Jacobin Yarro

Fils de Yarro Fo Lapnet Jacob, chef de la localité de Bansoa en pays Bamiléké et de son épouse Kengni Than, Jacobin Yarro naît le 13 novembre 1952, à Dschang, ville historique du Cameroun alors sous l’administration française. Après une scolarité dans diverses contrées de l’Ouest et du Littoral du Cameroun, il étudie la langue et la littérature française à l’Université de Yaoundé et en sort diplômé. Au milieu des années 70, il s’intéresse au théâtre en faisant des sketches à l’école. Comme il n’existe alors aucune formation professionnelle de comédien au Cameroun, il doit apprendre seul. En 1988, il s’envole pour le Canada. Son séjour au Québec lui donne l’occasion de participer à un stage au Conservatoire d’Art Dramatiques de Montréal. Jusqu’en 1994 il est aussi technicien assistant social du ministère des affaires sociales Camerounaises.

Pendant plus de 50 ans, Jacobin Yarro va mener une carrière théâtrale exemplaire, participant en qualité de comédien ou de metteur en scène à une cinquantaine de pièces. Il est l’interprète de grands auteurs Camerounais ou Africains, tels que Bidoung Mkpatt pour «Les parasites» (1983), «Les charognard» (1984), «La marche en avant» (2010), Guy Menga «La marmite de Koka-Mbala» (2001), Samuel-Martin Eno Belinga «L’homme bleu» (2005), ou encore le poète brésilien Ariano Suasuna pour «Le testament du chien» (2014). On le voit dans des œuvres de Shakespeare «Roméo et Juliette» (2002), Eugène Ionesco «Le roi se meurt» (2006), Albert Camus «La chute» (2013), dont il assure la mise en scène; et Goethe pour «Les souffrances du jeune Werther» (2019). Il apparaît également dans l’opéra de Mozart «Les noces de Figaro» en 2004 et dans la comédie musicale de Philippe Chatel «Emilie Jolie» en 2007.

Après une figuration en chef tribal dans le «Greystoke» de Hugh Hudson en 1982, Jacobin Yarro décroche un petit rôle dans le film canadien «Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer» en 1988, auprès de Isaac De Bankolé et Maka Kotto. Il côtoie Jacques Dutronc et Sotigui Kouyaté dans «Le maître des éléphants» (1994) de Patrick Grandperret et tourne dans une vingtaine de longs et courts métrages en Afrique, comme «Inside bottle» (2011) de Bouna Guazong, «139... Les derniers prédateurs» (2012) de Richard Djif, «W.A.K.A.» (2012) de Françoise Elong, «Touni Bush» (2013) de Pascaline Ntema, «Ombre du passé» (2018) de Alain Tenzon ou «Sans jugement» (2021) de Gabi Ruben Ngounou. Jacobin Yarro accède à la notoriété auprès du grand public grâce à la télévision, en jouant dans des séries très populaires dans son pays mais aussi dans plusieurs pays d’Afrique francophone comme «Au cœur de l’amour» (2011), «Au nom de la loi» (2013) de Dominique Biyina, «Capitales africaines: Yaoundé» (2017) de Jean Noël Bah et «Pouvoirs et loi» (2022).

Jacobin Yarro fonde tour à tour, le Collectif des Créateurs d’Arts Dramatiques (COCRAD) avec lequel il a réalisé la majorité de ses mises en scène, puis la «Cameroon Acting School», un institut de formation au métier de comédien. En 2016, il est le premier metteur en scène à être élevé au grade de Chevalier de l’Ordre National de la Valeur par le Cameroun. Alors qu’il vient de terminer la série «Samba 3», il décède le 17 décembre 2023 à Yaoundé. Marié avec Marie Noël Donfack, il était le père de quatre enfants: Billy, Ludovic, Edwin, Rajiv, et quatre petits-enfants: Enzo, Leona, Liel et Kimora.

© Philippe PELLETIER – Remerciements à Billy YARRO, son fils.