzan’s peril / jungle queen / Tarzan and the jungle queen / Tarzan’s mate in peril ) de Phil Brandon & Byron Haskin avec Lex Barker |
1952 | Lydia Bailey / Les révoltés d’Haïti ( Lydia Bailey ) de Jean Negulesco
avec Anne Francis
L’affaire de Trinidad ( affair in Trinidad ) de Vincent Sherman avec Rita Hayworth Tam-Tam dans la jungle ( jungle drums of Africa ) de Fred C. Brannon avec Phyllis Coates Sérial en 12 épisodes – Seulement 1 épisode 4 : Voodoo veangeance Perils of the jungle – de George Blair avec Phyllis Coates |
1953 | Le voleur de minuit ( the moonlighter ) de Roy Rowland
avec Barbara Stanwyck
Complot dans la jungle ( the royal american rifles / storm over Africa ) de Lesley Selander avec Veronica Hurst Duffy of San Quentin / Men behind bars – de Walter Doniger avec Joanne Dru Les révoltés de la cellule 11 ( riot in cell block 11 ) de Don Siegel avec Neville Brand La déesse blanche ( white goddess ) de Wallace Fox avec Jon Hall |
1954 | Jungle gents – de Edward Bernds
avec Huntz Hall
Sitting Bull – de Sidney Salkow avec Dale Robertson Sept hommes en colère ( seven angry men / god’s angry men ) de Charles Marquis Warren avec Debra Paget |
1955 | Bomba, le seigneur de la jungle ( lord of the jungle ) de Ford Beebe
avec Johnny Sheffield
Une femme en enfer ( I’ll cry tomorrow ) de Daniel Mann avec Susan Hayward |
1956 | La loi du seigneur ( friendly persuasion ) de William Wyler
avec Anthony Perkins
Le sexe opposé ( the opposite sex ) de David Miller avec June Allyson |
1957 | Ma femme a des complexes / Eve cette inconnue ( oh men ! oh women ! ) de Nunnally
Johnson avec Ginger Rogers
Le monstre de l’enfer vert ( monster from green hell ) de Kenneth G. Crane avec Jim Davis La cage aux hommes ( house of numbers ) de Russell Rouse avec Jack Palance |
1958 | L’odyssée du sous-marin Nerka ( run silent run deep ) de Robert Wise
avec Clark Gable
La vengeance des mutins / Terreur en mer ( the decks ran red ) de Andrew L. Stone avec Dorothy Dandridge |
1959 | Porgy & Bess – de Otto Preminger
avec Sidney Poitier
Mirage de la vie ( imitation of life ) de Douglas Sirk avec Lana Turner |
1961 | Un raisin au soleil ( a raisin in the sun ) de Daniel Petrie
avec Claudia McNeil
Le temps du châtiment ( the young savages ) de John Frankenheimer avec Shelley Winters |
1963 | La valse de colts ( he rides tall ) de R.G. Springsteen avec Dan Duryea |
1964 | Prête-moi ton mari / Ce sacré Sam ( good neighbor Sam ) de David Swift
avec Romy Schneider
L’homme à tout faire ( roustabout ) de John Rich avec Elvis Presley |
1965 | La poursuite impitoyable ( the chase ) de Arthur Penn avec Marlon Brando |
1966 | Pendez les haut et court ( hang’em high ) de Ted Post avec Clint Eastwood |
1967 | Who’s minding the mint ? – de Howard Morris avec Dorothy Provine |
1968 | Point noir ( up tight ! ) de Jules Dassin
avec Ruby Dee
Les sentiers de la violence ( the learning tree ) de Gordon Parks avec Kyle Johnson |
1970 | L’insurgé ( the great white hope ) de Martin Ritt avec James Earl Jones |
1971 | Skin game – de Paul Bogart avec Louis Gossett Jr. |
1972 | Ace Eli and Rodger of the skies – de John Erman avec Rosemary Murphy |
1973 | Thomasine & Bushrod – de Gordon Parks Jr. avec Vonetta McGee |
1974 | L’île du maître / Moi, Vendredi ( man Friday ) de Jack Gold avec Richard Roundtree |
1975 | Bingo ( the Bingo long travelling all-stars and Motor Kings ) de John Badham avec Richard Pryor |
1977 | Casey’s shadow – de Martin Ritt avec Alexis Smith |
1978 | Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid ( Butch Cassidy and the Sundance Kid : The early days ) de Richard Lester avec Tom Berenger |
1986 | CM Day of the crow’s call – de S. Torriano Berry
Seulement apparition |