Marie Prevost

Mary Bickford Dunn naît en Ontario le 8 Novembre 1896. Si elle naît dans la petite ville de Sarnia, sa famille émigre vers les Etats-Unis et Mary grandit à Denver avant d’atterrir à Los Angeles. Elle est alors une très belle jeune fille et ayant appris que le créateur des «Bathing Beauties», Mack Sennett est canadien comme elle, Mary lui envoie une lettre avec comme il se doit sa photo. Ces aimables années dix sont bien plus simples qu’aujourd’hui, Sennett convoque la belle, lui octroie le pseudonyme francisant de Marie Prevost, la glisse dans un maillot et l’envoie rejoindre les autres «Bathing Beauties» à la plage dont Mabel Normand est leur reine. Bientôt Gloria Swanson rejoindra la joyeuse troupe. Malgré le succès des «bathing» pour la compagnie de Sennett, les belles finissent par reprendre leur liberté professionnelle, Gloria chez Paramount, Marie chez Universal.

Même si elle fait toujours office d’affolant «petit-pousse-au-crime» dans les films qu’elle tourne pour Universal, l’étoile de Marie Prevost est incontestablement sur la pente ascendante. La Warner la débauche pour la fortune colossale que représente alors mille cinq cents dollars par semaine. Ernst Lubitsch se souviendra toujours de son jeu retenu très en avance sur son époque. Le public aime le couple qu’elle forme avec Kenneth Harlan dans «La bourrasque» et «The married flapper» en 1922. Sa carrière ne fait que progresser jusqu’en 1926, année où sa chère maman se tue en voiture. Ce décès brutal la plonge dans un désarroi total, elle sombre irrémédiablement dans l’alcool, la boulimie et la dépression, en quelques mois elle ne fut plus rien de la sensuelle créature que le monde admirait, restant seule des journées entières, vidant des bouteilles et se répandant en torrents de larmes. Parfois tentant de se reprendre en main, elle traverse alors des phases d’anorexie. Kenneth Harlan qu’elle avait fini par épouser jette l’éponge en 1927.

Howard Hugues aime déjà guetter ses proies féminines en attendant son heure, il fond littéralement sur Marie Prevost et l’impose dans «The racket» de Lewis Milestone en 1928. Marie se bat contres ses angoisses et ses démons, le public la retrouve telle qu’il l’aimait, les heures sombres semblent derrière elle, mais Howard Hugues se lasse d’elle et la congédie littéralement. Après l’avoir sauvée d’une spirale infernale, Hugues l’y rejette irrémédiablement. Marie Prevost sombre, l’avènement du parlant anéantit les derniers espoirs qu’il lui restent les jours où elle n’est pas trop ivre pour se souvenir qu’elle est une actrice d’Hollywood. Joan Crawford, qui est une fan inconditionnelle et sait se montrer généreuse, impose Marie sur le tournage de son film «Il faut payer» (1930) mais elle est déjà méconnaissable.

Parfois, en vue d’honorer les modestes petits rôles qu’on lui offre par charité, elle s’afflige une diète sévère, refusant toute nourriture et continuant à boire pour tenir. Le 23 Janvier 1937, le corps sans vie de Marie Prevost est retrouvé dans un hôtel d’Hollywood, un chasseur finit par pousser la porte de sa chambre à cause des incessants aboiements de Maxie, le teckel de la star déchue. Lorsqu’on la découvre, elle a cessé de vivre depuis deux jours et son chien lui a mordu les jambes pour tenter de la réveiller. Joan Crawford prit en charge ses funérailles, ses derniers amis Clark Gable, Barbara Stanwyck et Wallace Beery l’escortèrent jusqu’au crématorium du Hollywood Memorial Cemetery.

© Céline COLASSIN