Gene Hackman

La prolifique carrière de Gene Hackman regorge de films culte, laissant une empreinte peu égalée dans l’histoire du cinéma américain. Eugene Allen Hackman naît le 30 janvier 1930 à San Bernardino en Californie, au sein d’une famille modeste. Il a 13 ans, et son frère Richard 1 an, lorsque son père abandonne la famille. Un choc. «Il m’a juste fait un signe de la main alors que je jouais dans la rue, et il a disparu pour toujours». Adolescent solitaire et timide, Gene ment sur son âge et s’engage à 16 ans dans les Marines qu’il quitte en 1951 pour de brèves études de journalisme. Fasciné par Marlon Brando, il se tourne vers le métier d’acteur et s’inscrit dans une prestigieuse école californienne. Il y fait la connaissance de Dustin Hoffman, avec lequel il noue une longue amitié.

Ses piètres débuts laissent-ils présager qu’il est «peu apte au succès», comme le suggèrent ses professeurs? Le film de Arthur Penn «Bonnie and Clyde» (1967) va prouver le contraire. Entre le gangster Clyde, alias Warren Beatty, dont il joue le frère, et sa compagne Bonnie, incarnée par Faye Dunaway, Gene Hackman livre une époustouflante composition. Par chance, sa percée à Hollywood coïncide avec une nouvelle génération d’acteurs moins recherchés pour leur physique que pour leur aptitude à incarner des êtres complexes, fragiles ou peu sympathiques, auxquels les Américains peuvent s’identifier et dans lesquels Gene Hackman se coule aisément.

Acharné à décrocher le rôle principal de Jimmy Popeye Doyle dans le film policier de William Friedkin «French connection» (1971), Gene Hackman triomphe en interprétant un implacable et cynique flic new-yorkais, lancé à la poursuite de trafiquants de drogue. Une performance couronnée de l’Oscar du meilleur acteur et un tremplin vers une carrière jalonnée d’œuvres fortes, avec, dès l’année suivante, le succès mondial du film catastrophe de Ronald Neame, «L’aventure du Poséidon» (1972), dans lequel l’acteur joue un prêtre qui se sacrifie pour sauver des passagers rescapés du naufrage d’un paquebot de croisière. Autre coup d’éclat, «Conversation secrète» (1973), thriller d’espionnage multirécompensé de Francis Ford Coppola, grime un Gene Hackman méconnaissable en expert en filature, ombrageux et frôlant la paranoïa au cours de sa mission. Non dénué d’humour, en 1977, l’acteur accepte d’endosser le costume de l’ennemi juré de «Superman», Lex Luthor, dans trois volets consacrés à cette fiction, alors même qu’il pense commettre un suicide professionnel. Erreur! Films et rôles puissants s’enchaînent. En shérif brutal et pervers dans le fameux western de Clint Eastwood, «Impitoyable» (1991), il obtient nombre de lauriers, dont son deuxième Oscar, catégorie meilleur second rôle masculin. Savoureux sénateur, conservateur et homophobe, dans «The birdcage» (1995) de Mike Nichols, reprise de la comédie française «La cage aux folles», c’est en chef de famille fantasque, égoïste et infidèle que l’acteur tourne l’ultime chef-d’œuvre de son glorieux parcours, «La famille Tenenbaum» (2001) de Wes Anderson.

Se détournant du cinéma, Gene Hackman se consacre à l’écriture. Le 26 février 2025, lui et sa deuxième épouse, tous deux malades, sont retrouvés morts dans leur maison de Santa Fe au Nouveau Mexique. Une triste fin pour ce géant du 7ème Art, père de 3 enfants, qui disait: «Il y a un peu de moi dans tous les rôles que j’ai joués. Trouver ce petit quelque chose, le développer, c’est ça l’art du comédien.»

© Isabelle MICHEL