Jean-Jacques Beineix

Né le 8 octobre 1946 à Paris, Jean-Jacques Beineix est élève dans des lycées parisiens Carnot et Condorcet. Après l’obtention de son baccalauréat, il se lance dans des études de médecine qu’il abandonne après les évènements de Mai 68. Il échoue au concours d’entrée de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) devenu par la suite La Fémis. Stagiaire sur «Le cinéma de papa» (1970) de Claude Berri, il commence une carrière d’assistant réalisateur avec Gérard Brach, René Clément ou Nadine Trintignant ainsi que sur la série «Les Saintes Chéries» pour la télévision. À plusieurs reprises, il collabore avec Claude Zidi avec des comédies populaires comme «La course à l’échalote» (1974), «L’aile ou la cuisse» (1976) ou «L’animal»» (1977).

En 1977, Jean-Jacques Beineix se lance dans la réalisation de son premier court-métrage «Le chien de monsieur Michel» (1977) où Yves Afonso interprète un quidam maître d’un chien imaginaire. En 1980, il passe à la réalisation de son premier long-métrage «Diva» adapté du roman homonyme de Daniel Odier, signé sous le pseudonyme de Delacorta. Marqué par la musique de Vladimir Cosma, ce film policier musical suit un jeune postier fasciné par une célèbre diva qui n’a jamais consenti à faire enregistrer sa voix, incarnés respectivement par Frédéric Andreï et Wilhelmenia Wiggins Fernandez. Méprisé par la critique, le film fait une modeste carrière en salle avant de décrocher quatre César dont celui de la première œuvre, ce qui lui permet d’atteindre près de 2 millions d’entrées. Impressionnée par son premier film, la productrice Lise Fayolle entreprend de collaborer avec Jean-Jacques Beineix qui veut adapter le roman noir «La lune dans le caniveau» (1982) de David Goodis. Gérard Depardieu personnifie un docker obsédé par la recherche de l’homme qui viola sa sœur. Au cours de sa recherche, il tombe amoureux de Loretta au point d’oublier sa maîtresse Bella, des rôles incarnés respectivement par Nastassja Kinski et Victoria Abril. Tourné dans les studios mythiques de Cinecittà avec un budget conséquent, de vives tensions se produisent entre le réalisateur et l’interprète principal tandis que le film, mal accueilli au Festival de Cannes en 1983, est un échec commercial.

Afin de préserver son indépendance artistique, Jean-Jacques Beineix crée sa propre société de production: Cargo Films. Il se lance dans l’adaptation de «37°2 le matin» (1985) de Philippe Djian qui évoque une histoire d’amour passionnée entre Zorg et Betty. Ecrit pour Gérard Lanvin et Valérie Kaprisky, les rôles sont finalement attribués à Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle découverte par Dominique Besnehard. Devenu culte, le film est le plus grand succès du réalisateur avec 3,6 millions d’entrées. Ses deux films suivants sont des échecs «Roselyne et les lions» (1988) avec Isabelle Pasco et «IP5» (1991) entaché par le décès de Yves Montand sur le tournage. Affecté par les circonstances, il s’éloigne des plateaux. Refusant des propositions d’Hollywood, il s’oriente vers la réalisation et la production de documentaires. Après neuf ans d’absence, il retrouve Jean-Hugues Anglade pour «Mortel transfert» (2000), échec critique et commercial qui l’endette fortement. En vain, il tente de monter plusieurs projets dont «Au revoir là-haut» de Pierre Lemaitre. Puis, il assure la mise en scène de «Kiki de Montparnasse» (2015) au théâtre et publie son premier roman «Toboggan» (2020). Âgé de 75 ans, Jean-Jacques Beineix décède à son domicile parisien le 13 janvier 2022 des suites d’une longue maladie.

© Olivier SINQSOUS